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L’EXTRÊME-GAUCHE PRO-ISLAMISTE ET ANTISÉMITE

  

    

 

 

FAIT

 

 

Marc Crapez, chercheur en science politique à Paris 10, a été invité par la Chaire Unesco d'études des fondements philosophiques de la justice et de la société démocratique ( UQAM ) et le Centre d'études en pensée politique, à donner une conférence sur le théme :"L' antisémitisme de gauche: les trois strates historiques d'un tabou idéologique ". La conférence est annulée en raison de pressions et de menaces de militants de gauche.

 

 

 

ANALYSE

 

 

           L'ISLAMISME, LA GAUCHE ET LE COMPLEXE COLONIAL

      Laurent Bouvet

   Figarovox

 

 

FIGAROVOX. – Comment expliquez-vous la difficulté d'une partie des intellectuels de gauche à penser l'islamisme voire simplement à prononcer son nom? La communauté musulmane est-elle devenue le nouveau prolétariat d'une certaine gauche?

Il y a sans doute plusieurs explications possibles à ce qui est chez certains intellectuels, journalistes, chercheurs… de l'aveuglement, plus ou moins volontaire, et chez d'autres, peu nombreux en fait, un choix déterminé, politique voire idéologique. Je privilégierai ici comme explication structurelle ce que l'on pourrait nommer le complexe colonial.

 

Dans le cas français spécialement et européen plus largement, la colonisation a particulièrement concerné des populations de religion musulmane. Depuis la décolonisation d'une part et la fin des grands récits de l'émancipation nationaliste ou anti-impérialiste d'autre part, une forme de pensée, et les désormais incontournables «études» qui vont avec dans le monde universitaire, post-coloniale s'est développée. Elle est appuyée sur une idée simple: l'homme blanc, européen, occidental, chrétien (et juif aussi) est resté fondamentalement un colonisateur en raison de traits qui lui seraient propres (comme par essence): raciste, impérialiste, dominateur, etc. Par conséquent, les anciens colonisés sont restés des dominés, des victimes de cet homme blanc, européen, occidental, judéo-chrétien.

 

À partir des années 1970, à l'occasion de la crise économique qui commence et de l'installation de l'immigration issue des anciens pays colonisés, cette pensée postcoloniale va phagocyter en quelque sorte la pensée de l'émancipation ouvrière classique et de la lutte des classes qui s'est développée depuis la Révolution industrielle et incarnée dans le socialisme notamment. La figure du «damné de la terre» va ainsi se réduire peu à peu à l'ancien colonisé, immigré désormais, c'est-à-dire à celui qui est différent, qui est «l'autre», non plus principalement à raison de sa position dans le processus de production économique ou de sa situation sociale mais de son pays d'origine, de la couleur de sa peau, de son origine ethnique puis, plus récemment, de sa religion. Et ce, au moment même où des lectures renouvelées et radicalisées de l'islam deviennent des outils de contestation des régimes en place dans le monde arabo-musulman.

 

Toute une partie de la gauche, politique, associative, syndicale, intellectuelle…, orpheline du grand récit

 

Toute une partie de la gauche va trouver dans ce combat pour ces nouveaux damnés de la terre sa raison d'être alors qu'elle se convertit très largement aux différentes formes du libéralisme.

 

socialiste et communiste, va trouver dans ce combat pour ces nouveaux damnés de la terre sa raison d'être alors qu'elle se convertit très largement aux différentes formes du libéralisme. Politique avec les droits de l'Homme et la démocratie libérale contre les résidus du totalitarisme communiste ; économique avec la loi du marché et le capitalisme financier contre l'étatisme et le keynésianisme ; culturel avec l'émancipation individuelle à raison de l'identité propre de chacun plutôt que collective. En France, la forme d'antiracisme qui se développe dans les années 1980 sous la gauche au pouvoir témoigne bien de cette évolution.

 

À partir de là, on peut aisément dérouler l'histoire des 30-40 dernières années pour arriver à la situation actuelle. Être du côté des victimes et des dominés permet de se donner une contenance morale voire un but politique alors que l'on a renoncé, dans les faits sinon dans le discours, à toute idée d'émancipation collective et de transformation de la société autrement qu'au travers de l'attribution de droits individuels aux victimes et aux dominés précisément. À partir du moment où ces victimes et ces dominés sont incarnés dans la figure de «l'autre» que soi-même, ils ne peuvent en aucun cas avoir tort et tout ce qu'ils font, disent, revendiquent, etc. est un élément de leur identité de victime et de dominé.

 

Dans un tel cadre, l'homme blanc, européen, occidental, judéo-chrétien… ne peut donc jamais, par construction, avoir raison, quoi qu'il dise ou fasse. Il est toujours déjà coupable et dominateur.

 

Pour toute une partie de la gauche, chez les intellectuels notamment, tout ceci est devenu une doxa.

 

Tout questionnement, toute remise en question, toute critique étant instantanément considérée à la fois comme une mécompréhension tragique de la société, de l'Histoire et des véritables enjeux contemporains, comme une atteinte insupportable au Bien, à la seule et unique morale, et comme le signe d'une attitude profondément réactionnaire, raciste, «islamophobe», etc. C'est pour cette raison me semble-t-il que l'on retrouve aujourd'hui dans le débat intellectuel et plus largement public, une violence que l'on avait oubliée depuis l'époque de la Guerre froide. Tout désaccord, toute nuance, tout questionnement est immédiatement disqualifié.

 

Cette doxa a-t-elle été ébranlée par le retour du «tragique» dans l'histoire auquel nous assistons depuis les attentats de 2001 aux Etats-Unis?

 

L'avènement depuis une quinzaine d'années sur le sol occidental (et son intensification en France particulièrement ces dernières années) d'un terrorisme islamiste qui prolonge le djihad mené dans les pays arabes en particulier n'a pratiquement pas entamé cette doxa. Dans un tel cadre, le terroriste est d'abord et avant tout perçu lui aussi comme une victime même si son acte est condamné en tant que tel. Victime de la situation sociale dans laquelle se trouvent les populations issues de l'immigration (ghettos urbains, chômage de masse…), victime de la manière dont il est traité comme croyant, victime de «l'islamophobie» de la «laïcité à la française», du «racisme d'État»…, victime même, comme on l'a vu après l'attentat de Nice, d'une société

 

Il est pour le moins étrange que ce soient les mêmes qui nient tout caractère islamiste à un acte terroriste et qui appellent à ne pas faire d'amalgame entre l'auteur de l'acte et l'ensemble des musulmans.

 

occidentale pervertissant l'individu (bisexualité, divorce, alcoolisme, dépression…). Dans un tel schéma, l'islamiste n'est donc jamais responsable de sa manière de croire et de pratiquer l'islam, comme le terroriste n'est jamais pleinement responsable de ses actes. C'est la société occidentale qui est d'abord et avant tout à blâmer, c'est «nous» qui sommes les véritables responsables de ce qui nous arrive. On peut souligner, d'ailleurs, à ce propos, qu'il est pour le moins étrange pour ne pas dire cocasse que ce soient souvent les mêmes qui nient tout caractère islamiste à un acte terroriste et qui appellent à ne surtout pas faire d'amalgame entre l'auteur de l'acte et l'ensemble des musulmans.

 

Difficile dès lors de débattre sereinement et surtout efficacement de l'attitude à adopter face au terrorisme islamiste, des politiques à mettre en place, des changements à introduire dans nos lois comme dans nos habitudes. Ne serait-ce que puisque face à cette forme de déni du réel que pratique une partie de la gauche, se construit une force qui va jusqu'à rejeter la possibilité même de l'existence de Français musulmans et elle aussi construite sur la mise en avant d'une identité (française, européenne, blanche, occidentale, chrétienne…) revendiquée comme «seule et vraie». Dérive que l'on trouve aujourd'hui en partie à droite et à l'extrême-droite. Or on ne peut se satisfaire d'un débat opposant, comme c'est malheureusement trop souvent le cas aujourd'hui, une gauche du déni à une droite du rejet. Pas seulement parce qu'il est vicié intellectuellement mais parce qu'il ne peut conduire qu'au pire.

 

Comment expliquer le glissement historique d'une gauche largement anticléricale quand elle faisait face à l'Eglise à une gauche très défensive quand il s'agit d'appliquer le cadre de la laïcité à l'Islam?

Outre, très largement, pour les raisons que je viens de décrire, parce qu'une partie de cette gauche sécularisée pendant des décennies avait trouvé un substitut religieux dans la croyance idéologique communiste notamment – on peut rappeler d'ailleurs en passant que l'idéologie et la religion fonctionnent de la même marnière comme représentation inversée de la réalité chez Marx.

 

L'effondrement des grands récits idéologiques du XXe siècle a laissé cette gauche dans le désarroi. Ne plus pouvoir opposer de Vérité au réel lui était d'une certaine manière insupportable. D'où la transformation rapide, dans les années 1990-2000, de la pensée postcoloniale en une forme idéologique autonome et surdéterminante (alors qu'auparavant elle pouvait encore être incluse dans le récit communiste global).

 

Le rapport de cette gauche à l'Église est resté le même que celui de la période précédente, alliant d'une forme d'anticléricalisme viscéral à la condamnation du caractère rétrograde de l'Église sur les questions de mœurs en particulier – on l'a bien vu au moment du «mariage pour tous». La laïcité n'étant ici ni discutée ni discutable

 

L'effondrement des grands récits idéologiques du XXe siècle a laissé cette gauche dans le désarroi. Ne plus pouvoir opposer de Vérité au réel lui était insupportable.

 

d'une certaine manière. Même si sur d'autres sujets, l'Église est plutôt considérée comme une alliée à gauche. C'est le cas en ce qui concerne l'accueil des migrants par exemple.

 

En revanche, le rapport à l'islam est lui nouveau historiquement. Cette religion, y compris dans ses formes les plus radicales, n'est pas considérée d'abord et avant tout comme une religion, comme un possible «opium du peuple», mais comme un des traits identitaires spécifiques des victimes et des dominés du monde postcolonial. Ce qui conduit à des choses étranges sur le plan philosophique, comme la défense du voile islamique au nom de la liberté individuelle par des responsables ou des militants politiques se réclamant du marxisme. On repense ici, par exemple, à l'épisode de la jeune candidate du NPA portant le voile aux régionales de 2010 en région PACA qui avait été défendue pour ce motif par Olivier Besancenot notamment.

 

On assiste donc, très largement au sein de la gauche, toutes familles politiques confondues, à ce deux poids deux mesures étonnant sur la laïcité. Comme si celle-ci était à géométrie variable selon la religion concernée. Ainsi, autre exemple, nombre d'élus de gauche sont-ils prompts à souhaiter publiquement aux musulmans de bonnes fêtes à l'occasion de la fin du Ramadan sans le faire pour d'autres religions. Or il me semble difficile d'adapter ainsi son attitude en fonction de telle ou telle religion. Il me semble difficile d'accueillir une cérémonie de rupture du jeûne dans une mairie alors qu'on n'y interdit la crèche de Noël pour prendre un autre exemple. La laïcité devrait simplement enjoindre aux élus à ne pas se mêler, dans le cadre de leurs fonctions, de religion.

 

 

 

  

 

L’ANTISÉMITISME DE GAUCHE                       

Source lorientlejour.com

 

             

L’ancien maire de Londres et membre du Parti travailliste britannique Ken Livingstone a été suspendu de son parti pour avoir dit que Hitler était un sioniste au début des années 1930. Selon lui, « avant de devenir fou et de massacrer six millions de Juifs », Hitler avait seulement l’intention de les expulser de leurs pays d’origine vers la Palestine. Et cela est censé en faire un sioniste. D’un point de vue historique, c’est aberrant : Hitler n’a jamais promu la Palestine comme un État Juif. Et impliquer que la haine du Führer pour les Juifs le met sur un pied d’égalité avec les Juifs qui cherchaient à établir leur propre État pour échapper aux violences antisémites est pour le moins choquant.

 

Mais Livingstone était probablement sincère en disant pour sa défense que « le véritable antisémite ne déteste pas seulement les Juifs en Israël, mais aussi son voisin juif… c’est une aversion physique ». Haïr les Juifs israéliens serait donc acceptable, parce que ce sont des sionistes et que ce sentiment n’est pas viscéral. Jeremy Corbyn, l’actuel dirigeant du Parti travailliste, était sans doute également sincère en affirmant que l’antisémitisme ne pouvait pas être un problème pour la gauche, parce que le Parti travailliste a toujours été « opposé au racisme ».

 

Il est communément admis parmi les gauchistes européens que les préjugés raciaux, dont l’antisémitisme, sont propres aux partis de droite. Ce point de vue remonte sans doute à l’affaire Dreyfus au XIXe siècle, lorsque le procès truqué du capitaine de l’armée française Alfred Dreyfus pour trahison divisa la France en deux, entre les antidreyfusards, majoritairement conservateurs, et les dreyfusards, partisans de l’innocence de l’officier juif. Les conservateurs étaient souvent de fervents catholiques, profondément mal à l’aise avec la nouvelle République française laïque, associée aux libéraux et aux Juifs.

 

L’antisémitisme réactionnaire français a toutefois trouvé un écho plus vaste dans l’Europe du XXe siècle. Les nationalistes nazis, les chrétiens de droite, les opposants fanatiques des bolcheviks et les despotes obsédés par l’ordre social étaient souvent antisémites. Les Juifs se portaient mieux sous les gouvernements de gauche.

 

Il est ainsi facile d’oublier que la gauche a toujours aussi eu un fond d’antisémitisme. Staline est bien sûr connu pour sa persécution des Juifs qu’il qualifiait de « cosmopolites sans racines » et qu’il considérait comme les agents naturels du capitalisme et des traitres à l’Union soviétique. Mais bien avant Staline, Karl Marx lui-même, bien que juif de naissance, donna le ton d’une forme pernicieuse d’antisémitisme qui infectera la gauche, en France en particulier. C’est Marx qui écrivit que « l’argent est le dieu jaloux d’Israël » et que l’hébreu est « la muse des cours en Bourse ». Marx n’était pas inconscient des dangers de l’antisémitisme. Il pensait simplement qu’ils disparaitraient lors de l’avènement du paradis des travailleurs. En quoi il s’est clairement trompé.

 

Après la fondation de l’État d’Israël en 1948, l’Union soviétique et les gauchistes en général lui firent un accueil généralement favorable. Pendant plusieurs décennies, des socialistes d’origine russe et polonaise ont dominé la scène politique israélienne. Le sionisme n’était pas encore considéré comme une forme toxique de racisme, comme l’apartheid en Afrique du Sud. Il n’était pas nécessaire de « détester les Juifs en Israël ».

 

La situation a commencé à changer au début des années 1970, après l’occupation de la Cisjordanie et d’autres territoires arabes. Deux intifadas plus tard, la gauche israélienne avait perdu son emprise sur l’appareil politique israélien et la droite prenait le pouvoir. L’État hébreu devint de plus en plus synonyme de politiques que les militants de gauche ont toujours combattues : le colonialisme, l’oppression d’une minorité, le militarisme et le chauvinisme. Certaines personnes ont peut-être éprouvé un soulagement à pouvoir de nouveau détester les Juifs, cette fois-ci sous le couvert de grands principes.

 

Durant ce temps, et essentiellement pour les mêmes raisons, Israël est devenu très populaire auprès de la droite. Des individus qui peu de temps auparavant étaient des antisémites convaincus sont aujourd’hui les champions d’Israël, applaudissant la ligne dure du gouvernement israélien envers les Palestiniens.

 

Israël, entend-on souvent, est le bastion de la « civilisation judéo-chrétienne » dans la « guerre contre l’islam ». Selon les termes du démagogue néerlandais Geert Wilders, « lorsque le drapeau d’Israël ne flottera plus sur les murs de Jérusalem, l’Occident ne sera plus libre ».

 

La récurrence des vieux arguments antisémites dans la rhétorique de ces zélateurs d’Israël est remarquable. Mais leur cible est maintenant les musulmans, et plus les Juifs. Ils nous répètent à l’envi que les musulmans des pays occidentaux ne pourront jamais être des citoyens loyaux. Ils font corps avec les leurs. Ils mentent à ceux qui ne partagent pas leur confession. Ils sont naturellement traîtres, une cinquième colonne, aspirant à la domination mondiale. Leur religion est incompatible avec les valeurs occidentales. Et ainsi de suite.

 

Les menaces bien réelles que fait peser un mouvement révolutionnaire violent au sein du monde islamique peuvent rendre ces assertions plausibles aux yeux de certains. Mais elles doivent le plus souvent être reconnues pour ce qu’elles sont : de vieux préjugés éculés qui visent à exclure une minorité impopulaire de la société en général. Les actes de violence de certains groupes islamistes ne font qu’encourager une politique de haine et de peur. De nombreux protagonistes occidentaux de la supposée guerre contre l’islam ne sont rien d’autre que des antidreyfusards des temps modernes.

 

Rien de tout cela n’excuse le langage infâme de Livingstone et d’autres. L’antisémitisme de gauche est tout aussi toxique que sa variante de droite. Mais la place d’Israël dans le débat politique occidental illustre comment des préjugés peuvent passer d’un groupe à un autre, alors que les sentiments sous-jacents sont exactement les mêmes.

 

 

 

 

POUR L'EXTRÊME-GAUCHE, LUTTER CONTRE

L'ANTISÉMITISME, C'EST DURACISME                                                          

Ouri Wesoly

CCLJ, 24 mars, 2015

 

On est habitué à la soupe idéologique de l’extrême-gauche, surtout chez les groupuscules communautaristes comme le « Parti des Indigènes de la République », le PIR (ces gens ont de l’humour).  Mais là, ils ont vraiment établi un record de confusionnisme qui sera difficile à battre.

 

Lisez plutôt : « Il est temps d’en finir avec tous les visages du racisme républicain dont l’islamophobie, la négrophobie, la romophobie et cet étrange philosémitisme »**.  Mais de quel « étrange philosémitisme »   parlent-ils ?

 

Celui de l’Etat français et le « traitement privilégié dont bénéficie la répression de l’antisémitisme par rapport aux autres racismes ». Mais qu’on ne s’y trompe pas ; si le PIR dénoncé ce favoritisme, c’est d’abord parce qu’il est mauvais pour les Juifs eux-mêmes :

 

Certes,  « la persistance d’un antisémitisme traditionnel » n’a pas échappé à la perspicacité des dirigeants du  PIR  mais enfin, tout ce tralala autour d’eux « contribue à (…) désigner les Juifs à la vindicte des plus défavorisés dans la hiérarchie des racismes ».

 

Traduction : si des Arabes et/ou des Noirs musulmans s’en prennent aux Juifs, c’est parce que ces derniers  sont trop bien protégés par la police française contre les « officines d’extrême-droite » seules responsables des agressions antisémites….

 

Et Mohamed Merah, Mehdi Nemmouche et Amedy Coulibaly qui ont mitraillé des Juifs sans même le prétexte d’un crime imaginaire comme celui des journalistes de Charlie ?  Ils appartenaient aux « Jeunesses nationalistes » ou au « Bloc identitaire »***, eux aussi ?

 

Voilà ! C’est précisément contre cela que lutte le PIR : l’intolérable islamophobie qui sévit en France. Et d’abord au somme de l’Etat. Car, selon lui, si le gouvernement  en fait tant pour les Juifs, ce n’est pas du tout parce qu’ils sont davantage menacés de mort que les autres.

 

Ni parce qu’il est vendu aux Juifs. Ou que M. Valls serait « sous influence juive »  .Et certes pas afin de lutter contre le racisme.  Que du contraire : « On prétend se faire défenseurs des Juifs tout en se servant d’eux (…) comme d’une batte de baseball pour frapper les Noirs et les Arabes ».

 

Mais pourquoi l’Etat persécute-t-il ainsi ces malheureux « indigènes » ? Parce que le curseur idéologique du PIR est toujours bloqué sur la période coloniale et qu’il juge tout ce qui se produit à cette aune.

 

Ainsi, pour lui, même si la décolonisation a pris fin dans les années 1960,  l’état d’esprit colonial est toujours là, lui.  En fait, même s’ils ne le disent pas les « Indigènes » semblent persuadés que le colonialisme est inscrit dans les gènes des Français.

 

La République, voilà l’ennemi.

 

Les Blancs ; s’entend, aimablement rebaptisés « souchiens », une variation du très controversé « Français de souche ». Quand on vous dit que ces gens ont de l’humour… Notons que des  esprits chagrins ont vu du racisme dans cette qualification aussi générale qu’insultante.

 

Une accusation que le  PIR rejette avec mépris. En Grance , le racisme ne peut fonctionner que dans un seul sens : des colonialistes vers les indigènes. Avec de tels postulats, il est facile pour les « Indigènes » d’identifier l’ennemi principal dans la lutte antiraciste.

 

Et ce ne sont pas les salafistes qui approuvent les massacres de masse djihadistes (commis essentiellement contre d’autres musulmans) ni ces jeunes de banlieue à l’antisémitisme virulent ni même ni les tueurs de Charlie. La République, voilà l’ennemi.

 

Car, il faut le savoir : « La « République qui est une religion islamophobe » (Ces gens ont aussi le goût des formules percutantes, quoique  dénuées de tout sens). A preuve, ses lois « racistes » et « liberticides » comme la scandaleuse  interdiction du voile à l’école.

 

Notons au passage qu’à leurs yeux, racisme anti Noir ou anti Arabe et « islamophobie » se confondent. D’évidence, le fait que nombre  de ces « Indigènes » soient  chrétiens, animistes voire, Dieu garde, athées, n’entre pas dans leur vision du monde.

 

Mais, en fait, pourquoi s’intéresser aux fumeux bavardages de ce groupuscule ? Pour cette raison simple qu’ils sont accueillis avec faveur par l’extrême gauche. Ainsi, lors des manifestations qui se sont tenues ce 21 mars en France pour la « Journée antiraciste »****

 

En tête, le PCF (communiste), le NPA (trotskiste)  le Front de Gauche et une partie d’EELV (écologistes)  Certes, leur appel à manifester place nommément l’antisémitisme parmi les racismes à combattre (une démarche qui ne semble plus aller de soi, ces temps-ci)

 

Mais cet appel tonne surtout, lui aussi, contre « les politiques d’Etat racistes et liberticides qui banalisent l’islamophobie ».  Ainsi l’extrême gauche « révolutionnaire »  rejoint-elles une fois de plus des organisations islamistes dont les valeurs réactionnaires sont à l’exact opposé des leurs.

 

Cet « islamo-gauchisme » s’explique d’évidence par la volonté  de récupérer  ces nouvelles masses populaires. Sauf que, comme chaque fois que ces partis ont tenté, pour le plus grand bien de la Révolution, de s’allier à leurs ennemis, ils vont sacrifier en vain  leurs idéaux.

 

Ni les islamistes ni les communautaristes façons PIR et encore moins les djihadistes n’appelleront jamais à voter pour des groupuscules athées et marxisants. Le seul résultat de ces compromissions sera d’isoler davantage encore « la gauche de la gauche ».

 

Quant aux quelques Juifs qui, au nom du combat anti-impérialiste, s'égarent à soutenir un intégrisme qu’ils fuiraient avec horreur s’il venait de rabbins, il suffit d’être patients avec eux. Tôt ou tard, comme les staliniens ou les maoïstes, ils finiront par avoir une crise de lucidité.

 

 

 

 

"LES MOTS QUI TUENT"

Alexis Lacroix

Marianne, 26 juillet, 2015

 

 

 

Marianne : Il y a treize ans, vous avez publié la Nouvelle Judéophobie. Votre essai pointait une haine des Juifs émergente, alors largement sous-estimée par les élites. Comment le phénomène antisémite a-t-il évolué depuis lors ?

 

Pierre-André Taguieff : Le diagnostic que j'avais dressé fin 2001 dans la Nouvelle Judéophobie [essai publié en janvier 2002] est largement confirmé. J'y avais notamment identifié l'émergence, à côté des formes persistantes mais résiduelles du vieil antisémitisme nationaliste d'extrême droite fixé sur la figure mythique du « juif international » conspirant contre les peuples, d'une configuration antijuive inédite, située au point de confluence des mobilisations islamistes et des mouvements antisionistes radicaux d'extrême gauche, instrumentalisant l'antiracisme et l'antifascisme pour diaboliser le « sionisme » et délégitimer Israël. Le terme d'« antisémitisme » est impropre pour désigner cette configuration antijuive nouvelle, qui ne repose pas sur une vision raciale et répulsive des « Sémites », mais sur la démonisation des « sionistes ».

 

Assiste-t-on à la radicalisation, dans des franges entières de l'opinion française, d'un rejet des Juifs ? Est-il dès lors valide, pour caractériser ces attitudes, de refuser de recourir à la notion d'antisémitisme ?

 

Pourquoi donc tenir à ce point au mot « antisémitisme », forgé dans les années 1870 pour marquer l'apparition d'une nouvelle forme d'hostilité à l'égard des Juifs fondée non plus sur la religion mais sur la « théorie des races », à une époque où les doctrines racialistes sont jugées désuètes et condamnées d'une façon consensuelle ? Depuis la disparition du IIIe Reich, la haine des juifs ne s'idéologise plus sur la base de la vision racialiste du « sémitisme » comme menace, mais sur celle du « sionisme » fantasmé comme une superpuissance mondiale et occulte.

 

On peut reconnaître une validité au terme d'« antisémitisme » pour renvoyer à la forme dominante de la judéophobie observable de la fin des années 1870 au milieu des années 1940. Stricto sensu, le mot « antisémitisme » signifie « racisme dirigé contre les juifs ». Or, les nouveaux ennemis des juifs, dans leur majorité, ne se réclament pas du « racisme », mais, rhétoriquement, de l'« antiracisme ». Parallèlement, lorsqu'ils se réfèrent à des motifs religieux, les judéophobes contemporains puisent de moins en moins dans le christianisme et de plus en plus dans l'islam. Plutôt que de parler de « nouvel antisémitisme » (comme plusieurs auteurs le font depuis le début des années 1970), je juge préférable de parler, pour éviter certaines équivoques, de « nouvelle judéophobie » ou de « nouvelle configuration antijuive », dont le noyau dur est constitué par l'antisionisme radical et démonologique. L'« islamophobie » est devenue le péché majeur en même temps qu'une nouvelle clé de l'histoire. Etre accusé ou seulement soupçonné d'« islamophobie » revient à être menacé de mort, ou pour le moins d'exclusion sociale. Les « islamophobes » désignés à la vindicte publique ne survivent que grâce à une protection policière.

 

« Islamophobie » est venu enrichir le stock des mots qui tuent. Dans un contexte où la menace islamiste est reconnue par les Etats occidentaux et leurs opinions publiques, la dénonciation de l'« islamophobie » fonctionne comme un mécanisme de défense, elle constitue un bouclier contre la critique légitime des dérives de l'islam. Les tueries de janvier 2015 montrent que, pour les islamistes radicaux, il existe deux péchés mortels : être juif, être « islamophobe ». Deux raisons suffisantes pour mériter la mort. Une pseudo-sociologie gauchiste vient au secours des islamistes, en prétendant avoir découvert la véritable cause des réactions antijuives autant que de l'engagement djihadiste : l'« islamophobie », érigée en forme dominante du racisme. Il y a là une imposture banalisée.

 

 

 

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