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LA LIGNE ROUGE : DANGERS ET ENJEUX D’UN IRAN NUCLÉARISÉ

 

 

 

 

A LA VEILLE D’UN IRAN NUCLÉARISÉ :
LES DANGERS ET LES ENJEUX

Dore Gold

le CAPE de Jérusalem, 6 septembre 2012

 

Le report d’une action militaire américaine contre l’Iran causera  des implications dramatiques pour l’Etat juif car une attaque de la  » dernière minute » pourrait porter un lourd coup aux Etats Unis et nuire à ses relations avec les pays du Golfe persique.
 
Comme nous l’avons indiqué auparavant la différence essentielle entre Israël et les Etats Unis est que Washington souhaite patienter  longtemps jusqu’au jour où elle définira la réalité sur le terrain et utilisera sa force militaire pour éliminer le programme nucléaire iranien. Les Etats-Unis peuvent se le permettre en raison de la suprématie écrasante de leurs forces aériennes par rapport à l’aviation israélienne, et dans cette hypothèse l’Iran ne pourra  plus protéger ses installations nucléaires contre les bombardiers B-12.
 
Dernièrement, le chef d’état-major américain le général Martin Dempsey a déclaré aux journalistes qui l’accompagnaient en Afghanistan: « Israël considère la menace iranienne beaucoup plus sérieusement que les Etats Unis, car un Iran nucléarisé est une menace existentielle pour l’Etat d’Israël. » Les Etats Unis peuvent aussi attendre car ils sont convaincus d’obtenir au moment voulu les renseignements nécessaires pour affirmer que l’Iran a franchi le seuil nucléaire.
 
Au mois de mars dernier, le président Barack Obama  avait déjà déclaré au journaliste Jeffrey Goldberg du journal Atlantic: ‘l’Iran ne possède pas d’arme nucléaire et n’est pas en position d’en acquérir sans nous laisser le temps de savoir qu’il essaye de le faire ». Le président Obama suppose que tant que Téhéran n’a pas expulsé les inspecteurs de l’AIEA et éteint les projecteurs et les caméras, mesure qui sera prise probablement en  dernière étape du processus de nucléarisation, à savoir « percée nucléaire », les Etats Unis n’envisageront pas d’utiliser leur force contre l’Iran.
 
Bien qu’il ne l’ait pas souligné explicitement, le président Obama n’a pas exclu la possibilité que dans les mois à venir l’Iran poursuivra de plus belle son projet. Selon cette logique, Téhéran pourra peut être face à des sanctions et à des pressions diplomatiques, mais tant qu’elle n’a pas vraiment franchi le seuil nucléaire, elle n’aura pas à confronter une attaque américaine.
 
Le fait que les Etats Unis se résignaient à une situation qui prouve  que l’Iran se trouve « au seuil nucléaire », permet à l’Iran de démanteler progressivement les alliances que les Etats-Unis ont tissées au Proche- Orient.
 
Sur ce point et déjà en 2010, l’ancien Secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a mis en garde le fait accompli de la politique iranienne selon laquelle il est nécessaire d’aboutir au « seuil nucléaire » mais ne pas fabriquer une bombe, les Etats Unis n’auraient aucun moyen de le savoir en temps réel, précise t-il.  Soulignons que l’Iran a déjà tenté de raccourcit la procédure pour pouvoir atteindre ce seuil, et ainsi accroitre  encore plus le défi des services des renseignements.
 
C’est clair, en produisant une quantité croissante d’uranium enrichi à 20%, Téhéran raccourci de moitié le temps nécessaire pour enrichir de l’uranium à 90% a des fins militaires.
 
Actuellement, et jusqu’au printemps prochain, le stock de l’uranium enrichi à faible niveau suffirait pour composer au moins huit bombes atomiques, au moment où cet uranium subira un enrichissement supplémentaire.
 
Selon les rapports de l’AIEA, l’Iran a déjà adapté ses ogives de missiles Shahab 3 de la sorte qu’ils puissent porter une arme nucléaire à une distance de 1300 kms. Toutefois, nous ne savons pas quel est le  rythme de leur production et adaptation. Cependant, la production d’armes nucléaires en laps de temps court de quelques semaines  permettra à l’Iran d’aboutir au seuil de sa capacité nucléaire. Ce procédé est très dangereux pour des raisons évidentes car une fois que la percée nucléaire est franchie  l’Iran pourrait construire rapidement et sans difficulté majeure un arsenal nucléaire considérable.
 
Au fil que le temps passe, plusieurs pays en particulier ceux du Golfe, concluront que les Etats-Unis n’agiraient pas contre l’Iran malgré toutes les menaces. Cette situation néfaste  pourra conduire à la désintégration du système des alliances américaines dans la péninsule arabe. Pour exemple, les Qataris commencent depuis quelques temps  à s’interroger sérieusement sur la volonté des Etats  Unis de faire face au défi iranien. Ainsi, le Qatar a modifié sa politique envers Washington et a adopté une ligne d’orientation pro-iranienne dans le but, probablement, de se défendre. Dans ce contexte, les tensions avec les Etats-Unis pourront s’étendre également à l’Arabie saoudite et à d’autres pays du Golfe, ce qui provoquerait entre-autres une hausse des prix du pétrole dans le cadre de l’OPEP.
 
En janvier 2012, la secrétaire d’Etat, Hilary Clinton, avait déclaré devant le Congrès américain que les Etats Unis s’opposent  à ce que l’Iran possède la capacité de produire une arme nucléaire. Comment donc les Etats Unis pourront t-ils traduire cette ferme position dans la pratique, le jour où la Maison Blanche sera consciente du fait que la diplomatie se trouve dans une forte impasse?!

 

LA LIGNE ROUGE OU LA GUERRE

Stéphane Juffa

menapress.org, 4 septembre 2012

 

Laurent Fabius, le ministre français des Affaires Etrangères, a mis en garde Israël, sur la chaîne TV BFM, contre une attaque visant les installations nucléaires iraniennes, considérant qu’une telle opération serait "contre-productive".

 

M. Fabius a précisé qu’il était catégoriquement opposé à ce que la "République" Islamique possède des armes atomiques, mais que, "malheureusement", une action israélienne permettrait à Téhéran de se poser en victime, et que cela serait au détriment de l’Etat hébreu.
 
Parlant de ce qu’il préconise, il s’est affirmé favorable à un accroissement des sanctions internationales, tout en continuant à négocier avec les ayatollahs afin de les faire plier. Le ministre a affirmé que le nouveau train de restrictions, appliqué depuis juillet et comprenant un embargo américain sur les exportations de brut, commençait à porter ses fruits.
 
Nombre de responsables politiques occidentaux tiennent le même discours que M. Fabius. Malencontreusement, celui-ci nous semble déconnecté des exigences de la réalité, et notamment des nouvelles qui se multiplient, en provenance de l’AIEA et des services de renseignement alliés, qui démontrent toutes que l’Iran se situe dangereusement proche de ce qu’il faudrait "catégoriquement" éviter.

 

Il existe un grand péril dans le fait de rêver à haute voix de ce que l’on aimerait qu’il se produise, alors qu’il est facile, pour un responsable européen, de se convaincre que cela n’est pas le cas.

A quoi bon deviser sur d’hypothétiques négociations, tandis qu’un nouveau cycle de discussions avec les Perses s’est achevé dernièrement, aboutissant à la certitude que le régime d’Ahmadinejad n’entendait même pas entrer sérieusement en matière sur la question de son armement nucléaire.

 

Il s’agit d’un jeu d’autant plus dangereux, que l’on a observé que Téhéran mettait simplement à profit les tentatives de règlement diplomatique de la crise pour gagner du temps, tout en augmentant la cadence de ses efforts en vue d’obtenir la Bombe.
 
Témoin ces derniers rapports faisant état du doublement du nombre des centrifugeuses de dernière génération, installées dans le ventre de la montagne de Qom, pour le porter à sept cents unités.

Et les efforts en question se sont encore accélérés depuis l’introduction des nouvelles sanctions – n’en déplaise à Laurent Fabius – en juillet.
 
Quant aux risques que courrait le monde civilisé en cas de succès du programme nucléaire militaire des mollahs, nous les avons souvent détaillés dans ces colonnes. Ils sont si importants qu’ils pourraient changer la face du monde, le rendant ingérable, et le poussant irrémédiablement dans la direction de l’Armageddon. Il me semble également que plusieurs Etats, et non des moindres, persistent à ne pas assimiler pleinement les retombées d’une telle situation, et qu’ils se bercent toujours de l’illusion que même un Iran nucléarisé demeurera contrôlable, que ce sera certes désagréable, mais que cela ne conduira pas à la fin du monde.
 
Il est à ce titre regrettable que les responsables de ces pays n’aient pas pris connaissance du document rédigé par les analystes Anthony H. Cordesman et Adam C. Seitz. Un rapport dont mon ami Jean Tsadik nous avait déjà entretenus, et qui décrit dans les moindres détails à quoi ressemblerait la planète, au cas où M. Fabius se tromperait dans ses estimations.
 
L’étude en question – en langue anglaise – Iranian weapons of mass destruction (les armes iraniennes de destruction massive), Strategic and warfighting implications of a nuclear armed Iran (les implications stratégiques et militaires d’un Iran possédant des armes nucléaires) est publiée par The Center for Strategic and International Studies (le Centre d’Etudes Stratégiques et Internationales).
 
C’est un institut washingtonien connu pour son réalisme et son indépendance politique. Quant aux auteurs, ils comptent assurément parmi les experts les plus respectés dans notre domaine d’activités. 

Le rapport fait 62 pages, et je conseille vivement à tous ceux qui entendent connaître précisément les tenants et les aboutissants de la crise actuelle de ne pas se satisfaire des rumeurs de café du commerce et de le lire.
 
En ce qui concerne les responsables politiques, je considère que cela participerait d’une démarche irresponsable de ne pas le faire.

 

Lorsque l’on appréhende la menace dans ses justes proportions, l’on saisit naturellement les craintes de Messieurs Ehud Barak et Binyamin Netanyahu au sujet d’un Iran nucléaire. L’on comprend aussi les raisons qui les engagent à envisager une solution militaire et à préparer leurs concitoyens à cette éventualité.

 

On réalise par là même qu’Israël n’est pas l’unique Etat concerné par la nucléarisation de la "République" Islamique, mais que les autres pays occidentaux le sont tout autant. Les singularités de Jérusalem, dans cette problématique, résident en la proximité géographique de la Perse, ainsi que dans les déclarations répétées de ses dirigeants actuels, promettant l’anéantissement d’Israël et de ses habitants. 

 

Pour le reste, l’essentiel et le long terme, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, les USA et même la Russie ont exactement autant à craindre que les Hébreux du projet des ayatollahs. Ces derniers considérant Israël comme la tête de pont de la civilisation judéo-chrétienne qu’ils abhorrent, mais certainement pas comme leur cible ultime. Leur objectif final – et ils ne s’en cachent pas – procédant de l’islamisation de la planète selon l’obédience chiite.  

 

Ces observations expliquent la raison pour laquelle Barak et Netanyahu encouragent les autres nations concernées à prendre leurs responsabilités, à commencer par la plus puissante d’entre elles. Cette analyse justifie aussi l’irritation des Israéliens en constatant l’incapacité des autres chefs d’Etat occidentaux à agir de façon concertée et efficace pour la réalisation de l’objectif qu’ils prétendent tous partager.
 
A ce propos, le 1er ministre israélien vient de rendre publique la conclusion que nous proposons depuis de nombreux mois aux lecteurs de notre agence : à savoir qu’il est toujours loisible d’éviter la confrontation militaire, à condition de se mettre d’accord et d’adresser un ultimatum public à Ahmadinejad et Khamenei. B. Netanyahu a appelé cela la "ligne rouge".
 
Hier lundi, il a demandé à Barack Obama, à l’occasion d’une rencontre avec des vétérans des guerres américaines, de délimiter les conditions qui, si elles étaient franchies par les Iraniens, déclencheraient une attaque US contre les infrastructures nucléaires perses.
 
Le 1er ministre s’est montré particulièrement précis à cet égard, déclarant : "plus claire sera la ligne rouge dressée à l’attention de l’Iran par la communauté internationale, plus réduites seront les risques d’un conflit".

 

En échange de cet engagement, s’il est énoncé de façon opérationnelle, Jérusalem est prête à mettre de côté l’option d’une intervention en solo de sa part.

 

Cela intéresse fortement le président US en cette période électorale. Il y est plus sensible qu’auparavant, quand les Israéliens lui demandaient d’édicter un "calendrier" d’action contre la théocratie islamique.

 

Le rationnel de la plus grande sensibilité du Président Obama tient en cela qu’il considère qu’une opération israélienne impliquerait l’Oncle Sam à son corps défendant dans une guerre régionale, et que cela pourrait hypothéquer significativement ses chances de devancer Mitt Romney dans les urnes.

 

Tandis que la publication d’une red line par la Maison Blanche serait probablement interprétée par les électeurs telle une preuve de détermination de la part du président. Ce, d’autant plus que les sondages montrent que l’opinion publique américaine est encore plus farouchement opposée que M. Fabius à un Iran possédant la bombe atomique.
 
A en croire les célèbres journalistes du New York Times (favorable à Obama), Eric Shmitt et David E. Sanger, à la Maison Blanche, l’idée de la ligne rouge serait déjà peu ou prou adoptée ; on ne discuterait plus que de la précision souhaitable de l’avertissement public qui sera décerné aux Iraniens. Mais pas dans un espace vide : s’il est trop vague, les Israéliens ne marcheront pas. S’il est trop direct, certains conseillers du président redoutent que Téhéran puisse le considérer comme une provocation et déclencher des opérations préventives (un point de vue qui nous paraît sans fondement à Métula).

 

En Israël aussi, le principe de geler notre liberté d’action contre la publication d’une ligne rouge ne fait pas que des adeptes. L’ex-chef de l’Aman, le renseignement militaire, Amos Yadlin, suggère que Barack Obama s’adresse à Khamenei depuis l’estrade de la Knesset, et qu’il lui signale que si l’Iran poursuit son avancée vers l’armement nucléaire, les Etats-Unis utiliseront la force pour l’en empêcher.
 
La question sera tranchée dans quelques semaines, à l’occasion d’une visite prévue de Binyamin Netanyahu à Washington. Ce, à moins qu’une nouvelle information, de nature à compromettre gravement la sécurité de l’Etat hébreu ne jaillisse jusque-là.

 

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