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OÙ EST LE POUVOIR?

We welcome your comments to this and any other CIJR publication. Please address your response to:  Rob Coles, Publications Chairman, Canadian Institute for Jewish Research, PO Box 175, Station  H, Montreal QC H3G 2K7 – Tel: (514) 486-5544 – Fax:(514) 486-8284; E-mail: rob@isranet.wpsitie.com

 

 

         

Steve Maman, le "Schindler juif"

au secours des esclaves sexuelles de Daech

L’Express, 19 août 2015

             

Un homme d'affaires montréalais a lancé une campagne de crowdfunding pour financer la libération d'esclaves de l'Etat Islamique. Il affirme avoir déjà sauvé plus d'une centaine de femmes et d'enfants. "Je ne resterai pas passif", affirme Steve Maman. Cet homme d'affaires montréalais a décidé d'agir pour libérer les enfants réduits au rang d'esclaves sexuels dans les villes prises par Daech. Quitte à financer les activités de l'organisation Etat Islamique.

 

"Des enfants tués pour avoir refusé de se plier aux ordres de Daech. Des fillettes de huit ans violées"…La vidéo réalisée par la fondation de Steve Maman, la CYCY (Christian and Yazidi Children of Irak) donne un aperçu de l'horreur de la vie sous l'Etat Islamique, accusé par l'ONU de tentative de génocide. "Le prix de la vie d'un enfant pour les enlever des mains de Daech se situe entre 1000 et 3000 dollars", développe le businessman canadien sans donner plus de compléments sur le détail de cette somme.

 

Début août, l'envoyée spéciale de l'ONU a mis à jour la liste de l'Etat islamique fixant les prix de ses esclaves sexuelles. Selon le document, les tarifs varient selon l'âge des femmes, de 35 euros pour une femme de 50 ans à 150 euros (166 dollars) pour un enfant de moins de neuf ans.  Le 5 juillet, Steve maman a lancé une campagne de financement participatif afin de lever des fonds pour poursuivre la libération des enfants prisonniers de Daech. Il a déjà collecté par ce biais quelques 440 000 dollars. Steve Maman espère atteindre les deux millions de dollars (1,8 millions d'euros).

 

Steve Maman affirme avoir déjà libéré 102 femmes et enfants depuis janvier, en partie avec sa fortune personnelle. "Ces personnes ont été escortées vers un emplacement sûr dans le nord de l'Irak où l'abri, la nourriture, et les soins médicaux à court terme ont été fournis", poursuit le businessman. L'entrepreneur montréalais d'origine marocaine explique s'appuyer sur des contacts sur place, notamment un pasteur à Bagdad. Ce vendeur de voitures de collection dit également faire jouer son réseau commercial.

 

Citant le Talmud ("Celui qui sauve une vie sauve l'humanité toute entière"), le quarantenaire d'origine séfarade dit être inspiré par Oskar Schindler, l'industriel allemand qui a sauvé 1200 juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. En août dernier, 5000 à 7000 femmes étaient encore prisonnières de Daech.

 

 

LE "POUVOIR JUIF" EST UN FANTASME

Ben-Dror Yemini

I24, 14 août 2015

 

La communauté juive américaine est inquiète. Quelqu'un a franchi les lignes rouges. Et non, il ne s’agit pas du Premier ministre Benyamin Netanyahou. Qui les Juifs devraient-ils soutenir? Les adversaires de l'accord ou ses partisans? Il y a beaucoup de raisons légitimes d’être en faveur ou de s’y opposer. Le problème est que lorsqu’un non-Juif exprime une opinion politique, c’est tout simplement un avis. Mais lorsqu’un Juif en exprime une, c’est qu’il a un problème.

 

S’il soutient l’accord, on l’accusera d’abandonner Israël. S’il s’y oppose, il sera immédiatement accusé d'être loyal envers Israël. En anglais, ils sont appelés les "Israël-Firsters" (terme péjoratif pour nommer les Juifs qui font passer l'intérêt d'Israël avant l'intérêt américain). C’est presque comme être accusé de trahison.

 

Netanyahou et le président américain Barack Obama se disputent l'opinion publique juive et le leadership juif. Un accent est donc inévitablement mis sur le "pouvoir juif". S’il y a une majorité contre l'accord lors du vote, et surtout si cette majorité permet de surmonter un veto présidentiel, les accusations contre les Juifs vont aller crescendo.

 

Ces critiques se sont déjà exprimées par le passé et pourraient revenir en force: une fois de plus, les Juifs entraînent les États-Unis dans des conflits inutiles avec le monde musulman, une fois de plus ils servent les intérêts d'un État étranger, une fois de plus leur puissant capital influence les membres du Sénat et du Congrès.

 

Mais le débat sur la position juive a déjà gagné en importance. Il ne se trouve plus seulement sur des sites méconnus, dans les talkbacks et sur les réseaux sociaux. Cette fois, le problème ne se situe pas aux marges. Le magazine juif Tablet, qui pratique le pluralisme politique et dont beaucoup de ses rédacteurs soutiennent l'accord, a publié un éditorial cinglant sans précédent. Il pointe du doigt la Maison Blanche qui, selon le magazine, répand les rumeurs ignobles sur la "double loyauté" et le lobby servant des "intérêts étrangers".

 

"C’est le genre de discours obscurs et minables que nous pourrions nous attendre à être prononcés lors d’un rassemblement de suprémacistes blancs, mais pas de la part du président des Etats-Unis. Et c’est devenu si flagrant que même beaucoup d'entre nous, qui sont généralement favorables à l'administration et même à cet accord, en ont été ébranlés," indique l'article. Beaucoup de Juifs, y compris la rédaction de Tablet, sont furieux au sujet des fuites sur la rhétorique utilisée par Obama lors de ses conversations téléphoniques visant à convaincre les membres du Congrès.

 

La vérité est que le "pouvoir juif" est essentiellement une illusion. Ce n’est pas que les Juifs sont passifs. Au contraire, ils prospèrent. Ils occupent des postes clés dans deux des organes les plus importants du savoir : les médias et le milieu académique. Mais il n'y a pas de "pouvoir juif", parce que les Juifs ne possèdent pas de position unanime. L'establishment juif, qui est généralement pro-israélien, est confronté aux Juifs issus des milieux de la presse et académique, dont les opinions vont de la profonde hostilité à un manque manifeste de soutien à Israël.

 

Dans la rhétorique antisémite, la presse américaine en général et le New York Times en particulier sont cités en exemples notables de la "puissance juive." Il y a une chose de certain au sujet du New York Times: il n’est pas pro-Israël. C’est une force politique au moins équivalente à la Conférence des présidents, voire probablement bien davantage.

 

Et en général, les critiques les plus acerbes à l’égard d'Israël proviennent de professeurs et de journalistes juifs. Les Juifs sont surreprésentés proportionnellement aux membres participant à la campagne BDS (Boycott d’Israël, désinvestissement, sanctions ndlr). Par conséquent les discussions sur le "pouvoir juif" qui accorderait son appui automatique à Israël sont donc totalement absurdes.

 

L'opinion publique aux États-Unis a effectivement changé. Immédiatement après la signature de l'accord avec l'Iran, une majorité absolue s’est déclarée en faveur de celui-ci, tant dans le public qu’au sein de la population juive. Aujourd’hui la plupart des Américains sont opposés à l'accord et la plupart des Juifs aussi, et ce n’est pas à cause du "pouvoir juif". Le revirement est intervenu suite au témoignage embarrassant du secrétaire d'État John Kerry au Sénat et parce que de plus en plus de défaillances ont été constatées dans l’accord.

 

Si cette tendance se maintient, ce ne sera pas dû au succès de la campagne lancée par Netanyahou ou par le lobby juif, mais à cause de l’échec de la campagne d’Obama. C’est lui qui a franchi les lignes rouges et il pourrait bien en payer le prix.

 

L'IMAGE D'ISRAËL PEUT-ELLE ETRE NORMALISEE?

Yoel Cohen

I24, 11 août 2015

 

Depuis la création d'Israël, l'opinion publique internationale n'a eu de cesse de le décrire comme un pays instable en conflit, ou de l'ignorer car il ne se passait pas de drame ou de conflit majeur susceptible d'attirer l'attention des caméras de télévision.

 

Israël a rarement bénéficié de l'image de la part des médias étrangers, d'un pays florissant avec des développements économiques et scientifiques, comme le Japon et ses avancées technologiques, ou encore les pays d'Europe occidentale comme la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne qui reflètent une forme de stabilité ou encore une absence de conflit. Les correspondants étrangers ont un rôle important dans l'élaboration de l'image d'Israël : ce sont qui écrivent presque tout au sujet d'Israël.

 

Dans les faits, moins de 100 personnes, représentant les médias américains, forgent l'image d'Israël. Ceci est valable pour tous les petits pays, où la langue n'est pas l'anglais. Compte tenu de l'importance que joue l'opinion publique internationale, non seulement dans la diplomatie, mais aussi dans d'autres domaines tels que le commerce extérieur ou encore l'antisémitisme, l'image d'Israël (ou pour être plus précis, l'image du conflit en Israël) a des implications politiques importantes.

 

Une étude scientifique auprès de 160 correspondants étrangers établis en Israël, menée par l'auteur de ces lignes, nous éclaire sur la perception qu'a la presse étrangère d'Israël. Elle confirme notamment le rôle central que joue le journaliste étranger les décisions concernant la couverture d'Israël au sein de son organe de presse. L'image d'Israël en conflit est une caractéristique clé de la couverture de l'actualité internationale depuis la guerre de 1967.

Alors qu'avant 1967, il n'y avait presque pas de correspondants étrangers à temps plein, il y en a aujourd'hui près de 350, y compris des envoyés spéciaux en mission de longue durée ou des Israéliens travaillant à temps plein pour les médias étrangers. 70% des correspondants étrangers interrogés estiment que la guerre est "très importante", tandis que 24% la considèrent "assez importante" en terme d'information..

 

Pour 78% d'entre eux, le terrorisme est "très important"; et "assez important" pour 19%. Le conflit israélo-palestinien considéré comme très important par 78% des sondés et assez important par les 22% restant. La guerre se caractérise aussi par l'arrivée de correspondants étrangers. En 2014, la guerre de Gaza a mobilisé plus de 700 journalistes, cadreurs et photographes en Israël. Et les deux tiers d'entre eux sont rentrés dans Gaza.

 

Le conflit israélo-arabe et la diplomatie ont été les thèmes dominants des échanges entre les sources officielles et les correspondants. Les principales sources d'information sont les porte-paroles de l'armée, le ministère des Affaires étrangères et le bureau du Premier ministre. 18% des correspondants étrangers ont eu un contact quotidien avec le cabinet du Premier ministre, et 19%, des contacts hebdomadaires. 16% ont eu un contact quotidien avec l'armée et 18% des contacts hebdomadaires. Alors que seuls 9% des correspondants étrangers étaient en contact quotidien avec le ministère des Affaires étrangères, 31% ont signalé un contact hebdomadaire.

 

Il est vrai que dans les moments de calme relatif et de quiétude, les journalistes traitent d'autres thèmes concernant Israël, offrant un reflet de la situation intérieure du pays. Mais l'enquête a révélé qu'ils sont très peu nombreux à le faire. Seuls 10% d'entre eux ont des contacts quotidiens ou hebdomadaires avec le ministère des Finances, et 3% avec le ministère du Commerce et de l'Industrie. 8% déclarent être quotidiennement en contact le avec ministère de la Justice, et 20% ont des contacts hebdomadaires, ce qui confirme l'intérêt croissant des médias étrangers ces dernières années autour des questions de sécurité, notamment les droits de l'homme.

 

L'atout d’être la Terre sainte en termes de relations publiques attire l’attention sur Israël, comme les tensions entre les religieux et les laïques. Pourtant, même ces derniers apparaissent parfois comme un complément du conflit israélo-arabe. Aucun correspondant n'a eu de contacts quotidiens avec le ministère des Affaires religieuses, le ministère du Tourisme ou encore le ministère de l'Intégration.

 

Les porte-paroles et les départements de relations publiques des différents ministères, dont ceux de l’Industrie et du Commerce, de la Science, de l’Éducation, de la Culture, de la Justice et des Affaires religieuses ne devraient pas seulement concentrer leurs efforts de communication vers le public israélien et les médias. Ils devraient aussi rechercher activement l’attention des médias étrangers. Et le Bureau d’information du gouvernement devrait également mettre en relation les organismes publics israéliens, comme les organismes municipaux et les mairies, mais aussi les organismes privés, aux médias étrangers.

 

Certes, à long terme, alors que le conflit semble s’apaiser, et que le public à l'étranger se lasse de l'absence de progrès dans le processus de paix, et alors que de nouvelles zones de conflit se développent ailleurs dans le Moyen-Orient et dans le reste du monde, l'accent sur le conflit diminuera de lui-même et certains correspondants devraient bientôt s'en aller vers des horizons plus fertiles en termes d'informations.

 

Mais dans un sens, Israël bénéficie de la préoccupation que portent médias étrangers sur le conflit. La présence des médias arabes en Israël et dans les Territoires palestiniens a augmenté depuis les années 1990 suite à la révolution de l'information dans le monde arabe. Les quelques quarante organisations médiatiques du monde arabe présentes en Israël, jouent un rôle positif de dissuasion en projetant l’avantage militaire qualitatif du pays.

 

ANNULATION DU CONCERT D'UN CHANTEUR JUIF AMERICAIN :

LA VOLTE-FACE D'UN FESTIVAL ESPAGNOL

Laure Andrillon

Liberation, 19 aout 2015

 

Le festival de reggae Rototom Sunsplash, dont la 22e édition se tient au nord de Valence, a annoncé l’annulation du concert du chanteur juif américain Matisyahu, prévu le 22 août. La décision a été prise samedi par les organisateurs, «face à l’indisponibilité de l’artiste au moment de se prononcer clairement contre la guerre et sur le droit du peuple palestinien à disposer de son propre Etat», ainsi qu’ils l’écrivent dans un communiqué, rappelant par ailleurs les «innombrables occasions» où le festival a montré «son sentiment par rapport à la Palestine». Le ministère des Affaires étrangères espagnol, l’ambassade d’Israël et des organisations juives ont publiquement critiqué la décision des organisateurs du festival. Face à l'ampleur de la polémique, le Rototom a déclaré ce matin que Matisyahu faisait à nouveau partie du programme.

 

Son directeur, Filippo Giunta, avait, selon El País, insisté jeudi dernier pour que le chanteur fasse une «déclaration signée ou une vidéo» disant de manière claire si, d’après lui, les Palestiniens avaient le droit à un Etat. La filiale locale du mouvement Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS) de Valence avait entamé quelques jours auparavant une campagne contre Matisyahu, qui avait abouti au boycott du festival par 5 des 250 artistes programmés. BDS Valence accusait le chanteur d’avoir participé à des festivals prosionistes et de s’être publiquement déclaré «amoureux d’Israël». Dans un communiqué de lundi, qui félicite l’organisation du festival pour sa décision, BDS Valence affirme que le chanteur a justifié des «assassinats israéliens comme ceux de la flotille en 2010» : «Quand on utilise sa position d’artiste pour rendre publiques des idéologies déterminées, il ne s’agit plus de l’idéologie individuelle et privée du sujet, sinon de sa diffusion et de sa promotion.» Le groupe Pallasos en rebeldía, partisan du boycott, a expliqué sur son site que «son intuition [lui] di[sai]t que la campagne avait raison sur le sionisme du chanteur». Son porte-parole, Iván Prado, a tout de même admis qu’une erreur sur l’opinion de Matisyahu était possible. Sur les réseaux sociaux, on ne manque pas de qualifier le chanteur de «sioniste» ou de rappeler qu’il a été membre de la communauté hassidique Loubavitch jusqu’en 2011. Dans le camp adverse, on s’insurge contre l’«antisémitisme de BDS».

 

DES TERRITOIRES PERDUS DE LA REPUBLIQUE AUX TERRITOIRES PERDUS DE LA NATION

Alexandre Devecchio

Figaro, 17 aout 2015

 

La première édition des Territoires perdus de la République date de septembre 2002. Vous y dénonciez les maux qui rongent l'école, mais aussi la société française: la violence, l'islamisme, l'antisémitisme. A l'époque, le livre avait été accueilli par un long silence médiatique. Rétrospectivement, comment expliquez-vous cette omerta?

 

L'omerta fait partie des problèmes dénoncés dans le livre. Il y a peur de dire ce que l'on voit comme si dire le réel, c'était le faire exister. A l'époque, nous constations que l'intégration d'une partie des populations de banlieues, progressivement reléguée dans des cités et frappée par le chômage de masse, était en panne. Après avoir fonctionné jusque dans les années 80, l'intégration s'est bloquée à la fin des années 90, ce que l'on constate aujourd'hui avec la hausse des unions endogames. Or, il semblait difficile en France de faire ce simple constat car on risquait d'être accusé de racisme, de stigmatiser et d'amalgamer des populations. C'est d'ailleurs l'accusation qui nous fut d'emblée imputée. Une culture d'une partie de la gauche dominante (à distinguer de la gauche antitotalitaire dans la lignée d'Orwell) nous a enfermés dans la frilosité. Il est devenu presque impossible de dénoncer certains périls sans être accusé d'appartenir au camp du mal. Pourtant, les sept auteurs de la première édition, tout comme les treize de la seconde, venaient tous, quasiment sans exception, des rangs de la gauche. Le silence médiatique autour de ce livre, puis sa stigmatisation, était révélateur d'un climat de terrorisme intellectuel qui n'a d'ailleurs rien de nouveau. Les réactions qui ont entouré Les territoires perdus de la République sont de même nature que celles qui ont entourées les débats politiques français des années 50-60, quand une pensée antitotalitaire était accusée de faire le jeu de la bourgeoisie. Pour s'en convaincre, il faut relire les joutes qui opposèrent Albert Camus, Raymond Aron ou Arthur Koestler à toute une partie de la gauche. Une gauche qui était à l'époque dominée culturellement par le Parti communiste. Nombre d'intellectuels se posaient moins la question de la vérité que celle de savoir de qui «on faisait le jeu». Aujourd'hui, certains intellectuels de gauche n'entendent pas, disent-ils, pas faire le jeu du FN, comme leurs aïeux autrefois, communistes ou proches du PC (les «compagnons de route»), ne voulaient pas faire le jeu du grand capital. Pour un intellectuel, une seule question devrait se poser: les faits sont-ils avérés ou non? Dans les années 1940 en Angleterre, Orwell avait été confronté au même problème. Bien que venant des rangs de la gauche travailliste, il se voyait reprocher de faire le jeu des conservateurs anglais. Les blocages auxquels nous nous sommes heurtés avec ce livre sont les mêmes que ceux qui ont marqué le XXe siècle, c'est le débat entre totalitarisme et antitotalitarisme.

 

Vous écrivez que nous sommes passés des territoires perdus de la République aux territoires perdus de la nation … De septembre 2002 aux attentats de janvier 2015, avons-nous perdu une décennie?

 

    La République est d'abord une forme de régime. Elle ne désigne pas un ancrage culturel ou historique. La nation, elle, est l'adhésion à un ensemble de valeurs et rien d'autre. Ce n'est pas le sang, pas le sol, pas la race.

 

En 2002, nous étions encore habités par le mot «République», agité comme un talisman, comme un sésame salvateur. Or, la République est d'abord une forme de régime. Elle ne désigne pas un ancrage culturel ou historique. La nation, elle, est l'adhésion à un ensemble de valeurs et rien d'autre. Ce n'est pas le sang, pas le sol, pas la race. Peut être Français, quelle que soit sa couleur de peau ou sa religion, celui qui adhère au roman national selon la définition bien connue d'Ernest Renan: «Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n'en font qu'une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L'une est dans le passé, l'autre dans le présent. L'une est la possession en commun d'un riche legs de souvenirs ; l'autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l'héritage qu'on a reçu indivis.» Nous avions un peu délaissé cette définition pour mettre en avant les valeurs de la République. Nous avons fait une erreur de diagnostic. Nous n'avions pas vu que la nation, et non seulement la République, était en train de se déliter. Une partie de la population française, née en France, souvent de parents eux-mêmes nés en France, a le sentiment de ne pas appartenir à celle-ci. Alors qu'ils sont français depuis deux générations pour beaucoup, certains adolescents dans les collèges et lycées, comme aussi certains adultes, n'hésitent plus à affirmer que la France n'est pas leur pays. Ajoutant: «Mon pays c'est l'Algérie…» (ou la Tunisie, etc…). Les incidents lors de la minute de silence pour les assassinés de Merah comme pour ceux de janvier 2015 furent extrêmement nombreux. On a cherché comme toujours à masquer, à minimiser, à ne pas nommer. Dans la longue histoire de l'immigration en France, cet échec à la 3° génération est un fait historique inédit. Certains historiens de l'immigration font remarquer, à juste titre, qu'il y eut toujours des problèmes d'intégration, même avec l'immigration européenne. Mais pour la première fois dans l'Histoire nous assistons à un phénomène de désintégration, voire de désassimilation. C'est pourquoi, ce n'est pas la République seule qui est en cause, mais bien la nation française: notre ancrage historique, nos valeurs, notre langue, notre littérature et notre Histoire…

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Shabbat Shalom  à tous nos lecteurs!

 

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