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ISRAËL AU 21e SIÈCLE : LES ENJEUX POLITIQUES DU GAZ OFFSHORE

 

 

 

 

 

 

 

Les enjeux géopolitiques du gaz offshore

David Wurmser

Le CAPE de Jérusalem, 20 avril 2013

 

Le 30 mars dernier, le flux du gaz naturel en provenance du réservoir Tamar situé en Méditerranée a été inauguré en grande pompe, marquant ainsi le début d’une ère nouvelle.

 

Désormais, Israël est indépendant en besoins énergétiques, mais surtout il pourra devenir un exportateur mondial de gaz maritime, notamment en direction de l’Europe.

 

Tout a débuté le 17 janvier 2009 lorsqu’une équipe dirigée par une société texane, Noble Energy, a découvert du gaz dans le champ Tamar à l’est de la Méditerranée. Elle estime sa découverte à 9,7 trillions de cubes (TCF) de gaz naturel de pure qualité. Deux ans plus tard, la même équipe, forant à quelques dizaines de kilomètres à l’ouest, a découvert un gigantesque gisement de gaz nommé à juste titre “Léviathan”. Ce nouveau forage est estimé contenir plus de 18 TCF et pourrait commencer à fournir du gaz à partir de 2016.

 

Le site Tamar n’est que le début de l’exploration en Méditerranée car l’ensemble de la quantité de gaz découvert suffit pour une consommation pouvant durer plus d’un demi-siècle. Pour comparer avec l’Europe, le gisement représente plus de la moitié de ce que les 27 pays de l’Union européenne consomment chaque année. 

 

A court terme, la Jordanie semblerait être un pays pour l’exportation du gaz car il s’agit d’une entreprise relativement simple et peu coûteuse. Toutefois, en raison de sa proximité géographique, l’Europe pourrait devenir un marché attractif. En effet, elle traverse une crise majeure d’approvisionnement de gaz en raison de l’instabilité en Afrique du Nord et particulièrement en Algérie. Mais l’Asie, et en premier lieu la Chine, pourra devenir une destination préférentielle. La compagnie australienne Woodside, qui a déjà acquis un tiers des droits du site “Léviathan”, souhaite orienter la commercialisation du gaz vers l’Asie et envisage la construction d’une usine de liquéfaction.

 

Suite à l’amère expérience d’Israël avec l’Egypte, dont la moitié de son approvisionnement en gaz naturel a été définitivement rompu juste après la chute du régime Moubarak, Israël devrait prévoir de nouvelles infrastructures au sein de son propre territoire mais aussi au-delà des frontières, avec la Jordanie, Chypre, ou la Turquie.        

 

Les responsables israéliens perçoivent le nouveau gazoduc traversant Israël et reliant la mer Rouge et la Méditerranée comme une alternative au canal de Suez. Cependant, une nouvelle structure fonctionnant directement d’Eilat vers les marchés asiatiques pourrait être confrontée à un grave problème stratégique, à savoir : le renforcement de la présence navale iranienne en mer Rouge.   

 

Le “printemps arabe” et ses retombées ont prouvé que les gazoducs internationaux étaient particulièrement vulnérables et les armées arabes sont désormais incapables de les protéger ou peut être ne sont pas disposées à le faire.

 

Ces turbulences ont également menacé la sécurité énergétique de l’Europe. Il existe cinq gazoducs fournissant du gaz en provenance d’Afrique du Nord, principalement d’Algérie.

 

L’Union européenne a cherché à diversifier son approvisionnement en gaz en construisant le gazoduc Transsaharien. Mais ce dernier, qui transporte du gaz en provenance du Niger, passe par Hassi al-Rim, en Algérie, où il se raccorde aux autres gazoducs concurrentiels. Environ 18% de la fourniture du gaz d’Europe est acheminée à partir de ce site, qui se trouve donc être extrêmement vulnérable.

 

Tandis que la France est intervenue au Mali, la montée des islamistes en Afrique du Nord, dans le Sahara et au Sahel a menacé considérablement la stabilité des pays de la région. L’effondrement des institutions centrales a renforcé le rôle ancestral des tribus, des grandes familles et des bédouins. La présence de puits de pétrole ou de gaz à la portée des tribus prête un énorme pouvoir aux négociations. Par exemple en mars 2013, la production du champ de pétrole de Jalu, en Libye, a été suspendue durant plus d’une semaine jusqu’à ce que la compagnie Waha Oil cède en embauchant des chauffeurs et des gardiens d’une tribu locale. Dans le delta du Nil, la production de gaz naturel a été perturbée et certains champs de pétrole fermés en raison des pressions exercées par la population locale. En outre, des bédouins armés installés dans la péninsule du Sinaï ont kidnappé le patron américain d’Exxon Mobile et son épouse, puis les ont relâchés quelques heures plus tard. En Algérie, comme au Maroc ou en Mauritanie, des intérêts locaux et tribaux prévalent souvent sur les considérations diplomatiques. 

 

Ainsi, le climat de tensions en Afrique du Nord demeure si explosif que des troubles peuvent facilement éclater et dégénérer à partir d’un problème local, insignifiant dans le contexte international et face aux besoins énergétiques extérieurs.

 

Devant cette nouvelle donne et le souhait de réduire la dépendance à l’égard de la Russie, l’Europe pourrait représenter pour Israël une opportunité pour signer des accords à long terme et renforcer ses relations avec son premier partenaire économique.

 

Bien entendu, ce projet ambitieux et grandiose n’est pas sans complications ni risques.

 

Sur le plan politique, les nouvelles ressources énergétiques sont un atout considérable pour le bien des populations mais aussi pour pouvoir favoriser la paix entre Israël et ses voisins. Hélas, l’expérience du passé démontre le contraire. Les efforts dans le développement économique et commercial ont plutôt augmenté la ferveur islamique contre Israël et ont renouvelé les attaques antisémites et populistes concernant le soi-disant “contrôle des Juifs sur les économies arabes”.

 

Alors que certains en Israël espèrent que l’exportation du gaz vers la Turquie aidera à renforcer des relations bilatérales tendues, l’expérience avec l’Egypte et les Palestiniens diminue les espoirs dans ce sens.

 

Enfin, les nouveaux défis stratégiques, le changement de l’ordre régional et les nouvelles ressources énergétiques devront augmenter les dépenses militaires. Ils renforceront certes la position israélienne, mais dépendront aussi de la politique américaine dans cette région du monde qui s’est bien affaiblie ces dernières années.

 

 

Les raisons des raids en Syrie

Stéphane Juffa

menapress.org, 5 mai 2013

 

A la fin de mon article de jeudi après-midi dernier, "Evolutions", je rapportais que j’entendais à la fois des vols de chasseurs-bombardiers et de fortes explosions. Après vérification, il ne s’agissait pas de combats d’artillerie entre sunnites et alaouites, mais bien de frappes aériennes.

 

Depuis la rédaction de Métula, on en compta six ou sept. Elles étaient particulièrement violentes.

 

Ce matin, des sources proches des renseignements occidentaux, des agences de presse, des porte-paroles de la rébellion syrienne, ainsi que des fuites en provenance d’officiels israéliens et américains font état d’un raid aérien d’envergure sur Damas, aux petites heures de ce dimanche.

 

Ces informations évoquent deux attaques – ou séries d’attaques -, dont l’une se serait déroulée vendredi matin, et l’autre, comme nous venons de le mentionner, aujourd’hui.

 

A la Ména nous possédons suffisamment de rapports précis pour nous permettre d’affirmer que si ces deux assauts ont bien eu lieu, il y en eut d’autres, très récemment, qui sont passés inaperçus aux yeux de la plupart des commentateurs, à l’exception de quelques officiers de l’ASL [Armée Syrienne Libre] sur le terrain.

 

On n’en est peut-être pas au stade d’actions militaires ininterrompues de la part de Tsahal mais, assurément, de frappes ciblées à répétition. Les objectifs militaires que poursuivent les pilotes hébreux sont des entrepôts et des cargaisons de missiles sol-sol iraniens de type Fatah-110 (le victorieux), de quatrième génération, à destination du Hezbollah au Liban ; des missiles sol-air de fabrication russe, également destinés à la même milice, des radars antiaériens, russes aussi, déployés en Syrie ; des centres de stockage d’armes de destruction massive, et aussi des brigades syriennes spécialisées dans la mise en œuvre des moyens sol-air, et, finalement, des brigades de Pasdaran, les Gardiens de la Révolution iraniens.

 

Ce qu’il est indispensable de noter, d’un strict point de vue stratégique, est que ces raids n’ont pas grand-chose à voir avec la Guerre Civile syrienne. Ces opérations sont exclusivement liées à la situation prévalant entre l’Iran et Israël.

 

Tout le monde, dans la région, est conscient qu’une attaque contre les infrastructures nucléaires perses est prévue par l’état-major de Tsahal entre la fin juin et le début juillet. La plupart des analystes sont d’avis que si ce conflit devait se déclencher, la "République" Islamique ne riposterait pas directement contre l’Etat hébreu, par crainte de voir la confrontation gagner en intensité sans avoir les moyens de se mesurer efficacement aux ressources militaires de Jérusalem.

 

Dans cette situation, Téhéran mise principalement sur l’ouverture d’un second front à partir du Liban, entre la milice chiite du Hezbollah et Israël.

 

Mais les hommes de Hassan Nasrallah ne disposent actuellement, en grande majorité, que de roquettes de courte et de moyenne portée, pas à même d’opposer un défi crédible à la puissance de feu israélienne.

 

Certes, le Hezb possède des dizaines de milliers de ces engins rustiques, mais, comme on l’a remarqué en 2006, même en en tirant un très grand nombre – on pense que 8000 roquettes avaient été lancées du Liban durant ledit conflit -, l’étendue des dégâts et le nombre des victimes côté hébreu demeura négligeable en termes tactiques.

 

Pour commencer à poser un problème militaire à Tsahal, et justifier ainsi l’ouverture d’un second front, Nasrallah doit impérativement disposer de deux choses : des missiles sol-air dotés d’une technologie avancée, capables à tout le moins de déranger un peu la suprématie absolue de l’aviation adverse, ainsi que de missiles sol-sol précis et porteurs d’une charge explosive conséquente.

 

Ces considérations expliquent les efforts soutenus consentis par l’Iran dans le but d’acheminer des armes de ces types dans le pays des cèdres. En pleine guerre civile syrienne, Téhéran utilise l’aéroport de Damas, même soumis aux bombardements des forces insurgées, non pas pour renforcer l’armée de Béchar al Assad, mais pour préparer sa propre guerre éventuelle contre les Israéliens.

 

En termes stratégiques plus globaux, cela donne une explication satisfaisante aux propos tenus mardi dernier par Gaby Ashkenazi [l’ancien chef d’état-major de Tsahal] à New York : il est dans l’intérêt de Jérusalem de favoriser la victoire des forces sunnites sur celles du régime actuel.

 

Plus les al Assad perdront du terrain, plus la capacité des Iraniens à utiliser la Syrie en qualité de plateforme logistique pour armer le Hezbollah sera réduite.

 

L’objectif des Israéliens, en favorisant le transfert du pouvoir à l’opposition syrienne, consiste, en première finalité, à priver les ayatollahs de l’opportunité d’ouvrir un second front à partir du Liban.

 

S’ils en sont empêchés, par des raids aériens et/ou par une perte de l’aéroport international de Damas, par exemple, le problème tactique de l’Iran face à une éventuelle attaque israélienne de son industrie nucléaire sera pratiquement insurmontable.

 

Une évolution de la situation dans ce sens pourrait, si les dirigeants de la théocratie chiite agissent dans la logique, les pousser à la transaction lors de leurs discussions officielles avec les 5+1, et secrètes, en Suisse, avec les émissaires de Washington.

 

A propos du Fatah-110, nos lecteurs doivent savoir que, contrairement aux roquettes actuellement à la disposition du Hezb, privées de moyens de guidage, il s’agit, dans ce cas, d’une arme efficace et redoutable.

 

Le Fatah-110-D1, soit la quatrième génération du Fatah 100, datant des premières années du XXIème siècle, possède l’avantage d’emporter, à plus de 3 500 km/h, une charge explosive de l’ordre de 250 kilos, sur une distance maximale de 300 km.

 

De quoi atteindre pratiquement n’importe quelle cible stratégique en Israël à partir du Liban et de l’endommager sérieusement. A noter que les Perses affirment que le Fatah-110 peut emporter jusqu’à 650 kilos de charge utile, mais les experts occidentaux ne les croient pas. Reste qu’un quart de tonne d’explosif représente un potentiel destructeur considérable, apte à raser un bloc d’immeubles dans son entièreté, une base militaire ou une usine.

 

Cela explique les risques pris par l’armée de l’air à l’étoile bleue dans le but d’empêcher que ces missiles ne parviennent dans les mains des miliciens chiites libanais.

 

Tôt ce matin, c’est une quantité conséquente de ces missiles et de leurs ogives qui ont été touchés de plein fouet par les salves des F-16 du He’l Avir. La déflagration impliquant des milliers de kilos de charges hautement explosives a transformé le ciel de Damas en décor d’apocalypse.

 

"On aurait dit", confient des témoins oculaires, "l’explosion d’une bombe atomique. Les flammes s’élevaient à une centaine de mètres au-dessus du quartier de Jamraya, dans le nord de la capitale syrienne, et les détonations assourdissantes se succédaient". Sur les images filmées depuis les avant-postes rebelles, on entendait les combattants sunnites admirer la scène, en lançant des Allah hou akbar !, Dieu est grand. [Voir la vidéo de la principale explosion tournée par les rebelles].

 

L’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme, l’officine médiatique principale des rebelles située en Grande-Bretagne, de même que des sources combattantes et d’autres s’exprimant depuis Beyrouth, ont annoncé que les frappes des chasseurs-bombardiers ont également visé d’autres dépôts de munitions, des systèmes antiaériens syriens ainsi que deux bataillons de Pasdaran perses.

 

En effectuant des recoupements à partir de nos bureaux de Beyrouth et de Metula, nous sommes d’avis que ces informations sont plausibles.

 

Sorti du domaine strictement militaire, il est loisible d’observer que ces frappes aériennes revêtent plusieurs conséquences largement positives pour Jérusalem. En décidant de se départir de leur neutralité stérile, le gouvernement et l’establishment de la Défense israéliens sont en train de briser l’une de leurs plus mauvaises habitudes : jusqu’à présent, ils remportaient des succès militaires indiscutables mais ne parvenaient pas à les transformer en résultats positifs sur le plan politique.

 

A l’occasion de leurs dernières actions, ils se sont mis à inverser la tendance ; d’abord en renforçant leur capacité de dissuasion démontrée. Car autant les partisans d’Assad, que les combattants de la rébellion, les miliciens chiites libanais, les responsables de la "République" Islamique d’Iran, que les dirigeants et les observateurs avisés du monde arabo-musulmans, vont garder longtemps en mémoire les images vidéo des explosions gigantesques de ce matin.

 

Avec un impact sans doute particulier sur les officiers de l’armée iranienne et sur les mollahs, qui saisissent sans peine que ce que les appareils israéliens viennent de réaliser à Damas, ils pourront le répéter tout aussi efficacement dans deux mois sur leur territoire.

 

Ils savent, entre autres, que les moyens de défense antiaériens dont ils disposent sont identiques à ceux qui sont déployés en Syrie. Lors, la supériorité des Hébreux dans le domaine de la guerre électronique est telle, que la DCA [Défense Contre les Avions] alaouite ignorait jusqu’à la présence des avions dans son ciel et n’a pas eu la possibilité ne serait-ce que de tenter de les intercepter.

 

De ce point de vue, l’on peut conclure que le He’l Avir est techniquement prêt pour une intervention en Perse, et que ses pilotes, du fait de leur avancement technologique, ne courent qu’un risque très mesuré en participant à ces opérations.

 

L’on peut aussi déduire, comme vient de le faire le major-général à la retraite Amos Yadlin, ex-chef du renseignement militaire, que "ce que l’on voit en Syrie démontre un niveau très élevé de renseignement et de performance militaire". Il est vrai que des pilotes entraînés à atteindre un chef terroriste à Gaza au milieu d’une foule, avec une précision de l’ordre de quelques centimètres, n’expérimentent naturellement pas de problèmes lorsqu’il s’agit de détruire un grand entrepôt.

 

Tout cela est prédominant du point de vue du moral et de la dissuasion, mais il y a plus encore. La télévision syrienne a bien fait état du raid de cette nuit, de même que les porte-paroles du régime, mais ils l’ont fait en s’épargnant les menaces de représailles qu’ils profèrent ordinairement.

 

Même les commentaires officiels iraniens sont prudents, soulignant que l’armée de la théocratie chiite, si elle compte entraîner celle des al Assad, ne projette pas de se battre à ses côtés contre "l’entité sioniste".

 

Pour Assad, les termes de l’équation sont simples : toute tentative, ne serait-ce que symbolique, de riposter militairement contre Israël, se solderait par un appui accru des Hébreux à son opposition. Jérusalem se trouve dans une situation confortable, dans laquelle elle peut décider, sans pour cela employer des moyens démesurés, qui des alaouites ou des sunnites remportera la guerre civile. Pour Bechar al Assad, défier Tsahal aurait pour conséquence certaine de se voir renverser de son trône déjà chancelant.

 

Même incapacité de riposter pour le Hezbollah : en ce dimanche, à Métula et à Kiryat Shmona, aussi bien qu’à Nahariyya, Haïfa et Afula, l’état d’alerte n’a pas été décrété et les gens vaquent normalement à leurs occupations professionnelles.

 

Ce matin, par mesure de précaution, deux batteries de Dôme de fer ont été déployées, l’une dans la périphérie de Haïfa, l’autre, dans celle de Safed. Au sein de l’état-major hébreu, l’on est persuadé que les Iraniens et leurs substituts chiites libanais ne prendront pas le risque insensé de tirer quelques-unes de leurs roquettes en direction de la Galilée.

 

La raison à la clé de leur réflexion consiste en cela que la milice libanaise se trouve terriblement exposée à d’éventuels raids supplémentaires de l’aviation bleue et blanche. Le Hezb est traditionnellement une milice agissant selon les règles de la guérilla ; c’est-à-dire qu’elle se fond parmi la population et que c’est ainsi qu’elle se préserve des attaques d’un ennemi qui lui est supérieur dans tous les paramètres de la confrontation.

 

Mais ces jours, le Hezbollah a été amené à modifier sa tactique, intégrant ses combattants à l’armée régulière syrienne et aux brigades de Gardiens de la Révolution. Ses forces n’agissent plus selon les lois de la guérilla mais à l’instar d’une armée régulière, avec des bases exposées et des voies de communication connues, ce qui en fait des proies de prédilection pour les pilotes expérimentés du He’l Avir.

 

Dans les conditions qui prévalent, le prix à payer par le Hezb pour le tir de quelques Katiouchas se paierait, pour les supplétifs libanais d’Ahmadinejad, par des centaines voire des milliers de morts en quelques sorties de l’aviation israélienne.

 

Quant à l’Iran, il ne dispose pas des moyens nécessaires afin de se livrer à une attaque préventive de l’Etat hébreu. Toute offensive de sa part se solderait par une défaite cuisante, additionnée du transfert à Jérusalem de la légitimité internationale de s’en prendre à ses infrastructures nucléaires. Ceci explique la retenue des ayatollahs.

 

Côté occidental, finalement, dans le camp des démocraties qui aimeraient bien en faire plus pour aider la rébellion, mais qui craignent de se mouiller comme en Irak et en Afghanistan, on n’a aucune intention de critiquer les opérations israéliennes. Au contraire, le Président Barack Obama a déclaré, en apprenant l’attaque sur Damas, qu’Israël avait "le droit de se protéger contre le transfert d’armes avancées à destination du Hezbollah".

 

Dans le même cadre, nous devons relever que ces tentatives iraniennes de transférer des missiles au Liban violent de manière flagrante la résolution 1701 du Conseil de Sécurité de l’ONU ayant mis un terme à la Deuxième Guerre du Liban en 2006. Celle-ci interdit formellement à tout pays de livrer des armes à toute organisation armée autre que celle dépendant des autorités légitimes de Beyrouth.

 

 

 

Les arcanes de la position conciliatrice

d’Obama face au nucléaire iranien

Richard Darmon

upjf.org, 17 mai 2013

   

A l’occasion du Nouvel An perse célébré voilà quelques semaines, le président américain a élucidé les trois lignes forces de la stratégie de Washington censée empêcher les mollahs de Téhéran de détenir « l’arme suprême » : persuasion, menaces d’isolement et sanctions économiques aggravées. Mais apparemment, cela ne marche pas du tout avec les leaders iraniens actuels ! Pour la 5ième année consécutive, Barack Obama a tenu à présenter ses meilleurs vœux de réussite et de prospérité au peuple iranien à l’occasion du Nowruz, le Jour de l’An perse célébré chaque année en Iran et dans une dizaine d’autres pays à la fin mars au moment de l’équinoxe du printemps.

 

Comme l’ont relevé les spécialistes des relations américano-iraniennes, le plus intéressant dans ce 5e « discours de Nowruz » d’Obama fut le changement assez perceptible de ton et de vocabulaire dans sa rhétorique appelant les leaders iraniens à ouvrir un « dialogue constructif » avec son pays. Alors qu’en 2010, Obama déclarait que « les USA reconnaissent votre droit à utiliser pacifiquement l’énergie nucléaire », il précisait en 2012 que « l’Iran doit prouver par des mesures concrètes qu’il assume ses responsabilités eu égard à son programme nucléaire ».

 

Or, le grand changement de ton et de « focus » relevé fin mars dernier a tenu à cette phrase d’Obama : « Les leaders iraniens disent que leur programme nucléaire poursuit des buts seulement médicaux et énergétiques. Mais jusqu’ici, ils ont été incapables de convaincre la communauté internationale que leurs activités nucléaires n’avaient que des objectifs pacifiques ». Et de conclure avec des menaces de sanctions économiques aggravées : « Le choix d’un avenir meilleur, avais-je déclaré l’an dernier, est dans les mains des leaders iraniens. Mais ces mots ne sont plus valables aujourd’hui, car ce sont ces mêmes leaders qui ont directement contribué à l’isolement de leur propre pays. Voilà pourquoi le monde est désormais uni pour résoudre cette question et pourquoi l’Iran se retrouve si seul – ce qui n’est d’ailleurs pas bon pour le monde lui-même ! (…) Et s’il poursuit sur sa même voie, le gouvernement de Téhéran doit savoir que l’isolement de l’Iran sera encore accru ».

 

Conclusion : même si le président américain a utilisé de nombreuses fois le mot « sanctions » dans ce discours plus que dans les quatre précédents, et même si une partie de l’opposition iranienne a sympathisé avec ce ton à la fois conciliant et menaçant qui prenait parti pour le « peuple iranien » contre « l’aveuglement » de ses dirigeants actuels – une modération qui lui permet aussi de recueillir le soutien des Américains et de la communauté internationale -, il reste bien clair que Washington est fermement opposé à toute confrontation militaire avec l’Iran : tout simplement parce qu’Obama a fait le choix de la diplomatie et des sanctions, en rejetant toute menace ou rhétorique sur un conflit armé !

 

Ce n’est pas seulement le triple échec patent, en six mois, des trois rounds de négociations entre l’Iran et le G 5 + 1 (il y aura eu en tout cinq essais et échecs de ce genre lors de la dernière année !) qui montre que les mollahs de Téhéran sont prêts à endurer les pires « sanctions aggravées » et un isolement maximum pourvu qu’ils puissent enfin concrétiser leurs « rêves nucléaires » et asseoir, ce faisant, leur volonté tous azimuts d’hégémonie régionale… Même avec une certaine ambigüité, les stratèges américains reconnaissent en effet que la politique d’Obama n’est pas adéquate face au leadership iranien actuel.

 

Ainsi, lit-on dans les conclusions d’une étude de fond qui vient de paraître aux USA, rédigée par les experts officiels de l’« Iran Project », les deux phrases contradictoires suivantes : « Un renforcement du processus diplomatique doublé de menaces de sanctions en échange d’une véritable coopération avec l’Iran pourrait nous faire sortir de l’impasse actuelle et mener à un accord nucléaire. (…) Mais après presque trois décennies de sanctions et de tentatives d’isoler l’Iran, il semble assez douteux que seules des ‘pressions’ de ce genre puissent infléchir les décisions de ses leaders »…

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