Tuesday, April 23, 2024
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TRUMP, L’HOMME ET SON IMAGE

  

    

 

 

 

 

 

Y-A-T-IL UNE MÉTHODE TRUMP ?

                                                David Bensoussan     

                                                            La Press, 11 mars, 2017

 

          

Par le passé, les présidents ont eu une politique claire. Démocrates et républicains se différenciaient par l’importance qu’ils allaient donner ou non aux services étatiques. La politique extérieure vacillait entre isolationnisme et interventionnisme. Le message présidentiel trouvait une certaine cohérence dans sa forme et sa teneur.

 

Aujourd’hui, le message populiste est d’une simplicité remarquable, se résumant à « l’Amérique en premier. » Mais en parallèle, l’Amérique a droit à une ondée d’allégations infondées et de menaces de mise en examen pour exiger de démontrer qu’elles ne sont pas véridiques. Des déclarations soufflent le chaud et le froid en matière de politique extérieure…

 

Les États-Uniens et l’ensemble de la planète se demandent à qui ils ont à faire tant les frasques politiquement incorrectes du président Trump déroutent. Peut-on déceler un fil conducteur en matière de politique extérieure qui puisse révéler une méthode derrière l’apparence erratique de la politique « trumpiste » ?

 

Ce qui ressort en premier lieu est une technique de good cop bad cop : Trump se plaint que l’OTAN est désuète, mais au quartier général de l’OTAN à Bruxelles, le vice-président Mike Pence soutient fermement l’Alliance atlantique, souhaitant que les pays membres contribuent plus substantiellement à leur défense… Quelques jours plus tard, l’Allemagne a annoncé la conscription de 20 000 soldats supplémentaires à son armée et probablement que son exemple sera suivi par d’autres pays.

 

Trump a dénoncé l’expansion chinoise en mer de Chine et a fait état de la distinction entre Chine nationaliste et Chine communiste. Il s’est entretenu avec la présidente taiwanaise Tsai Ing-wen et a reçu en grande amitié le premier ministre japonais Shinzō Abe. Toutefois, lors de son entretien avec le président chinois Xi Jinping, il n’a pas remis en question l’unité de la Chine. Par le passé, les nombreuses demandes faites à la Chine pour contenir la Corée du Nord étaient restées sans réponse. Pour la première fois dans l’histoire, la Chine a pris des mesures concrètes contre la Corée du Nord en cessant l’importation de charbon qui constitue plus d’un tiers des exportations nord-coréennes.

 

En recevant le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, Trump a déclaré ne pas se limiter à une solution de deux États. En même temps, il a demandé publiquement de ne pas ajouter de nouvelles implantations et il est fort probable qu’il sera entendu. Le message aux Palestiniens est clair. Le rejectionnisme dont ils ont fait preuve avec l’encouragement de nombreux pays et l’appui d’un plus grand nombre encore ne paiera pas. En d’autres mots, un État ne leur sera pas offert sur un plateau d’argent s’ils ne font pas d’efforts pour la paix.

 

Enfin, malgré les déclarations de Trump visant à améliorer les relations avec la Russie, le secrétaire à la Défense James Mattis a présenté ce pays comme une menace. L’ambassadrice américaine aux Nations unies Nikki Haley a confirmé que les sanctions contre la Russie seront maintenues tant que la Russie continuera d’occuper l’Ukraine. Des troupes américaines protègent ostensiblement les forces rebelles et kurdes à Menjib en Syrie, ville que les Russes s’apprêtaient à occuper ; une rencontre de coordination de hauts gradés turcs, russes et américains s’est tenue à Antalya en Turquie. Pour la première fois, l’aviation russe a bombardé le groupe armé État islamique alors que jusqu’ici, elle bombardait principalement les rebelles soutenus par l’Occident.

 

Trump a remis en question le libéralisme économique en retirant les États-Unis du Partenariat transpacifique et en critiquant l’Accord de libre-échange nord-américain. Il s’est prononcé en faveur d’accords bilatéraux, à commencer avec le Japon et l’Angleterre. En menaçant de taxer les importations du Mexique, il a freiné le déménagement d’usines vers ce pays. Comment faire du sens du cocktail de l’imprévisible Trump et des officiels conservateurs et prudents desquels il s’est entouré ?

 

Trump est issu du milieu des affaires. Il négocie très dur et obtient des résultats. Son individualisme qui lui a réussi en affaires va contre l’étiquette présidentielle traditionnelle et contre toute pratique diplomatique dans les relations internationales. Mais les choses, certaines choses à tout le moins, bougent malgré tout…

 

 

 

DONALD TRUMP : CHRONIQUE D'UN LYNCHAGE

MÉDIATIQUE, INTELLECTUEL ET ARTISTIQUE

Gilles William Goldnadel

Le Figaro, jan. 23, 2017

 

 

 

Cet article est écrit d'abord pour prendre date: avant d'avoir commis le moindre acte présidentiel condamnable, le 45e président des États-Unis d'Amérique aura été condamné à l'avance par ceux qui disent haïr les préjugés.

 

Quels que soient les succès et les échecs à venir, l'honnêteté commande d'acter que la planche du premier américain, traité comme le dernier, aura été savonnée comme jamais celle d'un président élu ne l'avait été, quand bien même aurait-il été minoritaire en voix, ce qui est loin d'être un précédent dans ce mode de scrutin .

 

Il ne s'agit pas seulement d'un procès d'intention à grand spectacle, mais plus profondément d'une contestation de la légitimité même du président élu. Et pas seulement aux États-Unis, ainsi, sur la radio de service public française, dès le vendredi matin, l'invitée de la matinale de France inter, Sylvie Laurent, historienne écrivant notamment dans Libération, questionnait à voix haute cette légitimité.

 

Pour expliquer l'absence de tout intellectuel à l'antenne favorable à Donald Trump, Patrick Cohen expliqua ingénument qu'il n'en connaissait pas…

 

Le ton avait été donné par la même station la semaine précédente, où la préposée à la revue de presse puisait dans un blog semi-confidentiel des éléments invérifiables qui laissaient à penser que le président élu était un fervent adepte de l'ondinisme. «L'humoriste» Sofia Aram ne resta pas évidemment longtemps en reste.

 

Les mêmes médias qui couvrent de fange la fâcheuse sphère et les fake nauséabonds d'Internet n'hésitaient pas à pratiquer la coprophagie médiatique, comme si, pour contester la légitimité du président impie, les pires moyens devenaient légitimes, dans la grande tradition géométrique et variable de la gauche morale.

 

Précisons d'abord les termes du débat: on peut, comme l'auteur de ces lignes, ne pas apprécier le style, les propos, la mentalité du président américain, qui se caractérisent, pour l'écrire simplement, par la vulgarité. Pour autant, il n'est pas interdit et il s'imposerait même d'éprouver un sentiment de révolte contre la contestation de nature fascisante du verdict des urnes et la forme de celle-ci, qui a l'apparence d'un début de guerre civile.

 

Cette guerre civile est déclarée entre le monde virtuel d'Hollywood et le monde réel des ouvriers et des classes moyennes qui ont remis le pouvoir à Donald Trump. Nul n'en connaît encore l'issue. Nul n'est capable de dire qui l'emportera entre les hérauts de la poésie politique et le nouvel héros du réalisme brut.

 

Mais à l'aube de cette guerre sans merci, l'honnêteté intellectuelle et morale commande d'écrire que ce sont les soi-disant antifascistes qui l'ont déclarée, et avec des méthodes fascisantes qui donnent la nausée.

 

C'est ainsi que Jennifer Holliday, chanteuse noire de renom, est venue expliquer à la télévision pour quelles raisons, après avoir accepté, elle avait finalement refusé de chanter pour l'investiture du président. Elle avait pensé qu'il s'agirait d'un moment d'unité mais «n'avait pas réalisé que les gens n'avaient pas accepté le résultat de l'élection».

 

Le lendemain de l'annonce de son acceptation, Jennifer découvrait des milliers de tweets vengeurs la traitant de «traître à sa race», et de «négresse». «J'ai reçu des menaces de mort, des appels à me suicider, c'était horrible». Holliday a été triste de constater que beaucoup de ces messages venaient de sa communauté noire, notamment de l'organisation radicale Black Lives Matter, celle-là même avec laquelle le président Obama s'était rapproché dans les derniers moments de son mandat.

À Georgetown, la professeur April Sizemore-Barber a été jusqu'à accorder des bons points académiques aux élèves qui assistaient à une formation anti-Trump destinée «à semer les graines de la libération».

 

Une autre enseignante a harcelé sa consoeur musulmane, Asra Nomani, qui avait avoué publiquement avoir voté Trump: «Je vous ai proscrit de la race humaine depuis que votre vote a aidé à normaliser les nazis».

 

Dans cette même veine anti-nazie, digne de la pensée d'un Peillon ou d'un Mélenchon, on manifeste dans les campus contre l'arrivée d'Hitler en Amérique. Dans son excellent article du Figaro daté du 20 janvier, Laure Mandeville décrit ces militants noirs du Parti Communiste révolutionnaire criant: «Ne voyez-vous pas que Trump fera aux musulman ce que Hitler a fait aux juifs!».

 

Heureusement que la fâcheuse sphère était là, la nuit de l'intronisation, pour montrer les actes de ces curieux antifascistes que les télévisions ont soigneusement dissimulés. Les drapeaux américains brûlés, les «féministes» voilées, ou encore Richard Spencer, un orateur pro-Trump de «White Lives Matter», sauvagement frappé pendant son interview télévisée par un antifa encagoulé qui s'enfuit impunément dans la nuit.

 

Mon imagination est impuissante pour décrire les commentaires médiatiques dans l'improbable hypothèse ou des journaux, des artistes, où des manifestants violents avaient contesté dès le premier jour l'élection de Barack Obama. S'ils avaient brandi des affiches le caricaturant en assassin ou en violeur. Pas la peine de faire un dessin. D'une certaine manière, on retrouve dans l'après élection, une bonne partie des raisons du succès du détesté de la presse convenue.

 

Son excentricité et ses excès répondent aux excès et aux extravagances du prétendu camp du bien . Les excès de la victimisation des minorités raciales et sexuelles. Les excès de l'immigration clandestine. Les excès de la xénophilie. L'imposition des toilettes neutres pour transsexuels. La culpabilisation systématique de la police. La crainte révérencieuse de l'islam radical. Le féminisme limité exclusivement à la détestation du mâle hétérosexuel blanc et qui ferme les yeux sur le sort des femmes d'Orient. Excédé des excès criminels des faux gentils, une bonne partie du peuple américain aura préféré s'en remettre désormais aux débordements d'un faux méchant.

 

Et dans ce sentiment de révolte qu'inspire ou que devrait inspirer à tout démocrate, fût-il hostile au mirobolant républicain, le lynchage médiatique et artistique qui lui est réservé, dans ce réflexe d'empathie naturelle envers le lapidé , qui sait si ne se niche pas non plus l'intuition que derrière la contestation furieuse de la légitimité d'un individu, se dissimule la contestation sournoise de la légitimité de l'homme occidental qui ne veut pas mourir.

 

 

 

OTAN: COUP DE SEMONCE DES ÉTATS-UNIS

Jean-Claude Allard

Causeur, 2 mars, 2017

 

 

D’invitation à faire quelque chose, le mot semonce a changé de sens, jusqu’à désigner une mise en garde ferme. Un glissement sémantique qui se retrouve dans les rapports États-Unis – Europe au sein de l’OTAN.

 

Alors qu’il était seulement candidat, le président américain a tout au long de l’année 2016, multiplié les déclarations sur sa volonté de faire payer ses alliés, notamment européens, pour la contribution que les États-Unis apportent à leur défense. Il estime que les Européens ne font pas les efforts suffisants pour équilibrer la contribution américaine au sein de l’OTAN, allant même jusqu’à menacer de ne pas remplir ses obligations si les Européens ne remplissait pas les leurs.

Trump accuse le laxisme européen

 

Ce message a été retransmis le  15 février 2017 aux ministres de la défense européens, lors d’une réunion à Bruxelles, par Jim Mattis, le ministre de la Défense américain. Une intervention vue comme un « ultimatum » par la presse américaine et comme « rassurante » par la presse européenne. Une différence d’analyse qui reflète bien les positions politiques de chaque côté de l’Atlantique. Les Européens estiment avoir besoin de la puissance militaire américaine alors que les États-Unis, qui sont fortement investis militairement depuis 2001 au Proche Orient, veulent, et cela depuis la chute de l’URSS et la montée en puissance de la Chine reporter leurs efforts militaires sur le Pacifique. Les accusations portées par le président Trump contre le laxisme européen en matière de défense ne sont donc pas nouveaux mais la critique contre l’OTAN en tant que telle est un fait nouveau plus surprenant.

 

Il faut mettre en évidence les lignes de forces structurant la relation transatlantique pour comprendre la portée des multiples déclarations sur la question de la défense de l’Europe et de l’OTAN.

 

Le traité de Washington (4 avril 1949) scellait, dans son article 5, un pacte de défense entre 12 pays1 pour faire face collectivement à toute attaque contre le territoire de l’un des signataires. Afin de parfaire la capacité à répondre à la menace militaire de l’URSS implicitement désignée comme l’ennemi potentiel, une organisation civilo-militaire fut mise en place.

Une OTAN en plusieurs strates

 

L’organisation civile, avec notamment le Conseil de l’Atlantique nord (CAN), régule les processus de la décision politique alors que l’organisation militaire intégrée, sous les ordres du SACEUR (Supreme Allied Command in Europe ou Commandant suprême des forces alliées en Europe) constitue une architecture d’états-majors et de troupes prêts à réagir. Cette structure permanente combinée et ses efforts d’harmonisation des procédures et des matériels (interopérabilité) en ont fait une remarquable mécanique d’intégration pour des forces multinationales. C’est pourquoi, après la disparition de l’ennemi soviétique, elle a pu perdurer pour remplir des missions en liens de plus en plus lâches avec son objectif initial de défense du territoire européen des pays membres, qu’il s’agisse d’opérations coercitives (Bosnie Herzégovine – 1992/ ; Kosovo-depuis 1999/ ; Afghanistan-2003/2014, …), de lutte contre le terrorisme islamiste, la piraterie ou de secours aux populations. Elle a été, dans plusieurs de ces opérations, le bras armé du Conseil de sécurité.

 

Il faut donc d’abord comprendre que « l’organisation » n’est qu’un outil bifide (politique/militaire) de « l’Alliance ». L’administration américaine prend bien en compte cette distinction pour porter ses critiques sur un rééquilibrage entre États membres pour la création et l’entretien de la caisse à outils militaires et non les chantiers sur lesquels les employer (décision politique).

 

En effet, l’organisation politique (CAN) est la seule instance dans laquelle États-Unis et autres pays occidentaux peuvent se retrouver pour parler de sujets politiques. Et les États-Unis ne veulent pas céder sur cet avantage : les nouvelles autorités américaines se sont rendues au siège de l’OTAN, le président Trump doit rencontrer les dirigeants des pays de l’OTAN en mai 2017. Dans les autres instances internationales sont présents des pays tiers. Quant à l’Union européenne, aucun contact n’a été pris à ce stade. De leurs côtés, les pays membres ont intérêt à conserver cette organisation politique qui leur permet d’avoir un droit de regard sur toute opération de l’OTAN même s’ils n’y participent pas (raisons pour lesquelles, par exemple, les pays membres avaient insisté pour faire conduire les opérations en Libye par l’OTAN).

 

Pour la Maison blanche, le volet militaire de l’Alliance importait lorsqu’il était vu comme un outil pour renforcer (Afghanistan), voire remplacer (Libye) un engagement direct américain. Mais le nouveau président ne veut plus participer au traitement de toutes les crises, donc l’outil devient moins utile pour lui. A l’inverse, pour les pays européens, la dimension militaire importe de plus en plus, car elle est garante de l’existence d’une capacité de défense, à moindre coût, grâce à la puissance américaine. Ainsi, le budget de défense des États-Unis représente 70% du total des budgets militaires des pays membres. Ils sont quasiment les seuls à appliquer la règle d’affectation de 2 % du PIB à la défense2. C’est bien ce que les États-Unis reprochent depuis la fin de la guerre froide à leurs partenaires européens qui ont glissé vers la facilité de « toucher les dividendes de la paix ». Après les supplications, puis les injonctions, voici maintenant venu le temps des mises en garde, dans le style direct du nouveau président, sur l’idée de « pas d’engagement militaire américain, s’il n’y a pas un meilleur partage du fardeau financier ».

Des Européens conscients mais coincés

 

Certes, l’on peut supposer que les dirigeants européens sont conscients de la vulnérabilité de leur défense face aux menaces grandissantes. Qu’elles soient sur leurs frontières Est ou résultent du développement d’une idéologie islamiste fortement anti-occidentale en voie de s’installer solidement, si elle n’est pas contrecarrée à temps, sur ses frontières sud, de l’Atlantique jusqu’en Asie centrale. Mais ils sont bloqués par la situation de fait créée par leurs politiques d’augmentation des dépenses publiques corrélées à une diminution des dépenses de défense. Ils savent qu’inverser la tendance pour répondre à l’attente du président Trump, c’est brusquer des opinions publiques bercées par les doux chants de la paix. Comme il s’y ajoute des affinités modérées pour la nouvelle Administration américaine, des incertitudes sur l’avenir politique dans chaque pays européen, une propension à édulcorer les menaces, l’Europe semble saisie d’une lassitude identique à celle qui a saisi la France dans les années 1930.

 

Il ne s’agit donc pas d’un bras de fer entre un président « imprévisible » et des dirigeants plus enclins aux formes diplomatiques classiques mais de répondre à une question de fond : les Etats-Unis reviendront-ils en Europe, en cas de besoin, au cri de « Lafayette, nous voici » ?

 

La réponse est dans une appréciation de situation géopolitique partagée sur deux sujets majeurs : la Russie, et les dossiers conflictuels ouverts par la précédente Administration rejointe par de nombreux pays européens ; l’islamisme, comme idéologie conquérante. Sur tous les autres dossiers, et notamment la Chine ou les principes du commerce international, l’administration Trump semblerait avoir fait le choix de ne plus y associer l’Europe. Et elle est ensuite sur la nature de la stratégie à mettre en place face à ces différents sujets. Et, qu’il s’agisse d’analyse géopolitique ou de stratégie, le président Trump ouvre clairement de nouvelles perspectives, qu’il s’agit désormais d’explorer.

 

 

 

FREDERIC ENCEL : « ON AURAIT TORT DE PRENDRE TRUMP AU MOT »

Steve Nadjar

ACTUJ, fev. 27, 2017

 

 

Actualité Juive : Donald Trump engage-t-il un virage à 180 degrés de la diplomatie américaine au Proche-Orient?

 

Frédéric Encel : C'est une question à 35 milliards de dollars ! Soit plus ou moins le montant de l'ensemble des aides civiles et militaires que son prédécesseur Obama – contrairement à ce qu'ânonnent ses contempteurs – a accepté de consentir à Israël avant de quitter ses fonctions… Quant à Trump, on aurait tort de le prendre au mot car il en change sans cesse ! Il a promis le transfert de l'ambassade US à Jérusalem et il ne le fera pas. Il a juré de dénoncer l'accord sur le nucléaire iranien et il n'évoque plus qu'une renégociation. Il a dit devant Netanyahou que la solution à deux Etats n'était pas prioritaire mais fait dire par son secrétaire d'Etat le lendemain qu'elle le reste… Donc à 180 degrés oui, mais dans quel sens ?

 

A.J. : Binyamin Netanyahou peut-il lui même se satisfaire de la solution à un État que défend une partie de  son gouvernement?

 

F. E. : La vérité, c'est que le chef du gouvernement israélien, certes nationaliste, n'en demeure pas moins un pragmatique. Aux grands effets de manche ou d'annonce d'un Trump dont il se méfie (à juste titre), il privilégie les actions américaines concrètes. Sur cette question des deux Etats, il s'est payé le luxe de ne même pas avoir à se déjuger ; ni envers ses faucons, à qui il rapporte une promesse d'absence de pressions de la Maison Blanche sur les implantations, ni envers la communauté internationale, devant laquelle il ne remet pas en cause son soutien officiel à cette perspective de partage.

 

A.J.: Dissocier la paix de la solution à deux États peut-il être accepté par les Etats arabes sur lesquels compte s'appuyer le président américain?

 

F. E. : Vous savez, le monde arabe est dans un tel état de faiblesse sinon de chaos géopolitique que le problème ne viendra pas  de là. Cela pourrait sembler rassurant pour Israël, mais attention : on peut la tourner dans tous les sens, la question palestinienne existe et à terme il faudra bien la traiter. Or je ne vois pas d'alternative sérieuse et crédible à la solution des deux Etats. Ben Gourion lui-même l'avait admis dès 1947…

 

A.J. : Une convergence très nette réunit l'administration Trump et Binyamin Netanyahou dans le dossier iranien.  Sous quelle forme peut-elle s'exprimer dans les mois à venir?

 

F. E. : Discursive et rien de plus, sauf si Téhéran viole l'accord du 14 juillet 2015. Auquel cas il laisserait sans doute Israël agir. Mais tant qu'on n'est pas dans ce schéma – et je doute fort que l'Iran prenne ce risque – Trump ne peut rien faire de crédible. Car renégocier l'accord sera refusé par les quatre autres membres permanents du Conseil de sécurité, plus l'Allemagne. Parmi eux, la Russie sera intraitable. Mais si, vous savez, cette Russie censée représenter une alliée ! Avec le nouveau chef de l'Etat américain, nous ne sommes pas au bout de nos surprises…

 

 

 

ACTUALITÉ

 

 

 

INTEL RACHETE L’ISRAELIEN MOBILEYE

POUR PLUS DE 15 MILLIARDS DE DOLLARS

Times of Israel, 13 mars, 2017

 

 

 

Le géant américain des semi-conducteurs Intel a annoncé lundi dans un communiqué avoir racheté MobilEye, une société israélienne spécialisée dans des systèmes anti-collisions et d’assistance à la conduite, pour plus de 15 milliards de dollars.

 

Il s’agit d’un montant record pour la reprise d’une société israélienne de haute technologie par un partenaire étranger. Créé en 1999, MobilEye est spécialisé dans la vision artificielle appliquée à l’automobile. La société a conclu de nombreux accords avec des constructeurs internationaux de ce secteur.

 

L’opération de lundi s’élève à un montant « approximatif » de 15,3 milliards de dollars (14,3 milliards d’euros), a précisé Intel dans un communiqué. Elle doit permettre « d’accélérer l’innovation pour l’industrie automobile et positionner Intel comme un fournisseur leader de technologie sur marché des véhicules hautement ou totalement autonomes », en allusion aux automobiles roulant sans conducteur.

 

Intel estime que l’ensemble des systèmes de données et des services sur ce secteur devrait représenter un marché dépassant les 70 milliards de dollars en 2030. Pour Intel, il s’agit que ses composants électroniques restent dans la course à la future voiture sans conducteur, dans laquelle d’autres, de la technologie ou de l’industrie automobile, investissent fortement.

 

« Cette acquisition est un formidable pas en avant pour nos actionnaires, pour l’industrie automobile et le consommateur », a dit le directeur général d’Intel, Brian Krzanich, dans le même communiqué. Elle alliera les technologies d’Intel dans les domaines de la trajectoire et de la conduite du véhicule au savoir-faire de Mobileye en ce qui concerne la vision électronique, a-t-il dit. Intel compte aussi sur le succès de Mobileye auprès des constructeurs automobiles et de leurs fournisseurs, dit-il.

 

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré lundi que cette transaction était une source de fierté et montre le « génie israélien ». « Félicitations à Mobileye ! Le génie israélien, la fierté israélienne ! » a écrit le Premier ministre dans une publication Facebook.

 

« Israël est une superpuissance en termes de connaissances, de technologie et d’innovation. Le fait que des multinationales voient en Israël du potentiel et cherchent à acquérir des sociétés israéliennes qui dirigent leurs domaines d’activité est une source de fierté nationale pour notre force technologique », a commenté de son côté ministre des Sciences et de la Technologie, Ofir Akunis.

 

Le constructeur allemand BMW prévoit de son côté de mettre une flotte de test de 40 véhicules autonomes sur les routes d’ici le deuxième semestre 2017, dans le cadre de l’alliance qu’il avait annoncée l’été dernier avec Intel et Mobileye.

 

Mobileye avait aussi annoncé il y a quelques mois une autre alliance, avec l’équipementier automobile basé en Angleterre Delphi, en vue de développer un système de conduite autonome qui serait mis à la disposition des constructeurs dès 2019.

 

Intel est très bien implanté en Israël depuis l’ouverture à Jaffa en 1974 de son premier centre de développement. En avril 2014, le groupe a annoncé un investissement de 4,1 milliards d’euros pour moderniser son usine de microprocesseurs à Kiryat Gat, dans le sud d’Israël.

 

La sécurité est l’un des arguments mis en avant par les défenseurs de la voiture sans conducteur. D’après une étude récente parue dans la revue américaine Science, l’adoption généralisée de voitures autonomes pourrait éliminer jusqu’à 90 % des accidents de la circulation.

 

Mais elle soulèverait également des dilemmes éthiques, comme celui de savoir si le véhicule doit sacrifier ses occupants pour éviter la collision avec des piétons.

 

C’est « une marque de confiance dans l’économie et les cerveaux israéliens », a renchéri le ministre de l’Economie Eli Cohen. « L’important désormais, c’est que la production reste en Israël », a-t-il nuancé.

 

Le directeur général de MobilEye a rassuré sur ce point. « Le centre d’activités de Mobileye restera en Israël, la compagnie établira un centre de développement mondial dans ce pays (en Israël) et sera responsable de toute l’activité internationale +voitures autonomes+ d’Intel », a dit Ziv Aviram à M. Netanyahu lors de leur entretien téléphonique, selon les services du Premier ministre.

 

L’opération donnera naissance à une organisation constituée de Mobileye et de la branche spécialisée d’Intel, avec son siège en Israël et à sa tête Amnon Shashua, cofondateur et président de Mobileye, a indiqué Intel.

 

 

 

 

KAHLON ET NETANYAHU PROMETTENT DES MILLIARDS DE BAISSES D’IMPÔTS

Times of Israel, 14 mars, 2017

 

 

 

Le ministre des Finances Moshe Kahlon et le Premier ministre Benjamin Netanyahu ont annoncé lundi un projet de baisse d’impôts à venir dans les prochaines semaines. Un communiqué laconique publié par le bureau du Premier ministre et le ministère des Finances ne précisait pas quels impôts ou quels domaines économiques en particulier pourraient être visés par ces réductions.

 

Un article du journal économique israélien The Marker indiquait cependant que la TVA sur les biens et les services pourrait être diminuée d’un point de pourcentage, et que la baisse de l’impôt sur les revenus et sur les sociétés pourrait être plus importante que prévue. La décision a été prise « en raison des réussites économiques de l’Etat d’Israël l’année dernière », et du « désir [de Netanyahu et Kahlon] de poursuivre l’encouragement de la [croissance] économique qui bénéficie aux citoyens d’Israël », selon le communiqué officiel.

 

Cette annonce a été faite deux jours après que Kahlon a déclaré à la Deuxième chaîne que le trésor public s’attendait à un surplus imprévu de trois milliards de shekels d’impôts au premier trimestre 2017. Le chiffre exact ne sera connu qu’en avril. « Je suis pour une baisse des impôts. Une personne qui travaille devrait payer le moins d’impôts possible. L’argent ne restera pas au Trésor, il sera rendu à la population », a déclaré Kahlon.

 

Le ministre des Finances a souligné que les baisses d’impôts viseraient en premier lieu les personnes âgées et handicapées. Mais selon The Marker, les coupes seront plus larges et plus profondes que le seul surplus du trimestre annoncé par Kahlon.

 

L’impôt sur le revenu baissera pour la majorité de la classe moyenne, puisque les salariés les moins bien payés paient déjà peu voire pas d’impôts, et reçoivent dans certains cas un chèque du Trésor. Les réductions se feront par une modification des tranches fiscales de l’impôt sur le revenu.

 

La décision, qui devrait être mise en place dans les prochaines semaines, intervient quelques mois seulement après la dernière baisse d’impôt, qui a pris effet au 1er janvier. La TVA sur les transactions au détail de la plupart des biens et des services, actuellement de 17 %, devrait chuter à 16 % ou 16,5 %.

 

L’impôt sur les sociétés devrait aussi baisser plus que prévu. Au 1er janvier, cet impôt a été abaissé de 25 % à 24 %, et devrait à nouveau être diminué à 23 % au 1er janvier 2018. Le projet actuel, selon The Marker, est de doubler la baisse prévue en janvier, pour arriver à un taux de 22 %.

 

La baisse de l’impôt sur les sociétés reflète en partie la compétition croissante pour attirer les entreprises étrangères, à un moment où leur imposition est en baisse dans d’autres pays. Des députés du Parti travailliste, qui siège dans l’opposition et est actuellement en pleine campagne pour ses primaires internes, ont fustigé les baisses prévues.

 

« Stop à l’économie électoraliste de Netanyahu ! », s’est exclamé le député Amir Peretz, candidat à la tête du parti. « L’argent doit être rendu à la population par de meilleurs services sociaux », pas par des baisses d’impôt, a-t-il déclaré dans un communiqué.

 

« Israël continue d’être le ‘roi’ de la disparité sociale, et le gouvernement d’Israël poursuit ses négligences et son mépris », a-t-il déclaré. Les recettes supplémentaires « devraient aller aux personnes âgées et à la baisse de la pression sur les hôpitaux. »

 

Le député travailliste Itzik Shmuli a mis en garde contre l’utilisation de cette aubaine pour abaisser la TVA d’un « petit point de pourcentage » et a appelé à ce que les fonds soient plutôt utilisés pour renforcer les services sociaux.

 

L’annonce de la baisse d’impôts a été faite quelques heures après que l’on a appris qu’Intel paierait 15,3 milliards de dollars pour acheter Mobileye, une entreprise de Jérusalem, ce qui devrait rapporter entre deux et trois milliards de dollars dans les caisses de l’Etat.

 

 

 

 

BENSOUSSAN RELAXÉ : LA VICTOIRE DU VÉRITABLE ANTIRACISME FACE AU COMMUNAUTARISME

Le Figaro, 13 mars, 2017

 

 

 

En relaxant successivement Pascal Bruckner et Georges Bensoussan, le Tribunal correctionnel de Paris a redonné ses lettres de noblesse à la lutte contre le racisme et au-delà de celle-ci, à la notion de débat d'idées. Ces décisions salutaires viennent mettre un point que l'on espère final à la dénaturation calamiteuse dont le concept même de lutte contre le racisme, pourtant a priori plutôt élémentaire, faisait l'objet jusque-là dans le débat public, et à l'instrumentalisation de la justice par les associations communautaristes pour réduire leurs opposants au silence. Il est aujourd'hui clair que dénoncer l'intolérance, fut-elle le fait d'une minorité, ne constitue ni du racisme, ni de la diffamation. On est surpris qu'il ait fallu attendre aussi longtemps pour se l'entendre dire, en termes enfin clairs.

 

Ce rappel est d'autant plus salutaire que l'évidence en question n'en est aujourd'hui pas une pour tout le monde. La lutte contre le racisme a été tellement dévoyée que toute une partie de l'élite médiatique, politique et intellectuelle, dont le rôle premier est pourtant de penser ces concepts et de participer à leur nécessaire actualisation, en est arrivée à considérer qu'en matière de racisme et d'intolérance, la sévérité requise contre la population majoritaire n'était pas applicable à l'encontre des minorités. Considérées comme des victimes éternelles d'une ségrégation sociale que d'aucuns n'ont pas hésité à assimiler à l'Apartheid, leur manifestation de haine, leurs violences, leurs outrances sont analysées comme l'expression d'une souffrance qui justifie tout ou presque et les dispense de la maîtrise de soi pourtant indispensable à la vie en collectivité. Il s'agit en définitive d'effectuer une partition de l'humanité en deux groupes sur un critère ethnique, distinguant ceux qui peuvent et donc doivent gérer leur impulsivité et ceux que l'on dispense de cette exigence. Ainsi aboutit-on à créer, au nom de l'antiracisme, une distinction quasi anthropologique entre les citoyens ; l'Enfer est décidément pavé de bonnes intentions.

 

Les rapports de la CNCDH n'étudient que le racisme de la majorité vis-à-vis de la minorité.

Ce postulat idéologique affecte jusqu'aux enquêtes de la pourtant très respectée Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme (CNCDH). Cette dernière, qui dispose d'un mandat législatif pour l'exercice de sa mission, produit chaque année un rapport annuel sur le racisme, l'antisémitisme et les discriminations qui reçoit un large écho dans la presse.

 

Comme l'explique toutefois Michèle Tribalat dans le livre Une France soumise. Les voix du refus publié en janvier dernier, dirigé par Georges Bensoussan, préfacé par Elisabeth Badinter et dont je suis coauteur, les rapports de la CNCDH n'étudient que le racisme de la majorité vis-à-vis de la minorité: dans le rapport publié en 2016, les auteurs indiquent qu' «il s'agit au premier chef des attitudes du groupe majoritaire à l'égard des différentes minorités qui composent la société, mais elles peuvent concerner les perceptions entre groupes minoritaires». Le racisme des minorités à l'égard du groupe majoritaire est donc exclu d'emblée. Par exemple, l'une des questions – posées à toute la population, minorités comprises – du sondage sur lequel repose l'analyse de la CNCDH est de demander aux sondés s'ils estiment qu'il est grave «d'être contre le mariage de ses enfants avec une personne d'origine maghrébine». Une réponse positive à cette question – oui, il est grave d'être contre le mariage de l'un de ses enfants avec un(e) maghrébin(e) – sera interprétée comme un signe de tolérance, y compris si le sondé est lui-même maghrébin (!).

 

Outre son fondement raciste, les conséquences de cette vision de la société reviennent à abandonner l'idée d'inculquer à toute une partie de nos concitoyens un interdit aujourd'hui inhérent à l'identité culturelle française, revenant à leur fermer les portes d'une intégration à la Nation sans laquelle une vie paisible et heureuse en France est en pratique impossible.

 

La France elle-même a fait ce chemin nécessaire vers l'interdit de l'essentialisation.

Pourtant, il est possible de changer ses repères culturels. La France elle-même a fait ce chemin nécessaire vers l'interdit de l'essentialisation. Jusqu'à la première moitié du XXème siècle, la société française était pénétrée d'un antisémitisme bon teint illustré notamment par la désolante affaire Dreyfus ; une personnalité aussi éminente que Coco Chanel pouvait tranquillement y déclarer qu' «il existe trois catégories: les Juifs, qui sont mes amis que j'adore et je l'ai prouvé, les Israélites, dont il faut se méfier comme de la peste, et les Youpins, qu'il faut exterminer tout de suite» sans déclencher d'indignation particulière. Mais la guerre et la Shoah sont arrivées et ont conduit les civilisations européennes qui avaient participé au conflit, et notamment la France, à se remettre profondément en question et à aboutir à ce qu'aujourd'hui, la condamnation du racisme, de l'antisémitisme et de toute autre forme d'essentialisation soit partie intégrante de notre identité culturelle.

 

Force est de constater qu'une partie de notre population issue de l'immigration, venant de cultures différentes avec leurs propres trajectoires historiques et arrivée en majorité bien après la Seconde Guerre mondiale, n'a pas intégré ces interdits. Pour différentes raisons – un prisme idéologique de gauche reposant sur une division binaire simpliste de l'humanité entre oppresseurs et opprimés, un mondialisme arrogant, un électoralisme cynique, une tendance culturelle à l'évitement des conflits, une médiocrité patente, -, l'élite intellectuelle, les acteurs de la lutte contre le racisme, les responsables politiques et l'École, qui n'est finalement que l'émanation de la société, n'ont à cet égard clairement pas rempli leur rôle. La propagande d'un islam politique offensif et agressif a prospéré sur ces indulgences, ces évitements et ses compromissions.

 

L'enclavement géographique d'une partie de ces minorités, pas uniquement subi quoi qu'on en dise, les prive d'une expérience de l'Autre qui leur permettrait de réaliser l'illégitimité de leur haine. L'attachement traditionnel de ces minorités à l'islam comme référent culturel personnel les rend particulièrement réceptifs à un discours habile qui instrumentalise la religion et les hommes au service d'objectifs beaucoup plus politiques que spirituels, comme en témoigne par exemple l'ex Frère Musulman Farid Abdelkrim. Enfin, l'individualisme qui règne en France comme dans toutes les sociétés occidentales neutralise peu à peu le contrôle social, c'est-à-dire l'ensemble des réactions spontanées d'approbation ou de réprobation des individus dans l'espace public. Toute tentative de contenir l'expression du moi dans les limites de la décence commune est vue comme une insupportable atteinte aux droits et libertés fondamentaux. Ce contrôle social est pourtant l'outil majeur de constitution et de transmission des us, coutumes et mœurs propres à notre identité culturelle, et un vecteur d'intégration des minorités tout à fait essentiel.

 

Cet antiracisme dévoyé a creusé la tombe de notre modèle français d'intégration.

Cet antiracisme dévoyé a creusé la tombe de notre modèle français d'intégration, alors même que notre expérience, désormais séculaire, en matière d'accueil d'immigrés nous en avait confirmé la pertinence. L'impact dans les «quartiers» de la rhétorique haineuse des militants identitaires, dénoncée par Pascal Bruckner et qui, comme en a témoigné au procès de ce dernier Siham Habchi, ancienne présidente de «Ni putes ni soumises», «propagent (…) l'idéologie de l'opprimé et installent l'idée que ces jeunes ne sortiront jamais de leur condition et que les coupables sont la République et la France», est largement renforcé par le fait que ces militants sont généralement considérés comme des interlocuteurs respectables et représentatifs par les médias. Leurs propos les plus condamnables sont trop souvent tolérés sinon approuvés.

 

Cette bienveillante indifférence à la haine est un poison social violent qui, en falsifiant le concept même de racisme dans l'intelligence collective, encourage sa désinhibition et attise les divisions. Si nous persistons à «ne pas voir ce que l'on voit», comme l'écrivait Charles Péguy, à ne pas faire le diagnostic de ce «fascisme vert», nous nous privons de la possibilité de réfléchir aux moyens de le combattre. Nous condamnons alors de facto une partie vraisemblablement croissante de nos concitoyens issus de l'immigration à une impossibilité de s'intégrer qui sera leur malheur, et le nôtre. C'est ce que notre expérience historique de plus vieux pays d'immigration d'Europe nous a appris. C'est aussi ce qui vient d'être confirmé par le chercheur Boussad Boucenna dans son livre Ces enfants d'immigrés qui réussissent où il démontre la corrélation entre la réussite professionnelle et le degré d'intégration des familles – et au passage, qu'il existe toute une population de musulmans qui ne se retrouvent pas du tout dans les discours vindicatifs des militants identitaires et de l'islam politique. Ce ne sont pas Tariq Ramadan, Marwan Muhammad, Les indigènes de la République ou le Bondy Blog qui vont donner à leurs partisans une place dans la société: c'est le reste de la communauté, encore très majoritaire sur le territoire, rappelons-le.

 

Ne nous y trompons pas: l'islam politique a un objectif affirmé de conquête. Sa stratégie consiste à détruire l'idée d'une nation et d'une république une et indivisible pour la morceler en une série de communautés aux intérêts distincts et potentiellement antagonistes, afin, dans un temps plus long, de susciter des conflits intercommunautaires dont ils espèrent un grand soir. Meklat et ses inspirateurs doivent être considérés pour ce qu'ils sont, les agents de la libanisation des esprits, préalable tactique à cette libanisation du pays. Les Français d'origine musulmane qui ont été emportés dans ce combat identitaire sont, il est vrai, des victimes. Mais ils sont moins des victimes du racisme de la société majoritaire que de la propagande identitaire pilotée par l'islam politique et catalysée par nos propres errements.

 

 

 

 

POURIM, "LE CARNAVAL DE RIO À L'ISRAÉLIENNE"

I24, mars 12, 2017

 

 

 

Les célébrations de la fête de Pourim ont débuté jeudi soir en Israël et se poursuivent jusqu'à ce soir, avec les désormais incontournables "street parties", ces parades déguisées où chaque année les participants rivalisent d'ingéniosité.

 

La ville blanche a organisé vendredi après-midi la plus célèbre d'entre elles place Hamedina, au nord de Tel Aviv, où plusieurs milliers de participants se sont parés de leurs plus beaux costumes et ont profité d'un concert géant gratuit.

 

"C'est hors norme ! J'avais entendu parler de Pourim à Tel Aviv, mais je ne pensais pas que ça serait aussi fou ! C'est le Carnaval de Rio à l’israélienne", déclare Michaël, arrivé de France l'an dernier. "J'aime le fait que la vraie fête soit dans la rue, il y a de la musique et des musiciens partout, et tout le monde joue le jeu avec leurs déguisements. J'attends Pourim avec impatience chaque année", s'est-il réjoui.

 

Véritable institution, cette fête religieuse du calendrier juif qui prône la joie, est l’une des seules occasions qui parvient à rassembler l’ensemble de la population israélienne. "Ce que j’aime dans cette fête, c’est que peu importe que tu sois religieux ou pas, tu te déguises et tu danses", explique Ido, un Israélien résidant à Ramat Gan qui célèbre la fête pour 27ème fois, "c’est vraiment bien que tout le monde célèbre ça ensemble", ajoute-t-il.

 

Comme l'année passée et pour les célébrations nationales, le ministère de la Défense a renforcé les mesures de sécurité dans tout le pays. La Cisjordanie et la bande de Gaza sont bouclées depuis vendredi et jusqu'à lundi soir 00h pour prévenir d’éventuels incidents, a précisé le ministère dans un communiqué.

 

"Pourim est une super fête, mais je trouve qu’avant, il y a quelques années, cette fête était plus authentique. J'ai l'impression que l'Etat s'attache de moins en moins à en faire une fête nationale", a noté Jonathan, un franco-israélien arrivé en Israël il y a 10 ans. "Malgré tout, j'adore cette fête, et contrairement à la France où c'est quasi-uniquement pour les enfants, en Israël et surtout à Tel Aviv, tout le monde y participe", indique-t-il.

 

Pourim est célébré chaque année le 14ème jour du mois hébraïque d'Adar et marque le début du printemps. Cette fête commémore les événements relatés dans le Livre d'Esther qui raconte de quelle manière la reine Esther a sauvé le peuple juif dans l'ancien Empire perse de l'anéantissement ordonné par Aman. La tradition veut que les gens se déguisent et célèbre cette fête dans la joie.

 

Shabbat Shalom!
 

 

 

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