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RETRAIT DE L’ACCORD SUR LE NUCLÉAIRE IRANIEN: ISRAËL, LES AMÉRICAINS ET LES ARABES FONT BLOC CONTRE UNE EUROPE MUNICHOISE

IRAN: LES COÛTS D’UNE POLITIQUE ÉTRANGÈRE MAL AVISÉE

David Bensoussan

Huffpost, 20 mai, 2018

L’Iran est un pays de 78 millions d’âmes et la moyenne d’âge de sa population est de 30 ans. Il possède 9% des réserves mondiales de pétrole et 16% des réserves mondiales de gaz. Ses ventes d’hydrocarbure génèrent près de 50 milliards annuellement et constituent deux tiers des exportations. Ces ventes seraient bien plus substantielles si l’Iran n’était pas soumis à des sanctions. Ce pays a un système éducatif de qualité, mais il est gouverné par une théocratie.

Le régime des mullahs a englouti des milliards dans un nombre démesuré de centrales nucléaires et a dû se résoudre à en réduire le nombre et la capacité. Il a englouti des dizaines de milliards pour déstabiliser des pays et y installer des régimes qui lui sont redevables, notamment en Irak, en Syrie, au Liban et au Yémen.

Le corps des Gardiens de la révolution iranienne a carte blanche pour financer des mercenaires et initier des opérations militaires au Proche-Orient et en Afrique (en raison de leur intervention en Afrique, le Maroc a rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran). 80 000 miliciens recrutés en Afghanistan et au Pakistan reçoivent mensuellement 500$ ce qui constitue un pécule appréciable dans ces pays. La majorité des 100 000 miliciens chiites en Irak sont également financés par l’Iran. Plus de 120 000 missiles ont été livrés au Hezbollah qui est affidé à l’Iran. Le leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a annoncé que les missiles tirés en direction d’Israël ne sont qu’une petite partie de la réponse qui sera menée en temps et lieu contre Israël. L’ayatollah Ahmad Khatami, membre de l’Assemblée des Experts en Iran (assemblée qui élit et révoque le Guide suprême) a déclaré que grâce aux missiles en développement, l’Iran pourra réduire en poussière Tel-Aviv et Haïfa.

Les Gardiens de la Révolution iraniens sont tout aussi puissants qu’ils sont imprédictibles et irrationnels. Ils usurpent les biens de personnes déclarées « non islamiques » et s’octroient des subventions à titre de fondation de charité islamique (bonyad). Les fondations de charité islamique comptent pour 3% du PNB. Il est possible de se faire une idée de la puissance économique du corps des Gardiens de la révolution iranienne en considérant qu’en 2009, il a acquis 50% de la compagnie de télécommunication iranienne pour un montant de 7,8 milliards. Sa compagnie Ghorb a obtenu 50 milliards de contrats du gouvernement iranien.

L’Iran planifie 10 bases aériennes permanentes en Syrie ainsi qu’une base navale. La Russie s’est opposée à la construction d’une telle base. L’Iran constate avec désarroi le rapprochement notoire entre la Russie et Israël. La Russie n’a pas protesté lorsqu’Israël a détruit une grande partie de l’infrastructure iranienne en Syrie après que 20 missiles aient été tirés contre son territoire. La Russie tient également à se rapprocher des pays pétroliers comme l’Arabie, ce qui inquiète fortement l’Iran. La Russie n’a guère envie de s’enliser dans plus de combats et de pertes. Sa priorité première est de redresser son économie. Déjà les budgets militaires russes ont été réduits.

Il appert de plus en plus que les retombées de l’ingérence iranienne au Proche-Orient ne sont pas aussi immédiates ni évidentes que ne l’escomptait le régime des mullahs. Une situation économique gravissime

L’amateurisme des mullahs en matière d’économie et l’imposition des sanctions sont la cause principale de la déroute financière et commerciale. La devise iranienne a perdu 50% de sa valeur depuis 2017. 5 banques iraniennes ont fait banqueroute en 2017, effaçant les économies de plusieurs millions de familles de la classe moyenne. Des fonds de pension dont celui des enseignants se sont effondrés. Selon Transparency International, l’Iran arrive au 130e rang sur 180 pays au niveau de la perception de corruption. Au vu du classement des économies des pays de la Banque mondiale, l’Iran arrive au 125e rang sur 190 en ce qui a trait à la facilité de faire des affaires. L’indice de démocratie de l’Economist Group place l’Iran à la 150e place sur 170 états.

Les nouvelles sanctions décrétées par le président Trump mettent en danger les nouveaux investissements européens depuis l’accord des 5 +1 sur le nucléaire : les exportations britannique, allemande et française se montent respectivement à 1,1, 1,8 et 2.6 milliards. L’avenir des commandes d’achat d’Airbus (30 milliards) et de Boeing (20 milliards) est incertain tout comme l’est le projet d’investissement de plusieurs milliards de la pétrolière française Total.

En Iran même, la désillusion est grande. Les capitaux fuient le pays (entre 10 et 30 milliards durant les 4 derniers mois) et l’exode des jeunes professionnels s’accentue. Ce sont en majorité des jeunes qui ont déclenché les manifestations contre le régime iranien. Plus d’une vingtaine d’entre eux ont été tués et un millier d’entre eux a été incarcéré. Le Dr Sadegh Zibakalam, conférencier en relations internationales à l’Université de Téhéran a écrit dans son gazouillis que si Dieu préserve, une guerre éclate entre l’Iran et Israël en Syrie, il ne sera pas possible d’expliquer aux futures générations que l’Iran est parti en guerre contre un pays qui n’a jamais nui aux intérêts iraniens. Pourquoi l’Iran a-t-il besoin de gaspiller des milliards de dollars en dépenses militaires pour absorber les énormes pertes d’une telle guerre ?

Au plan local, l’Iran fait face à des problèmes graves : il souffre d’une crise de sécheresse particulièrement grave depuis 14 ans. Des villages sont abandonnés pour les grandes villes augmentant le mécontentement général de la population. Le taux de fertilité en Iran a diminué de 20% depuis 2012. Il est passé de 7 enfants par famille en 1969 à 1,6 à 1,8 enfant par famille en 2018. Selon le ministre de l’Intérieur iranien Abdolreza Rahmani Fazli, six millions d’Iraniens (20% de la population âgée de plus de 15 ans) ont recours à la drogue et 1.3 million de personnes (soit 4.3% de la population âgée de plus de 15 ans) sont des accros.

Comment l’Iran défend-il son ingérence en Syrie et le gaspillage continu de dizaines de milliards de dollars ? Le régime a soutenu que la guerre en Syrie avait visé la protection des lieux saints chiites, dont la mosquée Sayyida Zeynab à Damas. Il a par la suite affirmé vouloir combattre des terroristes wahhabites et exporter la révolution iranienne. L’argument voulant que l’Iran remerciait ainsi la Syrie qui avait été de son bord lors de la guerre irako-iranienne (1980-1989) a été également avancé. Il est clair que le plan d’expansion de l’hégémonie iranienne répond à une ambition impériale ainsi qu’à la volonté d’exporter la révolution islamique de par le monde. Qasem Soleimani, commandant de la force Al-Qods du Corps des Gardiens de la révolution islamique responsable des interventions extra territoriales a déclaré en 2015 : « Nous sommes témoin des signes qui démontrent que la révolution iranienne est exportée dans toute la région : du Bahreïn à l’Irak, de la Syrie au Yémen et à l’Afrique du Nord. »

L’État islamique est pratiquement battu et les images de destruction quotidiennes en Syrie sont intenables. Le président Assad qui refuse toute solution de compromis en matière de gouvernance du pays est soutenu opiniâtrement par l’Iran.

Il sera difficile pour l’Iran de continuer à organiser des manifestations avec le slogan « Mort à l’Amérique » et à se plaindre ensuite du maintien de sanctions américaines. Il sera tout aussi difficile pour l’Iran de continuer d’assumer ses politiques actuelles. Encore moins de les justifier.

 

 

GOLDNADEL : «EN IRAN, LA FRANCE PRÉFÈRE AVOIR TORT AVEC OBAMA QUE RAISON AVEC TRUMP»

Guitel Benishay        

LPH Info, 27 mai, 2018

 

Il était prévisible que la décision de Donald Trump de sortir son pays de l’accord nucléaire international avec l’Iran, signé par son prédécesseur, ne reçoive pas en France une franche adhésion. Ceci pour des raisons compréhensibles et d’autres plus indicibles que je vais dire ici.

En ce qui concerne les premières, l’accord incriminé avait néanmoins le mérite d’exister. On connaît ses grandes imperfections: l’interdiction faite aux contrôleurs d’effectuer des visites inopinées dans les centrales iraniennes. L’autorisation de poursuivre l’enrichissement de l’uranium à dose et en quantité dangereuses. Le fait que l’interdiction de la fabrication d’engins balistiques de longue portée (foulée aux pieds) n’ait pas été incluse dans l’accord. La personnalité du cosignataire, enfin, convaincu de mensonges répétés et rendant moins que fiable sa signature.

À telle enseigne que le Directeur Général de l’IAEA, Yukya Amano, chargé de la mise en place et de la conduite des accords, reconnaissait que l’observance de ceux-ci était invérifiable et que son organisation était incapable d’assurer au monde que l’Iran n’était pas en train de continuer de mentir et de travailler sur les armes nucléaires et leur recherche en secret, à l’insu des inspecteurs.

On ajoutera à cela peut-être le principal: les partisans de l’accord expliquaient doctement que sa signature renforcerait le camp des Iraniens prétendument modérés, au détriment de ceux qui sont assurément plus durs.

Ce fut très exactement le contraire, aussi bien au plan électoral et politique qu’au plan militaire, si on en juge aux menées iraniennes agressives en Syrie, en Irak, au Yémen et jusqu’en Méditerranée. Sans parler de l’assistance financière et logistique aux organisations terroristes estampillées du Hamas et du Hezbollah. De ce pari perdu, il ne fut plus question, alors qu’il changea tout.

Ayant écrit cela, la vérité m’oblige également à écrire qu’il n’y a pas de preuves que l’accord controversé ait été violé, de l’aveu même de certains de ses détracteurs. Pour autant, encore une fois, qu’une telle preuve eût été possible à rapporter. J’en viens à présent aux raisons indicibles qui font que la position américaine est tournée en dérision, et qui motivent essentiellement l’écriture de cette chronique. Car j’entends écrire ici ce que personne n’a pu lire dans la presse française, précisément pour les raisons idéologiques à venir.

Tout d’abord, constitue une faute de goût assez impardonnable de marcher sur les traces du président américain ébouriffant et de chausser ses patins. Mettons que la démarche ne soit pas très sexy. Certes, depuis l’affaire de Corée et les succès enregistrés en matière économique – dont les dividendes politiques ont été engrangés sur le front intérieur – les médias internationaux ont baissé d’un demi-ton et leurs observateurs rien moins qu’impartiaux ont cessé pour l’heure de lui offrir des consultations psychiatriques gratuites. Il n’en demeure pas moins que l’extravagance et les manières du personnage, comme ses postures idéologiques, feront que depuis son intronisation où certains priaient déjà pour qu’il fût assassiné et jusqu’à sa sortie, il continuera d’être mortellement détesté.

Pour les élites dominantes, quoi qu’il fasse de positif, et quoiqu’ait fait de calamiteux son prédécesseur, on préférera avoir tort avec Obama que raison avec Trump. Pour ce que le premier est naturellement, et parce que l’on hait naturellement le second.

Je ne lis pas non plus ce que je devrais lire sur l’Iran dans la presse française, si elle n’était pas aussi idéologisée. Tout d’abord, il est significatif que, principalement sur les chaînes d’information audiovisuelle du service public, les condamnations du Quai d’Orsay comme de l’ensemble des chancelleries européennes des tirs iraniens vers Israël n’aient pas été reprises. Comme si elles contrariaient l’habitude prise de voir Israël rituellement condamné.

De manière plus générale, et depuis des années, il est remarquable que la République Islamique – qu’on ne saurait en rien confondre avec le peuple iranien – bénéficie d’une indulgence toute particulière. L’autoritarisme brutal du régime, la répression des homosexuels, le sort fait aux femmes, la censure des artistes et de l’information sont particulièrement minorés.

L’attitude du régime des ayatollahs par rapport à Israël ou plutôt à «l’entité sioniste vouée à disparaître» ne semble pas poser de problème moral particulier au monde médiatique et politique.

Le fait que soit inscrit sur ses engins balistiques «Israël doit être détruit» n’est en rien imputé à charge et ne provoque aucune inquiétude et encore moins réprobation.

Bien plus grave, les menées antisémites criminelles de la première des dictatures islamistes laissent de marbre les antiracistes ordinairement les plus vibrionnant. Ainsi, les attentats de Buenos Aires commis par le Hezbollah iranien à l’encontre de l’ambassade d’Israël (30 morts) et les locaux de la principale organisation juive argentine Amia (75 morts) n’ont pratiquement pas été couverts en France.

Ces affaires, après avoir fait couler le sang dans les années 90, continuent aujourd’hui de faire couler beaucoup d’encre à Buenos Aires comme à New York: un ancien ministre iranien est visé par un mandat d’arrêt international, le procureur Guzman qui a diligenté l’enquête a été assassiné et l’ancienne présidente Kirchner vient d’être inculpée récemment pour avoir voulu protéger Téhéran.

Certains en France semblent avoir adopté idéologiquement la même posture. Celle d’un Edwy Plenel, par exemple, est assez significative du parti pris pro-ayatollahs et de ses soubassements psychologiques. C’est ainsi que le fondateur de Médiapart écrit sur Twitter: «Course à l’abîme avec ce feu vert à l’aventurisme militaire de Nétanyahou. Trump offre au PM d’Israël le cadeau qu’il attendait depuis 10 ans: l’endossement public par Washington de sa détestation de l’Iran.» On remarquera ici cette confusion remarquable entre l’Iran et l’action des ayatollahs en Syrie. Ainsi que le géopoliticien Frédéric Encel lui fait fort bien remarquer le 12 mai: «Où sont les bases militaires israéliennes menaçant la frontière iranienne? Où sont les discours israéliens appelant à la destruction de l’Iran? Manichéisme primaire, comme d’habitude».

Mais au-delà de ce manichéisme qui ne peut plus dissimuler sa maniaquerie antisioniste, il est aisé de comprendre ce qui se trame derrière l’aspect en partie délirant de ce «parti de l’Iran». Pour quelles raisons préfère-t-on toujours avoir tort avec Barack Hussein Obama que raison avec Donald Trump? Pourquoi dit-on Rohani le «modéré» et Nétanyahou le «faucon», sans le moindre égard pour la réalité politique factuelle?

Pourquoi ignorer ce qu’est en train d’entreprendre, non sans risques, le pro-occidental prince héritier saoudien pour remédier aux excès terribles du wahhabisme fondamentaliste à l’égard des femmes, des juifs et des chrétiens et lui préférer le seul pays où l’islam chiite, ordinairement tolérant, est source d’obscurantisme?

Parce que dans l’inconscient collectif occidental torturé, travaillé depuis trop longtemps par Monsieur Plenel et ses camarades de jeux idéologiques xénophiles, un pays occidental démocratique ne peut pas être bon et un pays oriental autoritaire et anti-occidental ne peut pas être tout à fait mauvais. Ce manichéisme à l’envers n’est pas seulement primaire, il est aussi pervers.

 

LES RAILLERIES APRÈS L’EXPOSÉ DE NETANYAHU MONTRENT LE REFUS DE VOIR LA RÉALITÉ

David Horovitz    

Times of Israel, 2 mai, 2018

La réponse très largement moqueuse apportée par une importante partie de la communauté internationale face à l’avalanche de preuves données par le Premier ministre Benjamin Netanyahu sur le programme d’armement nucléaire de l’Iran, lundi soir – de manière plus remarquable de la part de nations qui ont négocié la capitulation nucléaire iranienne en 2015 – souligne principalement leur incompétence, leurs défaillances, leur mauvaise foi et la gravité de la menace iranienne qu’ils refusent d’atténuer – de façon bien coupable.

En présentant l’accumulation sidérante de documents dérobés à la République islamique au sujet de son propre programme nucléaire, Netanyahu ne cherchait pas à affirmer qu’Israël avait trouvé des preuves irréfutables que l’Iran avait contrevenu aux termes du pacte passé entre le groupe P5+1 et les Ayatollahs en 2015. Ceux qui tournent en dérision l’incapacité de Netanyahu à présenter une preuve accablante post-2015 passent à côté de l’essentiel – et pour la majorité, de manière délibérée.

Israël ne prétend pas que l’Iran a violé les termes spécifiques de cet accord radicalement inapproprié. C’est le contraire. Il s’agit de l’évaluation profondément malheureuse que l’accord présente tant de négligences, tant de mauvaises constructions, qu’il est si mal élaboré que les Iraniens n’ont finalement pas besoin d’y contrevenir (J’avais établi un grand nombre de failles centrales présentes dans le texte au moment où il avait été finalisé dans un article appelé « 16 raisons pour lesquelles l’accord sur le nucléaire est une victoire iranienne et une catastrophe occidentale« ).

Pourquoi, après tout, violeraient-ils les termes d’un accord qui, alors qu’il a été ostensiblement créé pour garantir que les Iraniens ne seraient pas en mesure d’acquérir un arsenal d’armes nucléaires, leur permet néanmoins de continuer la recherche et le développement de centrifugeuses d’enrichissement de l’uranium de manière à ce que, lorsque l’accord expirera, ils auront appris à maîtriser un processus d’enrichissement dix fois plus rapide que celui qu’ils étaient parvenus à mettre au point avant la mise en vigueur de la convention ? (Les Iraniens se vantent déjà, et ce n’est pas par hasard, d’avoir accéléré ce processus depuis la signature de l’accord.)

Pourquoi violeraient-ils les termes d’un accord qui ne les empêche pas de continuer à développer leur programme de missiles balistiques – qui leur permettra de transporter leurs dispositifs nucléaires attendus – mettant à leur portée l’Europe et les Etats-Unis ? Pourquoi violeraient-ils les termes d’un accord qui laissent intactes d’importantes parties de leur programme nucléaire ?

Pourquoi violeraient-ils les termes d’un accord qui les autorise à échapper aux inspections des structures soupçonnées de s’être engagées dans des activités hors la loi et liées au nucléaire ? Pourquoi violeraient-ils les termes d’un accord qui a libéré le régime de sanctions minutieusement construit qui les avait obligés à venir à la table des négociations en premier lieu, risquant la réimposition de ces sanctions ?

Et pourquoi, enfin, violeraient-ils les termes d’un accord dont les « clauses de révision » signifient qu’ils attendront simplement quelques années avant de reprendre leur avancée vers la bombe ?

Non, l’allégation d’Israël n’est pas que l’Iran ouvrirait une brèche dans l’accord. Elle est plutôt que ce pacte – loin d’empêcher l’Iran d’atteindre un arsenal d’armes nucléaires – lui en ouvre la voie. Et ce que cette prise des propres documents rédigés par la République islamique démontre de manière concluante, c’est que c’est très précisément ce que l’Iran a l’intention de faire. Contrainte à geler son programme en 2003, la République islamique attend simplement le bon moment pour reprendre ses activités liées au nucléaire, habilitée à le faire grâce aux progrès en recherche et développement que le pays est autorisé à entreprendre sous les termes de l’accord.

Les détracteurs de Netanyahu affirment qu’il n’y a rien de nouveau dans les fichiers qu’il a présentés – rien de nouveau dans la présentation des preuves iraniennes qui démontrent la duplicité de la République islamique et les spécificités de son programme d’armement nucléaire. En premier lieu, cette critique est clairement mensongère. L’Agence internationale de l’énergie atomique, dans son propre rapport, n’a jamais prétendu avoir obtenu un accès qui serait de loin comparable à la documentation de l’Iran. Le Mossad a dérobé 100 000 documents. Les négociateurs du groupe P5+1 devraient se battre pour étudier de près ce matériel.

Mais, en second lieu, si le groupe P5+1 affirme vraiment qu’ils connaissaient tous les détails du programme qui a été présenté par Netanyahu et qu’ils étaient conscients, par conséquent, de l’ampleur du degré de duplicité de l’Iran, alors comment ont-ils pu négocier de manière si négligente un accord avec les Ayatollahs ?

La cheffe de la politique étrangère de l’Union européenne, Federica Mogherini, l’une des supportrices de l’accord de 2015, a déclaré solennellement lundi soir que le pacte « a été mis en place très exactement parce qu’il n’y a pas de confiance entre les parties, sinon nous n’aurions pas exigé qu’un accord sur le nucléaire soit mis en oeuvre ».

Waouh, lisons cela une fois encore : Nous savions qu’ils mentaient et c’est pour cela que nous avons mis en place cette convention. Reformulons l’idée : Nous savions qu’ils mentaient et c’est pour cela que nous avons passé un accord mal fichu avec eux, un accord qui ne démantèle pas le programme nucléaire que nous savions qu’ils construisaient, même s’ils nous avaient juré leurs grands dieux que ce n’était pas le cas.

Nous savions qu’ils mentaient, et c’est pour cela que nous avons passé un accord mal fichu avec eux qui leur a permis de s’enorgueillir de ce qu’ils avaient affronté et été plus malins que l’Occident.

Nous savions et qu’ils mentaient et c’est pour cela que, lorsque les sanctions leur ont finalement passé la corde au cou, nous avons passé un accord mal fichu avec eux qui mettait un terme aux pressions économiques – consolidant donc le régime répressif au pouvoir, pour mieux opprimer son peuple, et leur donnant des ressources financières pour semer le chaos et le sang à travers toute la région.

Cela peut avoir été irritant pour les négociateurs du P5+1 et leurs défenseurs de voir ce Netanyahu agaçant se pavanant devant ces étagères de documents et ces rangs de CD, réclamant des justifications et soulignant la défaillance scandaleuse des négociateurs.

Mais le fait est que l’accord de 2015 a été un pacte terrible, et mal construit. Il a permis aux Iraniens, murés dans leur hypocrisie, de se tirer d’affaire. Il n’a pas démantelé le programme d’armement sur lequel ils continuent à mentir. Il n’a pas fermé la voie à un arsenal d’armement nucléaire.

Je me demande quand les négociateurs et leurs défenseurs finiront par présenter enfin leurs excuses pour leur échec. Lorsque l’Iran commencera à tester ses bombes nucléaires, peut-être ? Ou se moqueront-ils encore ?

 

 

 

 

L’ARABIE SAOUDITE CONTRE L’ALLEMAGNE POUR SON SOUTIEN À L’ACCORD AVEC L’IRAN

Shraga Blum

LPH Info, 28 mai, 2018

 

Encore une conséquence de la décision du président Trump concernant l’accord nucléaire avec l’Iran: le prince héritier saoudien Mohamed ben Salman a décidé de sévir contre l’Allemagne qui est l’un des pays d’Europe les plus favorables au maintien de l’accord et entretient des liens commerciaux fructueux avec le régime des mollahs depuis la levée des sanctions.

Mohamed ben Salman a ordonné aux différents ministères du gouvernement de geler avec effet immédiat les contrats signés avec des entreprises allemandes. Cette décision se rajoute à celle des Etats-Unis de sévir contre les entreprises européennes qui continueront à travailler avec des entreprises ou banques iraniennes qui seront soumises aux nouvelles sanctions américaines. Jusqu’à présent, Riyad n’avait pas pris de telles mesures, mais la décision de rupture prise par le président américain a ouvert la porte à l’Arabie saoudite pour exercer des pressions économiques et commerciales sur les pays qui s’obstinent à vouloir maintenir cet accord et a aider ce pays économiquement.

Selon l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, parmi les entreprises qui seront les plus touchées on trouve notamment le groupe industriel Siemens, le groupe pharmaceutique Bayer et l’entreprise Daimler-Chrysler. Cette dernière compagnie avait conclu un contrat de vente de près de 800 autobus ‘Mercedes’ à l’Arabie saoudite. En 2017, les exportations allemandes vers l’Arabie saoudite s’étaient élevées à 6,6  milliards d’euros contre 3 milliards d’euros vers l’Iran. Le calcul sera vite fait à Berlin.

Au mois de novembre dernier, l’ambassadeur d’Allemagne en Arabie saoudite avait déjà été convoqué au ministère des Affaires étrangères pour se voir signifier le mécontentement de la cour royale concernant l’attitude de l’Allemagne sur la question de l’accord sur le nucléaire.

L’Allemagne n’est que le premier pays sur la liste, et le prince d’Arabie pourrait bien étendre cette politique à d’autres pays tels que la France, la Grande-Bretagne ou l’Italie.

Ceux qui, en dépit de toute morale, veulent poursuivre leurs relations avec Téhéran pour des questions de porte-monnaie risquent bien d’en subir les conséquences sur…le porte-monnaie!

 

 

Actualité 

 

 

LE MINISTRE CHAMPAGNE ACCUEILLE L’ACCORD DE

LIBRE-ÉCHANGE CANADA-ISRAËL MODERNISÉ

Affaires mondiales Canada, 28 mai, 2018

 

La relation du Canada avec Israël repose sur de solides liens économiques, culturels et sociaux. Israël est un partenaire commercial de longue date, et l’Accord de libre-échange du Canada avec l’Israël a contribué à créer de meilleures possibilités pour les entreprises et à améliorer la prospérité économique des Canadiens qui travaillent fort.

Aujourd’hui, le ministre du Commerce international, l’honorable François-Philippe Champagne, et le ministre de l’Économie et de l’Industrie d’Israël, Eli Cohen, ont annoncé la signature de l’Accord de libre-échange Canada-Israël (ALECI) modernisé. Le ministre Champagne a souligné l’importance de l’Accord en tant que moteur de croissance et de prospérité pour les deux pays.

Le Canada et Israël ont modernisé l’ALECI original pour y inclure des éléments progressistes comme des chapitres consacrés à la main-d’œuvre, à l’environnement, au commerce et au genre, et aux petites et moyennes entreprises (PME), ainsi que des dispositions sur la responsabilité sociale des entreprises. De nouvelles dispositions permettront également de rendre le mécanisme de règlement des différends plus efficace et plus transparent.

L’ALECI modernisé prévoit également de nouvelles réductions et éliminations tarifaires visant les produits agricoles et agroalimentaires, ce qui donnera aux exportateurs canadiens un meilleur accès au marché israélien. De même, un accès amélioré pour les fournisseurs de services dans les secteurs où excellent les Canadiens ouvrira plus de débouchés aux nouveaux exportateurs et aux exportateurs établis, et créera de nouveaux emplois au Canada.

« Un partenariat économique renforcé avec Israël contribuera à créer de meilleures conditions d’accès au marché pour les entreprises canadiennes et éliminera les droits de douane dans de nombreux secteurs. Grâce à de nouveaux éléments progressistes sur le genre, les petites et moyennes entreprises et la responsabilité sociale des entreprises, ainsi que des dispositions pour la protection de la main-d’œuvre et de l’environnement, les avantages découlant du commerce seront plus largement distribués. La signature, aujourd’hui, de l’Accord de libre-échange Canada-Israël modernisé marque une autre étape dans nos relations commerciales grandissantes, tout en contribuant à la croissance et à la prospérité de nos pays respectifs. »

– L’honorable François-Philippe Champagne, ministre du Commerce international

« En 1997, Israël est devenu le troisième pays à signer un accord de libre-échange avec le Canada et, depuis, le commerce entre le Canada et Israël a connu une croissance considérable. Aujourd’hui, nous assistons à une étape historique dans les relations commerciales entre les deux pays grâce à la signature de l’accord bonifié. L’accord de libre-échange amélioré entre le Canada et Israël ouvrira de nouveaux débouchés pour les exportations israéliennes vers ce marché important. »

– Eli Cohen, ministre de l’Économie et de l’Industrie d’Israël

 

 

 

LE MINISTRE SUISSE QUI FAIT DE LA

PEINE AUX « RÉFUGIÉS » PALESTINIENS  

David Sebban

Cool am News, 21 mai, 2018

Tempête dans un verre d’eau à Berne. Le ministre suisse des Affaires étrangères a remis en question l’aide de son pays à l’UNRWA, l’agence onusienne chargée des réfugiés palestiniens.

Depuis sa création, il y a presque 70 ans, l’UNRWA a toujours été soutenue par la Suisse. Et plutôt deux fois qu’une depuis que Pierre Krähenbühl, suisse lui aussi, en a pris la tête en 2013.

Seulement voilà, Ignazio Cassis, le chef de la Diplomatie suisse s’est rendu sur place au Proche-Orient. Il vient de comprendre que cet organisme onusien contribue à prolonger éternellement le prolème au lieu de le résoudre.

Dans une interview qu’il a accordée à des médias suisses, Ignazio Cassis estime que l’UNRWA «fait partie du problème» israélo-palestinien, plutôt que de la solution. «Elle fournit les munitions pour prolonger le conflit», juge le conseiller fédéral. « Aujourd’hui, il n’y a plus seulement 700’000 réfugiés palestiniens dans le monde, mais 5 millions. Il est irréaliste que ce rêve (de retour) soit réalisé pour tous », déclare-t-il.

L’agence des Nations Unies, a-t-il dit, « a travaillé comme une solution pendant longtemps, mais aujourd’hui, elle fait partie du problème. Elle fournit des munitions pour continuer le conflit. Car tant que les Palestiniens vivront dans des camps de réfugiés, ils voudront retourner dans leur patrie. En soutenant l’UNRWA, nous maintenons le conflit en vie », a-t-il conclu.

Le ministre suisse comprend les Etats-Unis

Dans l’interview, Ignazio Cassis va encore plus loin. Il dit «comprendre» la décision des Américains de réduire leur soutien et ne semble pas opposé au principe qu’une telle décision puisse être prise par la Suisse, jugeant que les choses pourraient ainsi «bouger». En revanche, il dit craindre que des «millions de Palestiniens descendent dans la rue» si les fonds venaient à manquer. A l’inverse des Etats-Unis, la Suisse «ne peut pas se permettre» cette perspective, assure-t-il.

Jacob Keidar, ambassadeur israélien à Berne, a bien cru un instant que les  Suisses allaient entonner la Hatikva.  Interrogé au journal télévisé, il ne boude pas son plaisir. « C’était une bonne déclaration qui va dans le sens de notre politique », explique l’ambassadeur. « Nous estimons que l’UNRWA ne fait que perpétuer le problème des réfugiés (palestiniens). »

Pour Jacob Keidar, un démantèlement graduel de l’agence onusienne constituerait la solution à cette question. « Les fonds de l’UNRWA devraient aller à des organisations plus compétentes, le HCR (Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés) dans ce cas-là. »

Devant le tollé provoqué par ces propos qui bouleverse la tranquillité et les certitudes de la Suisse,  Alain Berset le président de la Confédération a rappelé que le soutien de la Suisse à l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens est légitime. Après un entretien avec son ministre, « il ressort de cet échange qu’il n’y a pas de changement dans la politique de la Suisse au Proche-Orient […]. En particulier, il n’y a pas de changement concernant le soutien à l’UNRWA, partenaire stratégique de la Suisse, qui joue un rôle essentiel pour la stabilité de la région et la lutte contre la radicalisation», explique Alain Berset.

Ouf ! Après quelques heures d’incertitude où certains se sont mis à espérer,  la Suisse reste la Suisse, neutre, immuable… même dans l’erreur.

 

 

“POUR LA PREMIÈRE FOIS, LES EUROPÉENS SONT DERRIÈRE ISRAËL” (D. AYALON À I24NEWS)

I24, 30 mai, 2018

“Pour la première fois les Européens sont derrière Israël et approuvent le fait que le Hamas est une organisation terroriste”, a affirmé mercredi l’ancien vice-ministre des Affaires étrangères israélien Danny Ayalon à i24NEWS.

“Le Hamas n’a aucune pitié pour les civils et ils (les Européens, NDLR) voient que le groupe cible des enfants israéliens,” a-t-il affirmé.

“Lorsque les Etats-Unis sont derrière Israël, les Européens prennent également ce chemin, et on voit aussi que les Russes se rangent du côté d’Israël quand il s’agit de l’Iran en Syrie car c’est dans leur intérêt commun,” a constaté l’ancien ambassadeur d’Israël à l’ONU.

Selon l’ex-ambassadeur, l’Etat hébreu se trouve actuellement dans une “bonne condition vis-à-vis de Gaza mais aussi de la Syrie et de l’Iran sur la scène internationale”.

L’armée israélienne a dit mercredi avoir frappé en tout 65 positions militaires du Hamas dans la bande de Gaza en représailles au tir d’une centaine de roquettes et d’obus de mortiers contre son territoire. Certains d’entre eux ont été interceptés par les systèmes de défense aériens, mardi, jusque tard dans la nuit.

Trois soldats ont été blessés dans les tirs mardi, dont deux légèrement, a indiqué l’armée. Les autorités du Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, n’ont pas fait état de blessés.

Malgré une inquiétude croissante sur l’éventualité d’une nouvelle guerre, mercredi aucun tir de roquette n’a été enregistré et l’armée de l’air israélienne a cessé ses raids sur l’enclave, éloignant la perspective du début d’un conflit entre les deux parties.

Un haut responsable du Hamas a confirmé mercredi matin des déclarations du Djihad islamique, autre mouvement palestinien, selon lesquelles une trêve avait été conclue, apparemment par l’entremise du voisin égyptien.

Le ministre israélien chargé des Renseignements Yisrael Katz a cependant démenti mercredi à la radio publique la conclusion d’un cessez-le-feu.

“Israël ne veut pas d’une détérioration de la situation mais celui qui a commencé avec la violence doit la faire cesser. Israël fera payer le prix [au Hamas] pour tous les tirs contre Israël”, a-t-il affirmé.

 

 

 

DISPARITION DE MICHAËL BAR-ZVI: « LE SIONISME DEVRAIT ÊTRE UN MODÈLE POUR LA FRANCE D’AUJOURD’HUI »

Steve Nadjar

Actuj, 30 mai, 2018

 

Actualité Juive : Votre ouvrage se trouve  à la limite entre l’essai philosophique et l’étude historique. Racontez-nous la genèse de ce projet.

Michaël Bar-Zvi : Lorsque j’ai fait mon alyah, il y a quarante ans, je l’ai fait avec un véritable amour de la France, de la culture française. J’avais l’idée que, lorsqu’on faisait son alyah, on ne rejetait pas son héritage historique et culturel mais qu’au contraire, celui-ci venait enrichir le projet d’alyah. Mais je me rends compte aujourd’hui que les Juifs de France connaissent un malaise, qu’ils sont dans un rejet de la France et que la France les rejette aussi d’une certaine façon. Lorsque je me suis intéressé à ce qu’on appelle aujourd’hui le « déclin français », je me suis rendu compte qu’il était lié au fait que la France était en train de rejeter son héritage juif. Pourquoi ces deux nations étaient en train de vivre une forme de séparation, de rupture, peut-être même de divorce alors qu’à l’origine, il existe une alliance profonde entre ces deux nations ? Le judaïsme, Israël, sont pourtant au cœur de la culture française. Pensons à Pascal, Bossuet, Montaigne, Péguy. Sur le plan spirituel, la France avait été conçue en tant que nation sur le modèle du peuple juif et de l’élection. Dans le judaïsme, c’est lorsqu’on est véritablement fidèle à soi-même que l’on peut s’ouvrir aux autres. Or la France rejette aujourd’hui cet héritage. Je pense que ce qui peut aider la France à ne pas céder au déclinisme, c’est de regarder ce qu’est devenu Israël. Le sionisme, c’est-à-dire la renaissance d’Israël, c’est l’idée que, même lorsqu’on est au fond de l’abîme, on peut reconstruire. Le sionisme devrait être un modèle pour la France d’aujourd’hui.

A.J. : La distance opérée par les  dirigeants français envers la nation juive et Israël serait à l’origine du déclin de la France ? La thèse est surprenante…

M.B-Z. : Je le pense effectivement.  La rupture remonte selon moi à 1789. Lorsqu’on décide au moment de la Révolution française d’accorder des droits aux Juifs en tant qu’individus et citoyens mais rien en tant que nation, cela marque me semble-t-il le premier rendez-vous manqué entre l’histoire de France et l’histoire du peuple juif. Le judaïsme n’est en effet pas une affaire individuelle. C’est une appartenance à un peuple qui a une histoire et un rôle, celui de définir l’idée même de politique. La notion de peuple source, existant à partir d’une loi, est une idée juive. Quand on enlève au Juif sa nature politique en tant que nation, on commence à exiger du Juif qu’il se dénature, se décompose. Le judaïsme, c’est un lien d’appartenance à une terre, à une culture mais à partir de l’idée de révélation. Certains comme Shlomo Sand renient cette histoire en écrivant que le peuple juif n’a pas existé en tant que peuple. J’ai l’habitude de répondre en disant que je ne suis pas sûr que Shlomo Sand lui-même existe… Je rappellerai en outre que de nombreux philosophes chrétiens fondent leur philosophie politique sur le judaïsme. Je pense à Bossuet ou à Jean Bodin, l’un des grands penseurs de la politique moderne. Sans le judaïsme, il n’y aurait pas de philosophie politique moderne. L’idée même de politique se fonde sur le judaïsme, c’est-à-dire sur l’idée d’une loi extérieure à la société. Or ce que nous constatons en France aujourd’hui, c’est le rejet du politique. Nos hommes politiques sont des intermittents du spectacle, des communicants avant tout. Ils n’ont pas de vision politique. Pour avoir une vision politique, il faut comprendre ce que sont les fondements de la politique qui, de la notion de loi à celle de destin, sont issus de la Bible.

A.J.: Vous rappelez cette idée du philosophe Vladimir Jankélévitch pour qui l’antisionisme est « la permission d’être démocratiquement antisémite ». L’ancrage de cette idée dans certains esprits européens depuis la guerre des Six Jours constitue-t-il la vraie victoire des partisans de la cause palestinienne ?

M.B-Z. : Oui je crois. Ce que l’on peut appeler le narratif palestinien, qui est bien différent des faits, est devenu dominant. Beaucoup de gens pensent que les Juifs n’ont jamais habité cette terre et qu’ils ont expulsé les Palestiniens. On ignore que les Juifs sont majoritaires à Jérusalem depuis le début du XIXe siècle. La présence juive en Eretz Israël n’a jamais cessé à travers l’Histoire. La cause palestinienne a gagné parce que les Palestiniens se sont liés à plusieurs causes populaires dans la pensée dominante : les révolutionnaires, les tiers-mondistes, les tenants d’un discours anti-colonisateurs. Les Palestiniens ont su imposer un narratif faisant d’eux des victimes. De mon point de vue, les personnes les plus dangereuses ne sont pas celles désignées par la vindicte populaire. Il faut plutôt les chercher dans certaines universités, chez ceux qui rejettent le nom d’Israël. Autrement dit, Alain Badiou est pour moi plus dangereux que Dieudonné. L’alliance entre la gauche radicale et l’islamisme constitue la véritable menace. Et l’on voit ce système fonctionner lorsque le moindre remous d’une guerre de l’Etat d’Israël donne lieu à des manifestations violentes en France.

 

PORTRAITS D’ISRAÉLIENS : MON PATRON

Gabrielle P.

Jewpop, 25 mai, 2018

Avant de commencer, je voudrais rappeler que ce projet satirique n’a pas pour but la vengeance à l’encontre de l’Agence juive, ni de l’entreprise sioniste ou de l’État d’Israël. Pour ce qui est d’avoir choisi il y a 8 ans de vivre en Israël, je ne peux vraiment m’en prendre qu’à moi-même. Je choisis simplement de décrire les personnages qui meublent mon quotidien, parce qu’ils le valent bien. Et parce que vous aussi, chenapans, vous méritez d’entendre ce qu’on vit au jour le jour en Terre sainte, pendant que vous sirotez peinards vos petits cafés et/ou demi-pêches (introuvables en Israël) dans le 11eme arrondissement en nous traitant de frayerim (le mot hébreu pour victime, pigeon) – et vous avez un peu raison.

Aujourd’hui au bureau, j’ai croisé mon patron, il s’appelle Avraham et donc on l’appelle Avi. Il est petit et toujours excité par un truc, comme un chiot qui serait tout juste sorti du carton dans sa maison d’accueil. Il n’arrive pas à se concentrer plus de 5 minutes en réunion, aime bien crier très fort quand il arrive au bureau, pour que tout le monde soit au courant de sa présence, ça lui fait du bien de se sentir vivant. Un jour je lui ai demandé pourquoi il faisait autant de boucan, et il m’a expliqué très sincèrement, et je l’en remercie, que c’est un mécanisme psychologique de compensation. Il est petit, mais on le voit plus que tous les autres.

C’est un mec sympa même si il peut être assez énervant dans le genre israélien typique. Déjà, il m’avait provoquée pendant l’entretien d’embauche en me demandant si je n’étais pas un peu trop « adina » pour le job. Adina, ça veut dire délicate, et moi je lui avais répondu qu’il essaye de venir tout seul en Israël et de demander son chemin en bredouillant à peine l’hébreu à un chauffeur de bus en sueur, coincé dans les embouteillages, fulminant de colère contre la vie, assis dans un autobus sans air conditionné, et on verra qui est délicat. Si j’ai passé ce test en ne versant que quelques larmes, lui dis-je fièrement, et aie continué mon chemin en Israël vaillamment, je considère que le qualificatif d’adina ne me fait pas honneur.

Avi nous fait travailler dur en nous amadouant et en nous disant qu’on est tous les meilleurs, ce qui est structurellement  impossible mais est-il besoin de vous l’expliquer à vous, chers compatriotes. Il est d’origine grecque, il adore l’arak qui lui rappelle l’ouzo et il n’en boit jamais qu’un seul verre, ça porte malheur. Sa famille possédait plusieurs banques dans la rue principale d’Athènes et depuis qu’ils ont quitté la Grèce ils n’ont jamais retrouvé leur splendeur d’alors. Il s’évertue donc à nous rendre tous riches, c’est pour notre bien et c’est grâce à lui si un jour on dépassera le salaire minimum de 6€ de l’heure.

Sa maman a du beaucoup croire en lui, ou alors pas assez (c’est forcément l’un ou l’autre comme dirait un bon psychanalyste qui voudrait quand même pas trop se mouiller), parce qu’il est devenu un grand commercial qui arrive à inventer des histoires et à s’en persuader lui-même ce qui est toujours utile quand on essaye de persuader les autres. Une fois, quand il était enfant, il a vendu une boite vide en carton à un passant, en lui disant que ce qui comptait c’était les sentiments qu’il mettrait dans cette boite, et pas la boite en elle-même. Aujourd’hui il a repris l’idée et on vend des tas de boîtes vides qui servent à mettre des sentiments dedans, et si vous me croyez pas allez sur notre site Internet. Un business florissant.

Parfois son bagout le met dans des situations peu pratiques. Avant de travailler en tant que commercial, il était prof de maths et avait fait croire aux élèves de sa classe qu’il était danseur étoile. Au spectacle de fin d’année tous les parents d’élèves attendaient le spectacle du virtuose de la danse et il avait dû parlementer avec la foule quand il a refusé d’entrer sur scène, en se prenant quelques oranges de Jaffa de la part du public désabusé.

Malgré tout je l’aime bien Avi, c’est pas un mauvais bougre. La dernière fois, il m’a même donné un jour de congé, spécialement pour moi. C’était une fête nationale et tout le monde avait congé, mais c’est le geste qui compte.

Shabbat Shalom!

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