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AVEC OU SANS ÉTAT PALESTINIEN, LE RAPPORT DE FORCE DÉMOGRAPHIQUE S’INVERSE AU PROFIT DES JUIFS

ISRAEL GAGNER BATAILLE DEMOGRAPHIQUE

André Darmon

Israel Magazine, 25 janvier 2016

Et donc une nouvelle machinerie fut imposée à tous, derrière le magnifique slogan politico-marketing qui perdure (hélas) : « Échangeons des Territoires – emplis de résidents non juifs- contre la Paix -des braves- !» Agitant ainsi la vieille menace brandie par le chef égyptien des palestiniens, Yasser Arafat : « Le ventre de nos femmes est la meilleure de nos armes ». Qui lui-même plagiait un célèbre discours de Houari Boumédiène (Algérie – 1974) : «  Un jour, des millions d’hommes quitteront l’hémisphère sud pour aller dans l’hémisphère nord. Et ils n’iront pas là-bas en tant qu’amis, mais pour le conquérir. Et ils le conquerront en le peuplant avec leurs fils. C’est le ventre de nos femmes qui nous donnera la victoire ». Une phrase qui résonne étrangement dans l’actualité aujourd’hui… Cet argument démographique qui demande à Israël de ‘choisir’ entre la démocratie et un Grand Israël au sein duquel la population juive serait devenue minoritaire, conduit la politique intérieure israélienne depuis au moins Oslo, engendrant le “pragmatisme” d’Itshak Rabin à Ehoud Olmert, ou l’abandon du Goush Katif par Ariel Sharon.

Pourtant il faut le dire haut et fort à présent, toutes les prévisions livrées jusqu’à dans les années 2000 sont aujourd’hui contredites par les statistiques les plus récentes : non seulement le nombre des Palestiniens résidents à l’ouest du Jourdain, c’est-à-dire aussi bien en Israël même, que dans les Territoires de Judée-Samarie & Gaza, ne rejoint pas celui des Juifs, mais plus explosif encore, les écarts se creusent en faveur des seconds. La situation qui prévaut en Europe avec l’effondrement de la natalité des populations dites de souche, et l’accroissement exponentiel d’une immigration devenue incontrôlable (difficile de croire les chiffres officiels de 5 à 6 millions de musulmans en France, le même nombre depuis …15 ans (!) ; ou que les migrants ne sont ‘que’ 12 000 à être arrivés en 2015), est totalement inversée dans l’Etat hébreu ! Car à l’inverse du monde occidental, Israël propose une natalité des plus dynamiques, alors qu’en sens inverse, celle des pays arabo-musulmans dans leur ensemble, c’est-à-dire territoires administrés par l’AP compris, est prise dans un vaste mouvement de régression voire d’écroulement.

Début 2016, le Bureau Central des Statistiques a livré une donnée décisive : l’écart entre le taux de fécondité des femmes juives et celui de leurs semblables arabes (nombre de naissances par femme) n’existe plus !!!  En 1955, les premières donnaient la vie en moyenne à 3,6 enfants tout au long de leur existence, alors que les secondes en avaient 7,1. Autrement dit, elles faisaient presque deux fois plus d’enfants. A ce rythme-là, il est évident que l’Etat juif était en danger. Cette situation a perduré sommairement jusqu’aux années 80’, période à laquelle s’est opéré le revirement. Dans les chiffres de 1995, l’écartement se rétrécissait déjà (2,8 contre 4,2 soit un espacement réduit déjà de moitié). Les données de 2015 signent donc la fin de cet avantage en terme de perspectives démographiques, avec un taux dans le secteur arabe de 3,17 enfants par femme, contre 3,11 dans le secteur juif, et même 3,4 lorsque les deux parents sont israéliens… Parmi les habitants des localités juives de Judée-Samarie, ce taux atteint même le chiffre record de 5,7 enfants ! Plus significatif encore, pour tous les démographes interrogés, la tendance de sens inverse (en régression constante dans la population arabe, en nette augmentation chez les autres) va continuer à s’amplifier.

Deuxième phénomène peut-être plus psychologique qu’autre chose certes mais d’importance : la mer arabo-musulmane qui cerne Israël est en train de s’assécher. Dans tous ces pays plus ou moins voisins ou belliqueux, le taux de fécondité juif d’Israël est fermement excédentaire (sauf au Yémen et en Irak) : Liban -1.50 naissances par femme ; Iran – 1.83 ; Turquie – 2.06 ; Arabie Saoudite – 2.12, Égypte – 2.8, Jordanie – 3.1, etc. Ces taux de fécondité dans cet espace resté longtemps traditionaliste et archaïque reflètent le virage pris par ces sociétés depuis un certain temps, vers plus de modernité, et une évidente intégration à la société mondialisée : urbanisation étendue, droits de la femme augmentés, niveau d’éducation amélioré pour tous, émergence de politiques de planning familial, etc.

Troisième statistique porteuse d’espoir, l’explosion du nombre annuel de naissances juives, passé de 80 400 en 1995, à …136 000 en 2014 !  Soit +70%, alors qu’étonnamment la natalité dans le secteur ultra-orthodoxe ne progresse pas, mais qu’elle s’est vu relayée par le secteur non-religieux. Dont le phénomène inattendu des familles issues de la vague d’Alya de l’ex-URSS, caricaturées longtemps comme composées d’un enfant unique et d’un chien, mais qui aujourd’hui sont en passe de s’intégrer fidèlement aux standards de la société israélienne avec en moyenne 3 enfants par famille. En même temps, le nombre annuel de naissances parmi les familles arabes israéliennes et palestiniennes s’est stabilisé depuis 1995 autour de 40 000 nouveaux bébés par an. Proportionnellement cela signifie que les naissances juives constituaient 69% des naissances totales en 1995, mais approchent à présent les 78%, soit vingt ans plus tard. De plus, le secteur juif devient plus jeune : le taux de ‘couverture’ des décès naturels par rapport aux naissances, passe de 40% en 1995 à 27% en 2014, tandis que celle-ci grandit dans le secteur arabe de 8 % en 1995 à 12.5% en 2014. Conclusion : s’il naissait en 1995 pour chaque bébé arabe 2,3 bébés juifs ; en 2015, ce chiffre est passé à 3,4. Ce qui garantit aux générations futures un avantage décisif des trois quarts du total de population !

Même les données émises pour la seule région de Judée-Samarie portent au plus grand optimisme. Là-bas, une occidentalisation rapide du taux de fécondité arabe a ramené le total de 5 naissances par femme en 2000, à … 2.76 en 2015 ! Un véritable écroulement, surtout que l’âge médian de procréation a reculé de 17 ans en 2000, à 22.7 ans dans la même très courte période (recul de l’âge pour le mariage et de la première naissance – données publiées par la CIA, dont les études sont reconnues pour être des plus sérieuses et des plus fiables). Autre réalité dont personne ne parle, le taux de migration négatif de cette région depuis 1950, une tendance qui s’accélère elle aussi depuis 2000. Environ 20 000 arabes quittent la zone pour l’Europe ou les Etats-Unis chaque année. Des musulmans, mais surtout des palestiniens chrétiens de plus en plus persécutés par un islamisme rampant. A l’exemple de la ville de Bethléem, à 80% chrétienne jusqu’à l’installation de l’Autorité palestinienne, mais où ces derniers ne représentent plus qu’un tiers de la population aujourd’hui.

Dernier élément, tout le monde l’admet à présent, les estimations démographiques publiées par l’administration palestinienne sont très largement surévaluées. D’après les experts, la seule population arabe de Judée-Samarie n’est pas de 2.8 millions d’habitants comme annoncé par l’AP, mais de seulement 1.7 million. Et pour gonfler leur chiffre de 66%, l’Office palestinien a utilisé de nombreux subterfuges. Comme l’entrée dans la statistique des 400 000 Palestiniens partis à l’étranger sans aucune volonté de revenir dans la région ; ou en comptabilisant deux fois les 200 000 habitants arabes de Jérusalem (une fois dans le total Cisjordanie et une autre dans celui des résidents arabes à l’intérieur de la ligne verte …), ou des 100 000 binationaux vivant côté israélien (eux aussi dénombrés en double) ; ou enfin en gonflant de plus de 30% le nombre des naissances enregistrées. Pour preuve évidente de la manipulation, les listes électorales officielles réunissent un million d’inscrits en droit de voter, ce qui correspond bien à une population totale voisine du 1.7 million répertorié par les experts internationaux indépendants.

Selon les chiffres publiés le 1er janvier 2016 par l’Institut de la Statistique à Jérusalem, la population israélienne a dépassé les 8 462 000 habitants dont 6,34 millions de Juifs (74,5% de la population totale), 1,76 million d’Arabes (20,7%) et 370 000 individus classés hors communautés religieuses (4,4%). A noter que ces proportions n’ont pas bougé, ou presque, depuis la création de l’Etat il y a 67 ans, ce qui en dit long sur la victoire démographique emportée par Israël sur son voisinage. En lorsque l’on pense que ce pays pointe dans les premiers en terme de qualité de vie, d’optimisme en l’avenir, d’excellence universitaire, d’espérance de vie en bonne santé, ou de dynamisme pour les jeunes générations, inutile de préciser que cette victoire est éclatante.

 

L’ETAT BINATIONAL EXISTE, JE L’AI RENCONTRÉ

Stéphane Amar

Times of Israel, 24 dec., 2018

La chronique de Frédérique Schillo publiée dans ces pages relate la peur des juifs israéliens face à la perspective d’un Etat binational. Angoisse bien réelle, basée essentiellement sur le spectre d’une submersion démographique. Dans un Etat démocratique, la communauté dominante numériquement fixe en effet les règles du jeu et les impose à la minorité. Elle détermine la religion dominante, la langue officielle, les institutions etc.

C’est précisément le cas dans l’Etat d’Israël. Depuis sa création, en 1948, il abrite deux nations : les Juifs et les Arabes (musulmans ou chrétiens). Largement majoritaires démographiquement, les Juifs ont défini unilatéralement l’identité nationale de l’Etat. Depuis la couleur de son drapeau jusqu’au contenu de ses programmes scolaires en passant par sa politique d’immigration.

La déclaration d’Indépendance précise toutefois que l’Etat d’Israël garantit une « complète égalité de droits sociaux et politiques à tous les citoyens sans distinction de croyance, de race et de sexe ». Cet engagement a été respecté. Mais concernant les non-juifs, il se limite strictement aux droits individuels. En quelque sorte, pour paraphraser Stanislas de Clermont-Tonnerre, l’Etat d’Israël a tout accordé aux Arabes en tant qu’individus et rien en tant que nation.

Car soixante-dix ans après la création de l’Etat d’Israël, l’intégration des Arabes israéliens ne fait plus débat. Certes des discriminations subsistent – c’est le lot de la plupart des minorités ethniques dans le monde, y compris en France -, mais personne ne peut sérieusement soutenir que les Arabes subissent une quelconque forme de ségrégation en Israël. Médecins, pharmaciens, professeurs, avocats ou ingénieurs arabes se comptent par dizaines de milliers. Sans parler des réussites spectaculaires : juge à la Cour suprême, ambassadeur ou même numéro deux d’Apple.

Soucieux de ne pas compromettre cette intégration socio-économique, les Arabes d’Israël ont systématiquement refusé de s’associer à la lutte nationale palestinienne. Même au plus fort du conflit, par exemple durant la seconde Intifada, les actes de violences contre leurs compatriotes juifs ou contre les forces de l’ordre restèrent exceptionnels. Aujourd’hui, le secteur arabe représente 20 % de la population israélienne et son implication dans des actions terroristes est statistiquement insignifiante.

Ce refus de la violence ne dit rien du sentiment national des Arabes d’Israël. Ils revendiquent sans ambigüité leur appartenance au peuple palestinien. Les deux populations ont l’essentiel en partage : la langue, la religion, la culture. Elles sont en outre cimentées par d’étroits liens familiaux. Depuis la conquête de Cisjordanie par Israël en 1967, la ligne verte n’existe plus pour les Arabes israéliens. Ils peuvent se rendre librement et sans courir le moindre risque – contrairement à leurs concitoyens juifs -, dans ce territoire contrôlé par l’armée israélienne. Cette proximité a considérablement renforcé leur identification au peuple palestinien. Mais force est de constater que cela n’a jamais remis en cause leur loyauté envers l’Etat d’Israël.

Si les Arabes d’Israël écartent toute sédition, ce n’est pas uniquement parce qu’ils jouissent d’un niveau de vie et d’éducation sans équivalent dans le monde arabe. C’est aussi parce qu’ils sont citoyens d’un Etat démocratique. Ils peuvent voter, se déplacer librement, exprimer leurs opinions, servir dans l’administration y compris dans la police. Autant de droits fondamentaux dont les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza sont privés.

L’exemplaire coexistence judéo-arabe en Israël prouve que les deux peuples peuvent parfaitement vivre ensemble. Sans mur de séparation, sans omniprésence militaire, sans atteinte aux droits civiques. J’explique dans mon dernier livre pourquoi la création d’un Etat palestinien est devenue impossible. Le développement des implantations juives en Cisjordanie et l’attachement réciproque à l’ensemble du territoire, de la Méditerranée au Jourdain, invalide à l’avance toute tentative de partage. Israël va donc sans doute à terme annexer la Cisjordanie, Gaza devenant de facto un Etat indépendant.

Longtemps, les partisans de la séparation ethnique ont justifié l’urgence d’une solution à deux Etats par le dynamisme de la démographie arabe palestinienne. Soit Israël revient aux frontières de 1967, soit il se transformera en Etat binational dans lequel les Juifs deviendraient rapidement minoritaires. L’inversion récente des courbes démographiques au profit des Juifs et le retrait de Gaza changent radicalement la donne. Le spectre d’une submersion arabe s’éloigne et désormais des responsables politiques de premier plan envisagent ouvertement l’annexion.

Un examen serein de la réalité montre qu’une telle option n’a rien d’utopique ou de cauchemardesque. Les Palestiniens de Cisjordanie deviendraient des Arabes israéliens, des citoyens de plein droit, au terme d’un processus d’intégration étalé sur plusieurs années. Selon les projections démographiques, les Juifs resteront largement majoritaires entre la mer et le Jourdain, formant au moins les deux tiers de la population, car le taux de fécondité des femmes juives est désormais supérieur à celui des femmes arabes. Pour garantir le caractère juif de l’Etat d’Israël indépendamment du rapport de force démographique, les députés israéliens ont par ailleurs voté l’été dernier la loi Etat-nation. La route est encore longue, elle sera semée d’embûches, mais la dynamique me paraît irréversible.

La perspective d’un Etat unique suscite toutes sortes de fantasmes : la destruction de l’intérieur du seul Etat juif du monde, la fin du rêve sioniste, l’invasion islamiste etc. Aux oracles hasardeux, j’ai toujours privilégié les enseignements de l’histoire. Les tentatives de partage, en 1947 ou à Oslo en 1993, ont provoqué des bains de sang et ont largement contribué à alimenter le conflit. A l’inverse, là où prévaut la loi civile, la même pour tous, Juifs et Arabes coexistent paisiblement depuis soixante-dix ans. A méditer.

 

DÉMOGRAPHIE ET IDENTITÉ: SERGIO DELLA PERGOLA

LPH, 7 jan., 2019

Le dimanche 13 janvier, le campus francophone du Collège Académique de Netanya vous donne rendez-vous pour une conférence autour du thème: ”Israël demain: démographie et identité”. Deux universitaires reconnus seront mis à l’honneur: Denis Charbit, politologue et Sergio Della Pergola, démographe.

A cette occasion, LPH s’est entretenu avec ce dernier afin d’évoquer les sujets centraux de ses études depuis de nombreuses années et qui en font une référence dans le domaine de la démographie du monde juif.

Le P’tit Hebdo: Etudier la démographie du monde juif suppose comme préalable une définition de qui est Juif. Quelle est-elle?

Sergio Della Pergola: Lorsqu’il s’agit d’un sujet universitaire et plus précisément de recherches en sciences sociales, cette définition ne colle pas exactement avec celle prônée par la loi juive, la hala’ha.

Nos études consistent à observer ce qui se passe dans les sociétés, à enquêter pour recenser et repérer une population qui s’identifie comme Juif. Toutefois, il est intéressant de relever, que ce critère d’auto-identification, correspond dans les grandes lignes à ceux qui répondent aux critères rabbiniques. Donc, même si, a priori, nos études se basent sur une définition non religieuse, stricto sensu, les nuances sont marginales et dans l’ensemble, nos statistiques respectent aussi la définition rabbinique de qui est Juif.

Lph: Dans certains pays, comme la France, le recensement sur la base ethnique ou religieuse est interdit par la loi. Comment menez-vous votre travail compte-tenu de ces contraintes?

S.D.P.: Dans la plupart des pays, en effet, il n’existe pas de recensement officiel, avec mention de la religion. Mis à part dans quelques pays de culture anglo-saxonne (Australie, Canada et depuis récemment le Royaume-Uni), cette catégorisation n’est pas pratiquée, à l’image de ce qui se fait en France ou aux Etats-Unis.

Nous devons donc chercher des voies alternatives pour arriver à une estimation. Plusieurs méthodes sont à notre disposition afin de constituer des échantillons représentatifs. Par exemple, nous procédons à des appels téléphoniques aléatoires et nous posons toute une série de questions dont celle de l’appartenance religieuse ou ethnique. A partir des réponses obtenues, nous approfondissons le sujet. Mais il est vrai que cette façon de travailler est coûteuse et sujette à plusieurs refus de coopérer.

Nous nous appuyons aussi sur des travaux d’autres universitaires ou instituts de recherche dans ces pays. En France, mon ami, le Pr Eric Cohen, z”l, a publié les travaux les plus importants sur les Juifs. Aux Etats-Unis, l’institut Pew a effectué plusieurs enquêtes intéressantes sur la population juive.

Lph: Quels sont les objectifs que vous recherchez à travers vos recherches?

S.D.P.: Nos recherches sont indépendantes de tout acteur politique ou économique et n’a pas, non plus, pour but de servir une cause sociétale.

L’étude des minorités, des groupes ethniques et religieux a pris une place de plus en plus importante dans le monde contemporain, notamment en raison de l’augmentation des conflits liés à ces populations.

Nos objectifs sont doubles: d’abord décrire les aspects démographiques, socio-économiques et culturels du monde juif et ensuite procéder à des comparaisons entre les communautés juives dans le monde et notamment entre la Diaspora et Israël.

Lph: Quelles différences notables avez-vous relevé?

S.D.P.: Les Israéliens sont plus jeunes, se marient plus jeunes et ont plus d’enfants que les Juifs de Diaspora. En dehors d’Israël, on constate une diminution lente du nombre de Juifs. Israël est une base hétérogène, pour l’heure, mais elle tend à s’uniformiser, au regard de sa population juive. Ces études comparatives nous permettent de comprendre et de prévoir l’évolution de la société.

Lph: Vous observez aussi l’évolution de la population juive par rapport à la population arabe en Israël. Quelle est la tendance qui se dégage?

S.D.P.: En Israël, l’étude démographique se base sur des données très officielles. Le Grand Rabbinat applique les règles halahiques pour déterminer qui est juif et le registre central de la population fait clairement mention de la religion.

A la dernière mise à jour, si l’on compte tous les habitants d’Israël, y compris la Judée-Samarie, on dénombre 9 millions d’Israéliens. Mais en réalité, si l’on voulait avoir une image précise de la situation démographique d’Israël, il faudrait y inclure les Arabes de Gaza et de Judée-Samarie, qui sont plus de 4,5 millions, ainsi que les travailleurs étrangers. Par ailleurs, il convient aussi de prendre en compte les migrations internationales: les résidents qui sont à l’étranger doivent-ils être comptabilisés?

C’est en basant sur ces chiffres pris dans leur ensemble que le calcul du pourcentage de Juifs et de non Juifs en Israël devient intéressant du point de vue démographique.

Lph: D’où viennent les chiffres de la population palestinienne de Judée-Samarie et de Gaza? Sont-ils vraiment fiables?

S.D.P.: La règle est de faire une lecture critique de chaque donnée et de ne pas tout prendre pour argent comptant. Concernant les chiffres de la population palestinienne, on estime qu’ils sont environ 2 millions à Gaza et 2,5 millions en Judée-Samarie et ce, à partir de recensements effectués par les Palestiniens sous le contrôle d’organisations internationales fiables et sur la base d’estimations indépendantes.

Lph: Concrètement, existe-t-il une menace démographique pour la population juive en Israël?

S.D.P.: Vous avez d’un côté les minimalistes qui soutiennent qu’il n’y a aucun risque que la population juive devienne minoritaire en Israël. De l’autre, les maximalistes agitent la menace démographique. Ma position est médiane. Aujourd’hui, les populations juives et arabes sont à l’équilibre, si l’on prend en compte les Palestiniens de Gaza et de Judée-Samarie.

Ce qui pourrait faire une légère différence, ce sont les 5% recensés comme ni Juifs, ni Arabes, et qui sont en réalité, des personnes qui ne sont pas reconnues comme juives par le Grand Rabbinat d’Israël, comme une partie des olim de Russie et les enfants nés en Israël d’un couple mixte où la mère n’est pas juive. D’un point de vue sociologique, il faudrait inclure ces 5% au sein de la catégorie “Juifs”. Si tel était le cas officiellement, les Juifs seraient en majorité. Cette répartition égalitaire n’est pas destinée à changer à l’avenir.

Lph: Même si l’on prend en compte le fait que les femmes arabes font désormais moins d’enfants que les femmes juives et que la balance migratoire juive est positive grâce à l’alya?

S.D.P.: La forte natalité dans les milieux orthodoxes compense la natalité arabe et la société israélienne devient de plus en plus religieuse justement parce que cette catégorie de la population a le plus d’enfants. Mais ce que l’on oublie, c’est qu’il ne suffit pas de prendre en compte la natalité pour estimer le développement démographique. Il faut aussi calculer le taux de mortalité et ainsi arriver au taux d’accroissement naturel de la population. Et de ce point de vue, le taux de mortalité arabe est inférieur à celui des Juifs. La population arabe est nettement plus jeune, par conséquent, on recense moins de décès. Le taux d’accroissement chez les Arabes est donc plus élevé que chez les Juifs.

Quant à l’alya, elle est un certes un facteur mais elle reste marginale quant à son impact sur les évolutions démographiques. Ce qui est déterminant, ce sont les naissances et les décès. 80 à 90% de l’accroissement total de la population vient de l’accroissement naturel. D’autant plus que l’on voit mal d’où pourrait arriver une grande vague d’alya. De France, on sait que l’idée s’est éteinte. Eric Cohen, z”l, avait estimé qu’il existait un potentiel de 250000 personnes mais en réalité, ce ne sont qu’une dizaine de milliers d’immigrants qui sont arrivés de France ces dernières années. Et les difficultés d’intégration ne favorisent pas une augmentation exponentielle du mouvement d’alya depuis la France.

Lph: Si l’on prend comme donnée de base, cette situation égalitaire entre population juive et arabe, l’Etat d’Israël est-il viable?

S.D.P.: Pour répondre à cette question, je ferais la distinction entre mes conclusions de recherches et ma position personnelle. Personnellement, j’ai fait mon alya d’Italie quand j’étais étudiant, en 1966, animé par l’idéalisme et le rêve d’un Etat juif et démocratique. Or, Israël ne peut pas être le centre spirituel, intellectuel et politique du monde juif sans avoir une grande majorité juive sur son territoire. Même en excluant Gaza de ces chiffres, on arrive à une répartition de 60% de Juifs pour 40% d’Arabes, ce qui n’est pas suffisant pour pouvoir fonctionner comme un Etat juif et démocratique. Le schéma de l’Etat binational n’a jamais fonctionné, on le voit avec les problématiques auxquelles sont confrontées l’Espagne (Catalogne) et le Royaume-Uni (Ecosse) et on l’a vu en Yougoslavie ou encore, plus pacifiquement, en Tchécoslovaquie. Donc, à mon sens, Israël doit s’acheminer vers une séparation entre les Juifs et les Arabes pour sauvegarder son identité.

Lph: Pour conclure, au regard des données démographiques du monde juif: quel avenir pour le peuple juif?

S.D.P.: Ce qui est certain c’est que l’avenir du peuple juif est de plus en plus israélien, dans l’état actuel des choses. Dans un avenir très proche, que j’évalue à une quinzaine d’années, la majorité des Juifs du monde se trouvera en Israël, la Diaspora deviendra la minorité. Ce sera un changement historique.

 

ACTUALITÉ

 

 

TRUMP PROMET DE RUINER LA

TURQUIE SI ELLE ATTAQUE LES KURDES

La Presse, 13 jan, 2019

 

Le président américain a menacé dimanche la Turquie d’une catastrophe économique, en cas d’attaque contre les Kurdes après le prochain retrait des troupes américaines de Syrie, tout en appelant les Kurdes à ne pas «provoquer» Ankara.

Les États-Unis vont «dévaster la Turquie économiquement si elle attaque les Kurdes», a tweeté Donald Trump, qui appelle également à la création d’une «zone de sécurité» de 30 kilomètres, sans plus de précisions sur sa localisation ou sur son financement.

Dans le même temps, Washington demande aux Kurdes de «ne pas provoquer la Turquie».

Ces déclarations interviennent alors que le secrétaire d’État américain Mike Pompeo effectue une tournée au Moyen-Orient. Une visite destinée à rassurer ses alliés alors que la tension est montée entre les États-Unis et la Turquie au sujet du sort des Kurdes de Syrie, qui ont lutté aux côtés des États-Unis contre le groupe djihadiste État islamique (EI).

Mike Pompeo a cherché à rassurer les alliés kurdes des États-Unis, assurant pouvoir garantir leur protection malgré le retrait, annoncé par M. Trump en décembre, des 2000 soldats américains déployés en Syrie pour combattre l’EI.

Saluée par la Turquie, elle a fragilisé la situation des combattants kurdes. La principale milice kurde de Syrie, les Unités de protection du peuple (YPG), épine dorsale sur le terrain de la lutte contre l’EI, est en effet menacée par une possible offensive de la Turquie, pays voisin de la Syrie.

Ankara qualifie les YPG de «terroristes» pour leurs liens présumés avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui livre une guérilla sur le territoire turc depuis 1984.

Et elle ne cache pas son intention de lancer une offensive contre eux pour éviter la formation, à ses portes, d’un embryon d’État kurde susceptible de raviver le séparatisme des Kurdes de Turquie.

Ankara avait réagi vivement à des informations selon lesquelles Trump envisageait de conditionner le retrait des soldats américains à la sécurité des combattants kurdes.

Samedi, plus de 600 personnes ont été évacuées du dernier bastion de l’EI dans l’est de la Syrie, selon un organisme de surveillance.

«Commencer le retrait longtemps attendu de Syrie en frappant durement le petit califat territorial restant de l’EI, depuis plusieurs directions. Nous attaquerons de nouveau à partir d’une base existante s’il se reformait,» a ajouté Donald Trump dans ses tweets de dimanche.

«La Russie, l’Iran et la Syrie ont été les plus grands bénéficiaires de la politique américaine de long terme de destruction du groupe État islamique en Syrie-des ennemis naturels. Nous en bénéficions aussi mais il est temps maintenant de faire rentrer nos troupes à la maison. Stop aux GUERRES SANS FIN», a-t-il ajouté.

Le responsable de l’Observatoire syrien des Droits de l’Homme, basé au Royaume-Uni, Rami Abdel Rahman, a affirmé de son côté que plusieurs dizaines de combattants djihadistes avaient été évacués de zones tenues par l’alliance arabo-kurde.

Il a précisé que quelque 16 000 personnes, dont 760 combattants de l’EI, ont fui la région depuis début décembre. Les Nations unies ont affirmé de leur côté vendredi que 25 000 personnes ont fui les violences des combats ces six derniers mois.

La guerre en Syrie a éclaté en 2011 après la répression par le régime de manifestations prodémocratie. Elle s’est complexifiée au fil des ans avec l’implication de groupes djihadistes et de puissances étrangères. Le conflit a fait plus de 360 000 morts.

 

 

GAZ: DES PAYS DE MÉDITERRANÉE

ORIENTALE POUR LA CRÉATION D’UN FORUM RÉGIONAL

Times of Israel, 15 jan., 2019

Des pays de Méditerranée orientale ont annoncé lundi au Caire leur intention de lancer un forum de coopération régionale sur le gaz, ressource devenue un enjeu économique et stratégique majeur au large de leurs côtes.

Le ministre égyptien du Pétrole et des Ressources minérales Tarek el-Molla a reçu lundi ses homologues italien, chypriote, grec, israélien, jordanien et palestinien « pour discuter de la création du Forum du gaz de la Méditerranée orientale », a indiqué le ministère dans un communiqué.

Ce forum, favorisant le dialogue et la coopération, sera destiné à optimiser l’exploitation des gisements de gaz qui « revêtent une importance vitale pour la sécurité énergétique de la région », a ajouté cette source.

Les récentes découvertes de gaz naturel en Méditerranée orientale ont conduit plusieurs pays à multiplier les partenariats stratégiques, comme l’Egypte et Israël, mais ont parfois donné lieu à des tensions sur les droits et les frontières maritimes. A Chypre, les découvertes de gisements ont ravivé les tensions avec la Turquie, qui occupe le tiers nord de l’île.

Les sept ministres se sont engagés « à préparer le terrain pour une coopération technique et économique fructueuse en vue d’exploiter efficacement le potentiel gazier de la région », d’après le ministère égyptien.

Une prochaine réunion, prévue en avril, devrait permettre de préciser les contours de l’organisation de ce forum, a-t-il précisé.

Selon le ministère, l’objectif est notamment d’établir un « marché régional du gaz », de « favoriser la compétitivité des prix » et « d’améliorer les relations commerciales ».

Basé au Caire, le Forum du gaz de la Méditerranée orientale sera à terme ouvert à d’autres pays de la région, a assuré le ministère égyptien.

Dimanche, le ministre israélien de l’Energie Yuval Steinitz est arrivé au Caire pour participer à cette réunion avec ses homologues régionaux, lors d’une rare visite en Egypte d’un responsable israélien.

Encouragé par des découvertes récentes de champs gaziers au large de ses côtes, l’Egypte a multiplié la signature d’accords en 2018 et veut s’imposer comme un pôle énergétique régional.

 

 

ÉLECTIONS 2019: ÇA BOUGE

DANS LA POPULATION ARABE ISRAÉLIENNE…

Shraga Blum

15 janvier 2019

Les effets néfastes de l’attitude des députés arabes actuels à la Knesset commencent à sortir au grand jour dans la population arabe israélienne. Un récent sondage indiquait que 60% des Arabes israéliens s’estiment insatisfaits du travail des députés qui les représentent, 35% considèrent que ces députés ne font pas honnêtement leur travail dans le sens d’une coexistence judéo-arabe et 32% à peine ont l’intention de voter en faveur de la Liste arabe. Cet état des lieux permet aujourd’hui à de nouvelles initiatives de voir le jour.

A moins de trois mois des élections et alors que la Liste arabe unifiée ne l’est plus autant que cela, deux nouveaux partis arabes se sont mis en lice pour entrer à la Knesset.

Le premier a pour nom “Habayit Ha’aravi”, créé par l’avocat Ayman Abou Rih, militant associatif très actif au sein de sa population, et le deuxième parti, judéo-arabe celui-ci, s’appelle “Lema’anenou” et a été créé conjointement par Walid Diab et Amos Danieli ancien combattant de la Sayeret Matkal.

Selon les explications fournies par leurs fondateurs, le dénominateur commun entre ces nouvelle formations est la constatation que depuis des décennies, les députés des partis arabes à la Knesset ont délaissé les problèmes qui touchent à la population arabe israélienne au profit de leur soutien à la cause ‘palestinienne’ et leur combat contre l’Etat d’Israël. Comme le résume Ayman Abou Rih: “La Liste arabe s’occupe essentiellement de Gaza et de Ramallah mais pas des problèmes quotidiens de la population arabe israélienne”.

Les deux partis affirment n’être “ni de gauche ni de droite” et prêts à entrer dans tout gouvernement afin de peser sur les décisions et défendre les intérêts des minorités et de la minorité arabe en particulier. Ils se disent membres du “peuple palestinien”, opposés à la Loi de la Nation, mais soulignent qu’ils sont citoyens d’Israël, que l’hymne national et leur hymne et que le drapeau d’Israël est leur drapeau. Ils estiment aussi que les jeunes arabes israéliens doivent effectuer un service national, qu’ils préféraient appeler “service en faveur de la société”. Walid Diab affirme par exemple que son parti se focalisera sur les questions de santé, éducation, emploi, violence familiale ou affaires sociales.

Les dirigeants des deux nouveaux partis ont exclu de rejoindre la Liste arabe unifiée.

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