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CÉLÉBRONS LE 25e ANNIVERSAIRE DE L’ICRJ !

 

 

 

 

 

L’Institut canadien de recherche sur le judaïsme a 25 ans

Julien Bauer

ICRJ, 3 juin 2013

 

Hiver 1988. Nous sommes invités, ma femme et moi, au domicile de Fred Krantz pour une rencontre informelle sur ce qui pourrait être entrepris pour présenter une interprétation intellectuelle honnête d’Israël et du peuple juif face à un déferlement d’attaques malhonnêtes, pseudo-intellectuelles contre quoi que ce soit de juif et, en particulier, Israël. Sans le savoir, nous commencions l’aventure de l’Institut canadien de recherche sur le judaïsme.

 

Trois points sont à noter.

 

Le premier, hélas, est que le problème qui se manifestait il y a vingt-cinq ans, le délire anti-israélien sur les campus, n’a pas disparu et que l’ICRJ continue à jouer un rôle indispensable.

 

Le second point est qu’être associé à l’Institut semble être une cure de jouvence. Nous sommes plusieurs à avoir participé à la vie de l’Institut depuis vingt-cinq ans et nous sommes toujours présents. Le meilleur exemple est, sans aucun doute, Baruch Cohen, notre sage en résidence.

 

Le troisième point est le fait que le refus, persistant, des institutions officielles juives, de supporter l’ICRJ a constitué, sans que ce soit l’objectif poursuivi, une bénédiction. En effet, ne devant rien à personne, sinon des remerciements à nos contributeurs directs, nous pouvons travailler dans une atmosphère de totale liberté. L’Institut n’est pas le porte-parole d’une ligne politique mais présente une analyse, au mieux de nos capacités, de ce qui nous paraît à la fois scientifiquement exact et moralement juste.

 

Faire partie pendant un quart de siècle d’une telle équipe est  et continuera à être une source de joie pour ma famille.

 

Le mirage du modèle turc

David Bensoussan

Le Devoir, 4 juin 2013

 

Alors qu’il était en prison, l’actuel premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, écrivait : « Les minarets seront nos baïonnettes, les coupoles nos casques, les mosquées seront nos casernes et les croyants nos soldats. » Durant sa campagne à la mairie d’Istanbul en 1994, Erdogan s’est déclaré être un « serviteur de la charia ». Bien des observateurs préférèrent ne pas tenir compte de ces propos, préférant vanter l’islamisme modéré exemplaire de la Turquie. Peu d’entre eux estimaient alors voir la Turquie sombrer dans une dictature idéologique, convaincus qu’ils étaient de ce qu’Erdogan devait « obligatoirement » diluer ses convictions profondes en raison du réalisme qui devrait « normalement » accompagner l’accession au pouvoir de son parti, l’AKP.

 

L’Europe louangea la mouvance démocratique de la Turquie, considérant que la toute-puissance des généraux constituait un frein à l’éventuelle adhésion de ce pays à l’Union européenne. Or l’Europe se prononça assez brutalement contre l’adhésion de la Turquie, à commencer par le président français Sarkozy, qui déclara que ce pays n’avait pas sa place dans l’Union européenne. La Turquie se concentra alors sur le développement de relations privilégiées avec le Proche-Orient et l’Asie. Erdogan salua le Printemps arabe et admonesta les dirigeants en place, les incitant à « écouter leur peuple ». La Turquie participa à l’intervention armée en Libye, proposa des accords bilatéraux importants à l’Égypte, appuya le Hamas à Gaza et les rebelles de Syrie. Or le pouvoir syrien se montra plus coriace que prévu et les retombées économiques espérées avec les pays arabes déstabilisés ne se concrétisèrent pas.

 

Au fil des ans, le « modèle turc » devint de moins en moins attrayant. Après les généraux, ce fut au tour des journalistes libéraux d’être emprisonnés. Sur le plan de la liberté de presse, la Turquie est aujourd’hui classée au 154e rang (sur 179 pays) par Reporters sans frontières. À titre d’exemple, alors que CNN montrait des dizaines de milliers de manifestants sur la place Taksim, la version turque de CNN faisait passer un documentaire sur les manchots de l’Antarctique ! Des mesures d’islamisation rampantes furent prises : relaxation des lois sur le port du voile islamique ; tentative de loi visant à criminaliser l’adultère ; condamnation à 13 mois de prison d’un intellectuel ayant critiqué le prophète Mahomet ; arrêt de vente de boissons alcoolisées la nuit. La revalorisation de la gloire passée de l’Empire ottoman alla jusqu’à exalter devant des audiences de jeunes turcs l’illustre bataille de Manzikert au cours de laquelle les Turcs seljuks défirent les chrétiens byzantins en 1071.

 

Pourtant, le parti d’Erdogan fut réélu avec une majorité de 50 % aux élections législatives en 2011, ce qui le dispensa de tout accommodement avec des partis d’opposition. Durant la campagne électorale, Erdogan vanta la performance économique de la Turquie, 17e puissance économique du monde. Peu de personnes prêtèrent alors attention aux dessous de ce succès économique dû en partie à l’infusion de prêts à court terme consentis essentiellement par les émirats du Golfe en 2009 et qui atteignirent 115 milliards en 2012. Or, la dette extérieure à court terme augmente de 30 % par an. La dette publique est de l’ordre de 80 % du PIB. La dette des consommateurs turcs augmente annuellement de 40 %, et l’inflation gravite autour de 7 %. Le taux de croissance prodigieux du PIB à partir de 2010 est maintenant revenu à un niveau inférieur à celui de 2008. Qui plus est, le ralentissement des économies d’Europe et de Russie, de même que l’instabilité qui prévaut dans bien des pays arabes, ont rétréci les marchés d’exportation turcs. Le miracle économique turc est encore en sursis.

 

Sur la scène internationale, Erdogan a tenté de s’imposer partout, avec un succès plus qu’incertain : attaques répétées et démesurées contre Israël qui lui valurent des réserves sérieuses de la part des leaders européens ; tentative – avortée – de servir d’intermédiaire pour résoudre le problème de la prolifération de la technologie nucléaire iranienne ; soutien systématique du Printemps arabe et, pour ce qui est de la crise syrienne, la Turquie doit composer aujourd’hui avec l’afflux des réfugiés syriens, lequel mécontente grandement les populations frontalières. Elle doit aussi trouver sa place entre l’Arabie saoudite qui soutient les salafistes ; le Qatar qui finance les Frères musulmans ; l’Iran qui appuie le Hezbollah libanais et le régime syrien ; la Russie et la Chine qui soutiennent le pouvoir syrien et l’Occident qui ne finit pas d’hésiter d’appuyer des rebelles syriens de peur que ces derniers ne finissent par être dominés par des extrémistes musulmans, ce qui pourrait engendrer ultérieurement un problème majeur. L’incertitude qui prime à l’heure actuelle n’augure rien de bon pour l’économie turque dont la performance fut l’atout majeur du succès électoral de l’AKP en 2011.

 

On pourra noter que le conflit syrien débuta avec une simple manifestation d’adolescents et une répression démesurée. Au parc Gezi d’Istanbul, la répression policière devant la revendication écologique fut également démesurée, ce qui déclencha l’expression ouverte de la frustration des mécontents turcs, dont les libéraux. Défiant, Erdogan a affirmé pouvoir réunir un million de manifestants ce qui, selon lui, naniserait la contestation en cours. Actuellement, Erdogan se donne le crédit d’une paix (prématurée ?) avec la rébellion kurde et cherche à établir un changement constitutionnel pour établir un régime présidentiel en Turquie, lequel prendrait effet lorsqu’il aura achevé son second mandat de premier ministre en 2015.

 

Après une longue période de silence, la contestation politique devant la dégradation des libertés s’est enfin déclenchée.

 

 

La marche turque vers l’inconnu

Freddy Eytan

Le CAPE de Jérusalem, 6 juin 2013

 

Jusqu’à ce jour, tous les observateurs s’accordaient pour dire que l’islamisme en Turquie était éclairé et responsable, contrairement à l’obscurantisme de certains pays arabes et de l’Iran. Tous étaient d’avis que le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan menait son grand pays vers un modernisme occidental exemplaire et personne ne se doutait que la grogne latente jaillirait si tôt dans les rues d’Istanbul, d’Izmir ou d’Ankara. 

 

Les violentes manifestations qui déferlent ces jours-ci dans les grandes villes turques changent complètement la donne et inquiètent profondément les Occidentaux et les Israéliens. Quo Vadis la Turquie ? Subira-t-elle les retombées des révoltes arabes ? La montée en puissance des extrémistes islamistes et des terroristes chiites et sunnites ? Marchera-t-elle vers le chaos, vers l’inconnu politique qui déstabilisera tout le Moyen-Orient et plongera-t-elle dans des turbulences dévastatrices islamiques ? Comment devrait réagir l’Etat juif ? Ce sont de graves questions auxquelles nous n’avons pas de réponses précises et sur lesquelles nous réfléchissons sérieusement alors que l’Occident reste indifférent, notamment une administration américaine nonchalante et impuissante à régler les crises locales et régionales. 

 

Certes, la Turquie n’est pas l’Egypte, ni la Syrie ou la Libye ; ce grand pays charnière entre l’Europe et l’Asie est riche et prospère, et son tourisme est florissant. La majorité écrasante de la population est chaleureuse, ouverte au dialogue, et souhaite ardemment entretenir de bonnes relations commerciales avec l’extérieur, notamment avec Israël. Elle ne peut tolérer la mise en quarantaine économique, les sanctions et l’isolement politique. Membre actif de l’OTAN, la Turquie dépend des Américains mais souhaite vivement s’intégrer à l’Europe. Les dernières manifestations violentes ont sans doute estompé cet espoir pour longtemps encore. La Turquie a brutalement changé de visage !

 

Recep Tayyip Erdogan a été élu démocratiquement pour la troisième fois et demeure populaire mais il n’a pas réussi à faire coexister religion, politique et démocratie occidentale dans une parfaite harmonie. Devant ce cuisant échec et suite aux répliques du « Printemps arabe », nous constatons que les islamistes totalitaires d’aujourd’hui ne peuvent diriger leur pays avec des valeurs démocratiques et universelles. Le cas de l’Egypte est éloquent et celui de l’Iran, criant. Les deux doctrines sont incompatibles et inconciliables, la démocratie n’étant pas seulement affaire d’élections, c’est un état d’esprit. Seul le divorce, la séparation totale de la religion islamique avec l’Etat pourra permettre de gérer un pays dans la voie de toutes les libertés et du respect des droits de l’homme et de la femme. Erdogan a choisi la mauvaise voie et surtout la manière forte. Il a jeté en prison les opposants au régime, a contrôlé l’état-major de l’armée qui fut naguère le garant des laïcs et de la stabilité ; il a muselé la presse, rejette avec mépris les nouveaux réseaux sociaux dont Facebook et Twitter, et rêve toujours de devenir le nouveau leader ottoman du monde sunnite. Il s’est trompé sur toute la ligne et notamment dans sa politique anti-israélienne. A l’évidence, il a perdu la face!

 

Pour empêcher le chaos et lui éviter de subir le sort de Moubarak ou Ben Ali, Erdogan devra agir vite, avec sagesse, éviter à tout prix les affrontements avec les indignés et apaiser rapidement les esprits par des mesures démocratiques et des réformes libérales. Sinon, la population s’abandonnera à sa colère, la grogne explosera en permanence, et son régime tombera tôt ou tard. 

 

Au moment où nous tournons la page tumultueuse avec les Turcs et relançons le dialogue diplomatique et économique avec Ankara, nous suivons ces derniers événements avec vigilance et inquiétude. Devant la crise syrienne, les dernières manifestations en Iran contre le régime obscur des ayatollahs, et les risques réels d’un embrasement de toute la région, il est de notre propre intérêt de revoir s’installer en Turquie la stabilité et la prospérité, et de pouvoir entretenir avec ce grand pays de l’Islam sunnite des relations fructueuses et amicales.

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